Un propriétaire allemand
La maison Trestler a été construite en 1798 par l’Allemand Jean-Joseph Trestler. Il avait été engagé comme mercenaire par les Britanniques pour combattre l’invasion américaine. Après quelques années dans l’armée, il décide de devenir marchand. En 1785, il épouse Marguerite Noël. Ensemble, ils vont avoir quatre enfants. Malheureusement, les deux aînées vont mourir peu de temps après leur naissance. M. Trestler perdra également son épouse en 1793. Celle-ci n’aura jamais la chance de voir la maison bâtie par son mari.
En 1794, il épouse Marie-Anne Josephte Curtius. Le couple aura quatre enfants, cette fois-ci tous des garçons. Finalement, la partie centrale de la maison Trestler voit le jour en 1798. D’autres ajouts seront faits plus tard, dont le magasin général en 1805. Jean-Joseph Trestler meurt finalement en 1813 d’un cancer de la lèvre. À la suite de son décès, la maison a eu quelques propriétaires, avant d’être acquise en 1984 par la Fondation de la Maison Trestler.
Une visite inspirante
Lors de notre visite, qui a duré un peu plus d’une heure, nous étions accompagnés de Louise LeBlond Vallée, la directrice générale de la maison Trestler. Elle a eu la gentillesse de nous faire visiter le magnifique bâtiment, en plus de nous en expliquer son histoire. La visite s’est déroulée en plein jour, durant les heures d’ouverture normales.
L’imposante maison est construite sur deux étages. Il y a également un sous-sol, mais celui-ci n’est pas ouvert au public, car il n’est pas adapté aux visites. Il sert entre autres d’espace de rangement. Mme LeBlond Vallée nous a assurés qu’on n’y cachait rien de surnaturel.
En fait, l’édifice n’a pas vraiment de pièces dont l’accès est défendu au public, sauf les bureaux et les espaces dédiés au personnel et au rangement.
La légende de Catherine
Puisque M. Trestler aurait aimé devenir seigneur, il voulait que ses deux filles, Catherine et Madeleine, épousent des hommes respectables. Malheureusement pour lui, elles ont refusé d’écouter leur père. Par exemple, Catherine a épousé, en 1809, Joseph Éléazar Hays, un commis de son père.
Frustré, son père a décidé de la dépouiller de l’héritage de sa mère. Courageuse et déterminée, Catherine a poursuivi en justice son père et gagna même son procès après trois ans de poursuites.
Selon la croyance populaire, la chambre de Catherine (qui était également celle de Madeleine) serait hantée par son spectre. On aurait entendu des cris ou des chuchotements, et même aperçu une étrange silhouette.
La fameuse chambre est ouverte au public et se trouve au deuxième étage du bâtiment. Quand on y pénètre, on ne ressent rien de dérangeant. En fait, je dirais même que c’est plutôt reposant. Rien ne pourrait nous laisser croire que cette pièce ni aucune autre d’ailleurs, n’est hantée. Bref, aucun phénomène étrange ou paranormal ne s’est manifesté.
Les responsables du musée sont conscients que la légende existe. Ils ne souhaitent pas le cacher, comme le prouve le panneau dans la chambre expliquant la légende. Toutefois, Mme LeBlond Vallée ne désire pas que la maison Trestler soit étiquetée comme un endroit où l’on peut voir des fantômes. Elle-même n’en a jamais vu. Elle nous a même confié avoir déjà eu des visiteurs qui sont venus visiter les lieux spécialement pour trouver des fantômes.
Il faut dire qu’il est assez difficile de comprendre pourquoi cette maison serait hantée. D’après Mme LeBlond Vallée, tout porte à croire que Catherine aurait vécu une vie heureuse. Elle a eu neuf enfants et est morte à l’âge de 73 ans. « Il n’y aurait pas de raison pour qu’elle revienne hanter les lieux », pense-t-elle. Après tout, elle a gagné son procès et a reçu une somme de 20 000 $, ce qui était impressionnant pour l’époque.
Mme LeBlond Vallée a aussi avancé quelques hypothèses visant à mieux expliquer pourquoi M. Trestler ne voulait pas que sa fille épouse un commis. En effet, Joseph Éléazar Hays n’était pas catholique, mais plutôt protestant et a donc dû être baptisé pour pouvoir épouser Catherine. De plus, ses parents étaient connus pour être des exportateurs d’esclaves.
Pas juste pour visiter
En plus de la visite guidée des lieux, la maison Trestler offre d’autres services. Par exemple, quelques pièces accueillent régulièrement des vernissages et diverses expositions. Lors de notre passage, nous avons pu admirer des tableaux très colorés et modernes qui, étonnamment, s’agençaient parfaitement avec le reste qui est plus ancien.
Mais ce n’est pas tout. L’été, la maison accueille le Festival d’été, un événement offrant la possibilité aux mélomanes d’assister à des concerts. En 2014, ce festival célébrera sa 30e édition.
Si vous avez aimé votre visite, sachez que la maison Trestler offre différents forfaits afin de louer le bâtiment pour des réunions d’affaires ou encore pour des réceptions. À mon sens, il s’agit d’un très beau bâtiment pour célébrer un mariage.
Depuis peu, la maison Trestler offre un programme éducatif adapté au milieu scolaire. Les élèves sont invités à découvrir l’histoire de la maison à l’aide de jeux, de contes et de légendes. Si vous êtes enseignant, voilà un endroit idéal pour y tenir une sortie éducative. Mme LeBlond Vallée nous assure qu’il y a encore des places de libres.
Pour plus d’informations sur la maison Trestler, visitez leur site Internet : http://www.trestler.qc.ca
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