Nous sommes à Gorap Shep (5 180 m), où se trouvent deux maisons dans un décor lunaire; ce sont les deux derniers lodges avant le camp de base de L’Everest. C’est ici que l’on planifie faire le sommet du Kala Pattar (5 645 m). On ne peut pas être venus jusqu’ici sans grimper cette montagne! Les plus belles vues de l’Everest sont au sommet de ce que l’on peut appeler l’épaule du Pumori. Curieusement, les grimpeurs de l’Everest qui logent au camp de base ne voient pas l’Everest!!
Très tôt le matin (3 h 30), nous partons dans la neige pour être au sommet avant le lever du soleil. Il fait noir, il fait froid, on n’a pas mangé et très peu dormi, mais ce n’est pas le temps de casser si près du but.
Rendus au sommet de peine et de misère, car on n’a pas pris le bon chemin, on attend le lever du soleil pour prendre les premières photos des géants de la planète. Le lever du soleil donne un ciel d’orange à rouge juste derrière l’Everest. Inutile de vous dire que les paysages sont gigantesques et pharaoniques. Les géants de l’Himalaya sont tout autour. L’Everest (8 848 m), le Nuptse (7 861 m), le Lhotse (8 516 m), le Lhotse Shar (8 414 m), le Lingtren (6749 m) et les autres. Le Pumori, derrière nous, prend une couleur rose orangé. Devant un tel spectacle, prendre une seule photo serait de la folie, mais en prendre plus de cinquante, c’est aussi fou!! Je m’arrête pour profiter de la vue. J’ai maintenant une admiration sans borne pour tous ceux qui font un sommet de 8 000 m. Ils ont besoin de beaucoup plus que de la forme physique; ça prend un mental à tout épreuve.
La faim nous fait redescendre et un petit dodo au retour à Gorap Shep fera du bien. Le bruit causé par une avalanche ressemble à un passage à basse altitude d’un F-18… très impressionnant et effrayant! Demain, direction le cul-de-sac de la planète. On a la chance d’être invités au camp de base de l’Everest; c’est tout un privilège pour nous. On avait eu la chance de rencontrer Gabriel Filippi avant le départ de Québec et il nous avait invités à aller le rejoindre au camp de base. Gabriel en était à sa deuxième tentative de l’ascension de l’Everest. Un grimpeur en acclimatation au camp de base doit y passer 5 à 6 semaines, seulement pour s’acclimater et faire plusieurs allers-retours vers les camps 1, 2 et 3 afin de se préparer pour l’assaut final.
La marche se fait sur un faux plat en bordure du glacier du Khumbu. On croise quelques caravanes de yacks qui font l’approvisionnement du camp de base. Durant la saison de grimpe (avril-mai 2005), ils étaient plus de 1000 personnes (23 équipes) sur ce terrain de camping improvisé. Toutefois, ce ne sont pas tous des grimpeurs, car il y a tout le soutien technique (communication, cuisine, hôpitaux). Finalement, le ratio est de 1/5 qui feront l’assaut final.
Le manque d’air nous affecte beaucoup et ça devient encore plus concret lorsqu’on croise un gros hélicoptère russe qui n’a pas été en mesure de lever de terre pour finalement s’écraser au sol. On doit trouver Gabriel à travers toutes ces tentes et drapeaux de prière.
La rencontre est très chaleureuse. Quel chic type! Après quelques minutes, on se dit qu’on aimerait l’avoir comme ami. Je suis très impressionné devant autant d’humilité et de détermination. Je crois maintenant que la montagne rend l’homme humble et serein. On est reçus comme des rois par toute son équipe. Au menu ce soir : pizza et poulet frit… eh oui, au camp de base! Je suis gavé et très fatigué. Malheureusement, je manque la cérémonie de la Puja. Cette cérémonie est présidée par un lama devant un autel de pierres afin de demander aux dieux de la bonne fortune pour les sherpas et les grimpeurs qui tentent de grimper le sommet de la montagne. Je dois reprendre la forme, car demain, on profite des lieux et de ses beautés. À suivre…
Pour voir la vidéo : Épisode 5