La question peut sembler anodine, mais elle se pose, en effet. C’est en lisant une série d’articles sur la francophonie canadienne et des Amériques à l’intérieur d’un feuillet inséré dans mon journal La Tribune, dans le cadre du Forum de la francophonie canadienne, que la question s’est à nouveau imposée dans mon esprit. Pour la plupart des Québécois, la fête de la Saint-Jean-Baptiste est évidemment la fête des Québécois, ce que l’on appelle la fête nationale du Québec. Le drapeau fleurdelisé y règne en roi et, le temps d’une journée, la planète Québec est le centre de l’Univers.
Ce débordement de fierté nous fait oublier cependant que d’autres francophones hors Québec fêtent aussi la Saint-Jean-Baptiste. Il faut remonter à la première moitié du XIXe siècle pour voir naître chez les Canadiens français un sentiment nationaliste, patriotique organisé chez la population d’origine française au Bas-Canada. Ce mouvement patriotique n’est pas exclusif aux « francos », mais aussi à un groupe de réformistes anglophones à Montréal et dans le Haut-Canada.
C’est sous cette pulsion nationaliste que voit le jour, en 1834, la Société Saint-Jean-Baptiste à Montréal. Saint-Jean-Baptiste est alors désigné le saint patron des Canadiens français, bien que la reconnaissance officielle de ce fait ne viendra qu’en 1908 :
« Le 10 mai 1908, Pie X informe le clergé de la nouvelle. Il déclare : » Nous établissons, Nous constituons et Nous proclamons, saint Jean-Baptiste patron spécial auprès de Dieu des fidèles franco-canadiens, tant de ceux qui sont au Canada que ceux qui vivent sur une terre étrangère. » Plusieurs décennies plus tard, en 1977, le gouvernement du Québec reconnaîtra le 24 juin comme fête officielle des Québécois. »[i]
Ainsi, tous les Franco-Canadiens fêtent la SJB. Qu’ils soient Fransaskois, Franco-Albertains ou membre de la grande famille franco-ontarienne (mon ami Jason ne m’aurait pas pardonné de la passer sous silence!), tous fêtent la fête des Canadiens français. Le Québec, en tant que chef de file de la francophonie canadienne, devrait être un peu plus inclusif dans ses festivités de la SJB par rapport à ses petits frères francos, question de montrer son soutien aux plus petites communautés francophones hors Québec. Mais ça, c’est un tout autre débat.
Lien : http://www.francophoniedesameriques.com/fr/francophonie/les_francophones_au_canada.html
[i]François Drouin, « Pourquoi la Saint-Jean-Baptiste? », Cap-aux-Diamants, no 26, été 1991, p. 18-19.