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Critique BD : Modigliani – Prince de la bohème

Amedeo Modigliani est l’un des peintres les plus connus du 20e siècle. Toutefois, de son vivant, il avait beaucoup moins de succès. Laurent Seksik (scénario) et Fabrice Le Hénanff (dessin) ont décidé de nous raconter les dernières années de la vie de ce génie de la peinture dans Modigliani – Prince de la bohème, un ouvrage fascinant et d’une grande sensibilité. 

Un Paris en guerre

L’histoire prend place à Paris en 1917 et se déroule jusqu’à la mort du maitre en 1920. Pauvre, alcoolique et rongé par la tuberculose, le peintre ne comprend toujours pas pourquoi il n’a pas eu le même succès que ses contemporains comme Picasso. Il en veut au monde entier et spécialement à son « agent » Zborowski qui ne réussit pas à vendre ses toiles, ou, du moins… pas au prix qu'il l’ait souhaité. 

Heureusement, il y a Jeanne qui semble mettre un peu de joie dans sa vie. La jeune femme partage avec lui un petit appartement délabré. Malgré le fait qu’il passe toutes ces journées dans les bars et qu’il est souvent d’humeur maussade, elle l’aime toujours autant, sinon plus (et ce, même si sa mère tente de la convaincre de se séparer de lui). D’ailleurs, elle tente de faire tout son possible pour essayer de le remettre dans le droit chemin, mais Modigliani n’est pas le genre d’homme à accepter de l’aide aussi facilement… 

Pareil au film?

Si vous avez vu le film de Mick Davis « Modigliani » de 2004 avec Andy Garcia dans le rôle-titre, plusieurs scènes vous sembleront familières. Si le long métrage avait un côté parfois « romantique », l’album de Seksik et Le Hénanff est beaucoup plus sombre, mais tout aussi tragique. En revanche, il ne tombe jamais dans le mélodramatique, ce que l’on pouvait parfois reprocher à la production de Davis. 

Modigliani y est présenté sans filtre, comme un être marginal. À la fin de notre lecture, on ne le prend peut-être pas en pitié. De l’autre côté, on réalise quand même qu’il en a passablement arraché et que, parfois, il était le propre responsable de ses malheurs. Les lecteurs curieux auront probablement envie, j’en suis persuadé, de découvrir ses oeuvres. 

Je pense, cependant, que les lecteurs se rappelleront surtout de l’aspect graphique de cette bande dessinée. Le Hénanff ne tente pas forcément de reproduire le style de Modigliani, mais nous offre l’un des dessins les plus inspirés de 2014. Chaque planche ne souhaite pas vraiment montrer un lieu ou des personnages (comme c’est d’habitude le cas dans les bandes dessinées), mais plutôt un sentiment ou une humeur. Bref, ici, le travail de l’illustrateur ne s’éloigne pas trop de celui d'un peintre qui tente, par ses oeuvres, de nous communiquer une émotion ou un état d’âme. 

Verdict

Même si Modigliani – Prince de la bohème se rapproche plus de la peinture que de la bande dessinée traditionnelle, ça demeure un album indispensable, et ce, que l’on court les expositions de tableaux ou que l’on n’ait jamais été dans un musée de notre vie. 

Modigliani – Prince de la bohème

Laurent Seksik et Fabrice Le Hénanff

72 pages

Casterman

4,75 étoiles sur 5.

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