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La naissance d’une légende
Né à La Malbaie le 4 juin 1860 dans Charlevoix, dans une famille nombreuse de 14 enfants, Alexis n’est pas ce qu’on appelle une lumière. En fait, il est plutôt simple d’esprit, mais il a toujours compensé cette lacune par le développement de ses capacités physiques. Très jeune, il développe une fixation pour les chevaux et dès l’enfance, il se prend pour un cheval. Il est lui-même convaincu qu’il est un étalon sous forme humaine! Il court en se fouettant avec des branches pour se stimuler, mange de l’avoine et n’hésite pas à hennir devant le public qui commence tôt à venir le voir compétitionner contre des chevaux (parce que les humains, c’est pas ben vite!).
Les exploits du Cheval du Nord
Parmi les exploits accordés à Alexis, outre ceux de danser pendant des heures et de jouer sans arrêt de la musique à bouche et de la bombarde, il y a celui d’avoir battu le superbe trotteur (un vrai cheval!) du seigneur de La Malbaie, M. Duggan. On raconte aussi qu'un jour, son père devait se rendre de La Malbaie à Bagotville par bateau via le fleuve et la rivière Saguenay. Ne voulant pas l’amener, Alexis aurait dit à son père qu’il arriverait avant lui à Bagotville par le chemin de terre. Il aurait ramassé un fouet à la maison et serait parti à la course vers sa destination sur une distance de 146 km! Quand son père débarqua du bateau 12 heures plus tard, Alexis l’y attendait! On raconte aussi qu’il aurait couru contre des trains et, avec l’arrivée du XXe siècle, contre des vélos et des automobiles… toujours vainqueur! Malheureusement, on ne peut baser les exploits d’Alexis le Trotteur sur des mesures très précises ni répertorier ses records comme on a pu le faire pour Louis Cyr par exemple. On a dû s’en remettre aux témoignages des gens de l’époque. Sa légende prit aussi de l’ampleur grâce aux travaux notamment de Marius Barbeau, un folkloriste renommé.
Une fin tragique
Même si Alexis n’était pas « fin-fin », il a fait son petit bout de chemin. On raconte qu’il aimait tout ce qui avait les cheveux longs et portait une jupe! Il n’avait aucun complexe et les femmes l’aimaient bien, mais pas au point de se marier avec lui. Il fit une douzaine de demandes, mais sans succès… Il était aussi un danseur et un joueur de musique à bouche infatigable. Il fit plusieurs métiers dans sa vie, étant généralement un homme à tout faire. Il était réputé également comme fabricant de four à pain en maçonnerie. Puis, l’âge commençant à faire son œuvre, on raconte que la fin de sa vie fut assez difficile, car ses performances athlétiques commençaient à diminuer. Les gens disaient qu’il n’était plus qu’un cheval moyen… C’est pourquoi on se questionne sur les causes de son décès. Alexis le Trotteur mourut en 1924, écrasé sous un train alors qu’il marchait sur la voie ferrée. On croit qu’il se serait suicidé, car il refusait de voir ses performances diminuer.
Le traitement de nos légendes…
Malheureusement, Alexis le Trotteur ne trouva pas le repos dans la mort car, comme on l’a fait pour d’autres légendes (je pense ici au Géant Beaupré) de chez nous, ses restes furent exposés pour le public. En effet, en 1966, un étudiant universitaire du nom de Jean-Claude Larouche exhume sans autorisation les restes du squelette d’Alexis pour une étude de celui-ci et ainsi faire un lien avec ses performances sportives. Il fut ensuite exposé dans divers musées de Chicoutimi. Ce n’est que le 7 novembre 2009 que le « Surcheval » peut enfin prendre son repos éternel quand ses restes sont portés en terre à Clermont près de La Malbaie. Triste, la vie de légende au Québec des fois…
Les Les restes d'Alexis le Trotteur sont portés en terre le 7 novembre 2009.
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