Les Canadiens de Montréal ont annoncé hier qu’ils se sont entendus avec Michael McCarron sur un contrat d’entrée de trois ans, ce qui signifie qu’il a choisi de renoncer à poursuivre son stage du côté américain avec l’Université de Western Michigan.
L’entraîneur de l’équipe universitaire, Andy Murray, a d’ailleurs émis certaines critiques à l’endroit du joueur et de l’organisation montréalaise…
Il faut reconnaître que le gros ailier avait signifié à l’université, en novembre dernier, qu’il se rapporterait à leur organisation la saison prochaine :
Just signed my letter of intent… Officially part of the #WesternBroncos
— Michael McCarron (@MacAttackUSA93) November 14, 2012
N’en déplaise à Murray, McCarron devrait jouer pour les Knights de London, dans la OHL, la saison prochaine.
Il demeure qu’il s’agit du plus important transfert de joueur de la NCAA vers la CHL qui devrait intervenir dans la saison morte cette année.
Direction London
Les Knights sont les champions défendant de la Ligue de l’Ontario et seront les hôtes du tournoi de la Coupe Memorial en 2014. London a obtenu les droits de McCarron des Bulls de Belleville en juin 2012, en retour d’un choix de 5e ronde et de choix conditionnels.
Ces trois choix de second tour (2015, 2017 et 2018) supplémentaires étaient conditionnels à la présence de McCarron avec les Knights cette saison.
McCarron semblait encore décidé à se joindre à l’Université Cornell à la veille du repêchage, mais il avait indiqué qu’il allait considérer les autres options si l’équipe de la LNH qui le sélectionnait avait d’autres plans pour lui.
Le Tricolore a l’habitude de conclure rapidement des ententes avec ses sélections de premier tour, principalement lorsqu’ils sont issus des rangs juniors américains.
Une organisation qui apprend des ses erreurs
Le Canadien avait procédé sensiblement de la même manière avec son premier choix de 2009, Louis Leblanc.
Il avait passé l’année précédant son repêchage par Montréal dans la USHL avant de s’aligner avec Harvard pour un an. Par la suite, le Canadien l’avait signé avant de demander son transfert au Junior de Montréal, dans la LHJMQ.
Plus récemment, Jarred Tinordi s’est joint aux Knights de London après avoir été choisi au 22e rang par le Tricolore en 2010. Il a laissé sur la table un engagement à l’Université de Notre Dame pour passer deux ans dans la OHL avant de passer à la AHL la saison dernière.
Deux joueurs sélectionnés par Montréal au premier tour en 2007 sont demeurés dans les rangs universitaires : Ryan McDonagh et Max Pacioretty.
McDonagh a passé trois ans à l’Université du Wisconsin avant d’être échangé aux Rangers en retour de Scott Gomez. Il s’est tout de même développé pour devenir l’un des meilleurs jeunes défenseurs de la ligue.
Pacioretty a joué un an au Michigan après sa sélection, avant de signer avec Montréal, percer l’alignement des Bulldogs et faire le saut dans la LNH dès 2008-2009.
Sans se baser sur les insuccès de Leblanc pour tirer une conclusion, disons que McDonagh et Pacioretty ont mieux tourné que le Québécois…
Inversement, en 2006, les Canadiens avaient sélectionné David Fischer des rangs scolaires américains. Il a ensuite joué quatre ans au Minnesota, avant de disputer deux saisons dans la ECHL. Il n’a seulement participé qu’à deux matchs dans la Ligue américaine, avec les Aeros de Houston, puis il a passé l’année dernière dans une ligue de deuxième division allemande. Donc, dans son cas, son développement du côté américain n’a pas été concluant.
D’ailleurs, les Canadiens ont aussi jeté l’éponge dans le dossier de Danny Kristo, il y a à peine quelques jours. L’ailier avait été choisi en deuxième ronde en 2008, après quatre saisons avec l’université North Dakota et quelques frasques hors glace, il semblait plafonné et il n’a impressionné personne ce printemps lors de son passage de neuf parties avec les Bulldogs.
Sans affirmer que l’encadrement est déficient dans les organisations américaines, on peut dire que l’emphase est davantage mise sur le volet académique des athlètes.
Tous ces joueurs étaient bien sûr des projets de l’ancienne équipe de direction. Le développement de McCarron sera donc un premier test du genre pour Marc Bergevin.
Son développement entre les mains de Dale Hunter
Michael McCarron est un 25e choix risqué, il possède un potentiel aussi énorme que son gabarit, les deux ou trois prochaines années seront incroyablement importantes pour son succès à long terme.
Il doit améliorer bon nombre d’aspects de son jeu, le risque dans le cas d’un grand gaillard comme lui, est de le voir se contenter d’utiliser sa stature pour briller dans le junior, sans développer son sens du hockey.
S’il était demeuré aux États-Unis, McCarron aurait évolué sous les ordres d’Andy Murray, qui a dirigé les Kings de Los Angeles et les Blues de St-Louis, dans la LNH.
En choisissant les Knights, il devra se soumettre à Dale Hunter, l’ancien des Nordiques et des Capitals, devenu entraîneur depuis sa retraite. En douze saisons à la barre des Knights, il a mené ses jeunes à deux championnats de l’OHL.
Hunter a fait un bref passage à titre d’entraîneur en chef dans la LNH avec les Capitals en 2011-2012. Il n’avait pas mal fait, mais ses techniques étaient fortement critiquées par ses joueurs, et il a finalement offert sa démission suite à l’élimination de son club en deuxième ronde des éliminatoires, en citant des raisons familiales.
Dale Hunter a évolué pendant sept saisons avec les Nordiques de Québec, il connaît assez bien la ferveur des amateurs de hockey de la province et il pourra prodiguer des conseils inestimables au jeune McCarron!
Sans mentionner que le style de jeu que privilégie le premier choix montréalais se rapproche de celui qui a permis à Hunter d’enregistrer plus de 1000 points dans la LNH!
L’une des facettes du jeu de McCarron qui doit encore être travaillé est son jugement face à son penchant pour les punitions qui ne sont pas nécessaires. Et Hunter, avec ses 3563 minutes passées au cachot en carrière, possède plusieurs secrets à ce sujet!
Donc, en prenant la direction de London, McCarron ne devrait pas avoir le choix de se transformer en un attaquant de puissance, plutôt que simplement en un gros bonhomme incapable de s’impliquer autrement qu’avec des mises en échec percutantes.
Une compétition féroce, la meilleure école
En jouant dans la OHL, McCarron devra remettre en question la possibilité de miser uniquement sur son gabarit. Il sera l’un des plus costauds, mais il fera face à plusieurs autres athlètes de six pieds, quelques pouces et plus de 200 livres.
Il se joindra à un club rempli de talent, avec lequel il pourra pratiquer le rôle qui l’attend avec le Canadien, plutôt que d’être la vedette et le goon avec une équipe universitaire américaine.
Un des grands avantages d’évoluer dans le junior canadien sera le nombre de rencontres auxquelles McCarron prendra part. De plus, les Knights sont assurés de participer au tournoi de la Coupe Memorial en tant qu’équipe hôtesse.
Les Knights ont produit beaucoup de joueurs de talent au fil du temps : Rick Nash, Corey Perry, Patrick Kane et John Tavares notamment, en plus d’avoir développé certains des meilleurs espoirs des dernières années : Olli Maatta, Scott Harrington, Bo Horvat et Max Domi.
Il n’y a aucun doute que Michael McCarron est entre bonnes mains avec l’organisation des frères Hunter!