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Bien vivre : Tu hésites, tu meurs

– Réfléchis avant de parler!

– Mâche tes mots sept fois avant de parler!

– Sois prudent!

– Tout vient à point à qui sait attendre!

– Vaut mieux prévenir que guérir!

Depuis qu'on est tout petits, on se fait fourrer comme des dindes la veille du réveillon avec des phrases toutes faites qui nous suggèrent de ne pas agir sur un coup de tête, de réfléchir et de réfléchir encore pendant qu'on passe, sans s'en rendre compte, à côté de notre vie. Et comme des dindes mortes incapables de fuir, on s'est, au fil des années, remplis et remplis encore avec cette belle grosse farce qu'est la certitude que la prudence et l'attente vont nous être favorables.

Certes, si l'on ne prend jamais aucun risque, si l'on ne fait jamais rien qui nous sorte de notre zone de confort, on va certainement vivre un peu plus longtemps que nos camarades plus aventureux. Certes, si l'on n'aborde jamais aucune femme, on sera rejetés moins souvent. Certes, si l'on ne prend jamais la chance d'aller dans un nouveau restaurant, on court moins de risques d'avoir une indigestion. Tout ça est vrai et très intelligent… si l'on veut vivre une vie complètement inutile et misérable. À quoi cela sert-il de même être en vie si c'est pour répéter chaque jour, chaque semaine, chaque mois et chaque année la même routine, si l'on vit toute notre vie enfermés dans notre peur de l'inconnu et notre hésitation maladive? À rien. L'on mourrait demain que le reste de l'univers ne s'en rendrait même pas compte.

Mais d'où vient cette peur complètement absurde de l'inconnu? De vos parents, de la société? Certainement, mais pas seulement…

Elle vient de bien plus profond, selon moi. De nos racines les plus vieilles et les plus ancrées en nous, de notre génétique elle-même. Cette peur de l'inconnu, cette paralysie stupide qui s'empare de nous lorsque nous sommes devant une opportunité nouvelle vient non seulement de la société et de nos parents, mais également des débuts de l'espèce humaine. Je m'explique.

Reculons ensemble à l'homme des cavernes. Lors de cette époque sombre et incertaine de l'humanité, les humains, si on peut les appeler ainsi, se tenaient en groupes, en tribus. C'est normal, ils n'évoluaient pas dans des belles villes sécuritaires et ne dormaient pas dans de grosses maisons de béton et de ciment. Ils étaient dehors, entourés continuellement par des créatures dangereuses. Un simple faux pas, une petite erreur, un bruit trop fort appelaient des prédateurs de tous bords tous côtés, et une mort dans une terrible souffrance s'ensuivait souvent. Parler, ou plutôt grogner, à une autre tribu pouvait signifier la mort, littéralement. À cette époque rudimentaire, il était normal et justifié d'avoir peur de l'inconnu. Réfléchissons maintenant à la civilisation comme on la connaît aujourd'hui. Elle existe depuis combien de temps, cette belle société de matérialisme où nous sommes tous pourris gâtés et en sécurité dans notre gras de fast-food? Non, reculons encore un peu, donnons-nous une chance. Depuis quelle époque date la première civilisation humaine? La première forme de société relativement instruite sur le monde qui l'entoure et sur son existence? Quelques milliers d'années? Bien. L'être humain, lui, existe depuis combien de temps? Australopithèque date d'il y a des MILLIONS d'années. Intéressant.

Pouvons-nous réellement modifier des millions d'années de conditionnement et d'instinct en quelques milliers d'années? Je ne pense pas.

Le voilà le problème; nous sommes une espèce avec un instinct rudimentaire et animal qui évolue dans un univers complètement modernisé. Notre cerveau et nos inhibitions ne sont pas adaptés à cette utopie industrielle que nous avons bâtie autour de nous et donc, nous avons de la difficulté à fonctionner. Parce que le fait est qu'aujourd'hui, il n'y a aucune bonne raison d'avoir peur de l'inconnu. Ou du moins beaucoup moins. Oui, vous pouvez être rejeté par une femme, oui, vous pouvez sentir de la tristesse ou de la frustration, mais votre vie n'est PAS en danger! Réalisez que vous ressentez, à l'intérieur de vous, une peur complètement disproportionnée à l'événement en cours, lorsque vous hésitez. Le simple fait de comprendre que cela date de l'origine de l'homme devrait suffire à remettre les choses en perspective.

La vie est remplie d'opportunités. Il y a ceux qui les prennent et qui vivent leur vie pleinement, qui osent franchir un pas en avant et se botter le large et gras appendice qui leur sert de cul, et il y a ceux qui tremblent et suent dans leur fourrure de sanglier, trop effrayés par le mammouth pour faire quoi que ce soit d'autre que ce qu'ils ont toujours fait. Les forts et les faibles. La différence entre ceux qui réussissent, et ceux qui échouent lamentablement tout ce qu'ils entreprennent.

Hésiter, c'est mourir, c'est dire non à la vie, c'est refuser de vivre, c'est être statique, spectateur, c'est rester dans le noir à jamais, c'est dire non à notre droit d'interagir avec la vie, c'est prendre un fusil et se tirer soi-même une balle en pleine tête.

On n'a pas de troisième option : soit on agit et on risque de s'égratigner, soit on hésite et on meurt.

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