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Brutalité policière : entre mépris et compréhension

Un cas de brutalité policière fait les manchettes actuellement. « Un autre » diront certains, lassés de l’attitude des policiers ou méprisant toute forme de répression. Depuis la diffusion de la vidéo (que vous pouvez voir ci-dessus), démontrant en quoi les policiers se sont montrés brutaux, les témoignages fusent de toutes parts. Plusieurs accusent les forces de l’ordre d’abuser de leur pouvoir et de leur autorité en frappant et en brutalisant à qui mieux mieux n’importe quel individu qu’elles n’aiment pas. Et pourtant…

Rappelons rapidement les faits : le 7 septembre dernier, tard en soirée, un groupe de fêtards plutôt bruyants est rassemblé en plein cÅ“ur du centre-ville de Montréal. Appelés sur les lieux, les policiers sont rapidement plongés dans une joute oratoire qui dégénère au point où ils ont procédé à des arrestations et ont même dû utiliser du poivre de cayenne sur l’un des jeunes qui leur criait après. Or, l’événement soulevant les passions de plusieurs internautes (et même de certains journalistes) s’est produit peu après que le jeune homme ait été aspergé de poivre. En effet, une amie de ce dernier n’a pas voulu s’écarter, de sorte qu’un policier l’a prise par le bras et l’a propulsée sur un parcomètre. Et bang!, comme dirait Yvon Pedneault.

Lorsqu’on regarde la séquence, il est très facile de condamner le policier et je dois vous avouer que je ne suis pas nécessairement en accord avec son geste. Ayant visionné la vidéo à plusieurs reprises, je dois admettre qu’il est difficile de ne pas voir dans le geste du policier son intention de propulser la jeune femme dans le parcomètre et donc de la blesser afin qu’elle demeure au sol. On le voit bien prendre une, deux et trois enjambées puis se positionner afin de lancer la jeune femme en direction du poteau. Avec ces éléments, difficile de croire que le geste était involontaire.

D’un autre côté, je ne peux totalement blâmer le policier. Avant de condamner celui-ci, mettez-vous quelques secondes dans sa peau et, surtout, dans la situation présentée par la vidéo. Vous êtes appelé au centre-ville afin d’y effectuer une intervention et vous vous retrouvez confronté à des individus éméchés et peu coopératifs qui, de surcroît, vous invectivent violemment. Vous êtes sur l’adrénaline, vous ne savez jamais ce qui peut se passer (un coup de poing ou un coup d’arme blanche peut surgir d’un moment à un autre sans qu’on l’ait nécessairement vu venir) et les ordres que vous donnez sont accueillis par des cris et des insultes. En tant qu’être humain, même en ayant été formé pour faire face à des situations de crise, seriez-vous capable de garder votre calme et votre sang-froid à tout moment? Permettez-moi d’émettre un doute à ce sujet…

Je connais plusieurs policiers et tous m’ont dit la même chose : être l’acteur d’une intervention en situation de crise n’est vraiment pas comme être spectateur d’un tel événement. C’est très facile de juger lorsqu’on assiste à une intervention; ce l’est beaucoup moins lorsqu’on s’y retrouve directement impliqué, d’autant plus lorsque notre vie peut être menacée à tout moment. L’anxiété, l’adrénaline, l’incertitude, le mépris et le manque de coopération ne sont que quelques-uns des éléments auxquels sont confrontés les policiers chaque jour.

Morale de cette histoire : ne soyez pas trop prompt à juger et faites légèrement preuve d’empathie en cherchant à vous mettre à la place de ce policier que l’on accuse de brutalité policière. Je ne suis pas en accord avec le geste posé et oui, il y a de mauvais policiers qui abusent de leur pouvoir tout comme il y a de mauvais professionnels au sein de n’importe quelle autre profession. Cependant, je peux comprendre pourquoi cet homme a posé ce geste.

Ah, pour terminer ce billet, petit message à tous ceux qui peuvent se trouver au cÅ“ur d’une intervention policière : faites donc ce que les forces de l’ordre vous intiment de faire au lieu de leur résister. Si vous êtes d’avis qu’il y a eu brutalité policière, voire arrestation abusive, vous pourrez toujours déposer une plainte, d’autant plus si vous avez des preuves sur photo ou en vidéo. Dans le cas contraire, vous nuisez au travail des policiers et vous risquez de vous mettre en danger. Peut-être que si la jeune fille avait suivi ce conseil, elle aurait une ecchymose en moins aujourd’hui…

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