Dans le domaine de la bande dessinée québécoise, Paul dans le Nord, le dernier opus de Michel Rabagliati, était probablement l’album le plus attendu de l’automne et même de l’année! Comme des milliers de lecteurs, j'avais hâte de tenir entre mes mains le livre publié chez La Pastèque. Alors, est-ce que notre patience a été récompensée?
Nous sommes en 1976, Paul a maintenant 16 ans. Il n’a qu’un rêve : se procurer une moto. Malheureusement, son père ne veut pas lui avancer un sou. D’ailleurs, il ne s’entend plus très bien avec ce dernier, qui l’accuse d’être, comme bien des jeunes de son âge, paresseux et égoïste.
En revanche, il n’est pas fainéant. C’est juste un adolescent comme les autres qui découvrent le monde à son rythme. Cet épisode de sa vie sera par ailleurs très important. Il va déménager, changer d’école, se faire de nouveaux amis, s’acheter une moto et… se faire une blonde!
Comme le laisse présager le titre, une bonne partie du récit se déroule dans la magnifique région des Laurentides, à Saint-Sauveur et ses environs, pour être plus précis. Ses parents y construisent un chalet. C’est dans ce coin de paradis qu’il va faire la connaissance de Cardoutch, une fille de son âge dont il va tomber éperdument amoureux. Si vous êtes un fan du personnage, vous savez que Paul est un être sensible et intense et qu’il peut souvent se laisser emporter par les parfums de l’amour. On l’avait déjà appris dans Paul a un travail d’été.
Mais ici, l’amour prend une tournure différente. Paul va expérimenter ce qui semble être sa première peine amoureuse ou, en tout cas, la plus intense. Si vous avez déjà été amoureux à cet âge, vous vous identifierez rapidement à ce que ressent le pauvre adolescent. À cet âge-là, tout est tellement plus fort et puissant.
Je pense qu’encore une fois, Rabagliati a réussi à restituer, avec finesse et profondeur, la complexité des sentiments humains. C’est, à mon sens, l’une des forces de l’auteur québécois et c’est ce qui rend ses albums si populaires auprès du grand public. Qu’on soit amateur ou non de bandes dessinées, on se laisse emporter tout de suite dans le récit.
Du point de vue graphique, Rabagliati s’est surpassé. Contrairement à Paul à Québec, le dessin semble plus clair, voire plus « serein ». Il faut dire qu’on ne traite pas forcément des mêmes thématiques. Dans l’album qui a eu droit à une adaptation au grand écran, on racontait la fin d’une vie, alors que dans Paul dans le Nord, on parle d’épanouissement. En même temps, les décors de ce dernier opus ont l’air encore plus travaillés et plus inspirés. Les Jeux olympiques de 76 y occupent d’ailleurs une place plutôt importante.
Verdict
Même si nous n’avons pas tous eu des chalets dans le Nord dans notre adolescence, il est impossible de ne pas s’identifier, une fois de plus, au personnage de Michel Rabagliati. Sa sincérité, son humanisme et son savant mélange d’humour et de sérieux font de Paul dans le Nord l’un des meilleurs albums de l’année.
Paul dans le Nord
Michel Rabagliati
184 pages
La Pastèque
Cote : 4,75 étoiles sur 5.