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Critique BD : Corto Maltese – Sous le soleil de minuit

Corto Maltese est un incontournable de la bande dessinée européenne. Créé en 1967 par Hugo Pratt, le fameux aventurier a, par la suite, évolué dans une douzaine de tomes jusqu’au début des années 90. Des années plus tard, Casterman a eu l'idée de confier la conception d’une toute nouvelle aventure à de nouveaux auteurs : les Espagnols Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero. Sous le soleil de minuit vient ainsi tout juste d’arriver sur les tablettes de nos librairies.

Dans ce treizième tome, l’aventure se situe majoritairement en Alaska, en 1915. Corto se rend dans ce territoire nordique pour transmettre une lettre à une femme signée de son ami Jack London. Pour le récompenser, Jack lui a indiqué l’endroit où se cacherait un trésor.

Durant son périple, le marin va rencontrer des autochtones, des Irlandais de Toronto, des membres de la police montée et même des personnages véritables comme Matthew Henson, l’un des premiers explorateurs à atteindre le pôle Nord. Son nom était cependant tombé dans l’oubli parce qu’il était noir.

D’ailleurs, le racisme et l’impérialisme sont des thèmes très présents dans l’album. Corto rencontre souvent des blancs qui méprisent les individus qui n’ont pas la même couleur de peau qu’eux. Étant un homme très avancé pour son époque, notre héros se fout bien du statut social ou de la nationalité de son interprète. Seul ce qui se cache au plus profond de celui-ci compte réellement pour lui.

Il faut dire que même si Corto n’a pas peur du danger, il est loin d’être un abruti aux gros bras. Ça, les lecteurs de la première heure l’avaient déjà compris. Ici, il continue de le prouver merveilleusement bien. Plusieurs de ses phrases sont empreintes d’humanisme et plutôt philosophiques. 

Sous le soleil de minuit mélange ainsi adroitement l’action et la réflexion. Il divertit autant qu’il porte à réfléchir et nous amène à voir d’un oeil nouveau certains faits historiques. En même temps, bien que se déroulant il y a un siècle, le récit demeure d’actualité. Malheureusement, encore aujourd'hui, des gens sont victimes de racisme…

Comme le disait lui-même Rubén Pellejero dans une entrevue, il ne s’est pas contenté de copier le style d’Hugo Pratt. Bien sûr, on voit les influences de l’artiste italien, mais le dessinateur a su aller plus loin. Les contrastes sont très forts. Les personnages, par exemple, se détachent souvent sur un décor très minimaliste, prenant souvent la forme d’ombres. On a parfois l’impression de regarder des comédiens se produire sur une scène contemporaine. C'est magnifique! 

Verdict 

Au final, je pense que ce nouvel opus de Corto Maltese s’adresse autant aux anciens lecteurs qu’aux nouveaux. Il rassemble tout ce qui faisait le charme de la série, du temps où elle était chapeautée par le regretté Hugo Pratt : un dessin incomparable, un personnage plus grand que nature et un scénario intelligent et fignolé.

 

Corto Maltese – Sous le soleil de minuit 

Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

82 pages 

Casterman 

 

Cote : 4,25 étoiles sur 5

 

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