Critique de « Aliens: Colonial Marines »: Aussi acide que le sang d’un Xénomorphe!
Auteur: Daniel CarosellaTesté sur: Xbox 360
Aussi disponible sur: PlayStation 3 et PC
Un retour à Aliens mal exploité
L’idée à la base d’Aliens : Colonial Marines est bonne. Se déroulant tout juste après les événements du film Aliens, Le Retour, Colonial Marines vous plonge dans la peau du soldat Winters alors qu’un appel de détresse en provenant du vaisseau Sulaco vous force à aller voir ce qui ne va pas. Très vite, vous vous rendrez compte que l’équipage a été décimé par de monstrueuses créatures (les Xénomorphes) et que la compagnie Weyland tente de vous abattre en envoyant des mercenaires à vos trousses.
Intéressant de se replonger dans l’univers d’Aliens de cette façon, n’est-ce pas ? Malheureusement, tout semble n’avoir été laissé qu’en surface sans qu’on approfondisse quoi que ce soit de la mythologie de cette célèbre franchise pour plaire aux fans ou encore pour initier les nouveaux venus. En outre, les personnages sont caricaturaux au maximum, d’un Winters nouvellement promu soldat qui sauvera néanmoins le jour jusqu’à un O’Neal aussi bête que le poids de la lourde arme qu’il transporte. Qui plus est, aucun moment dans le jeu n’est particulièrement mémorable ou bien développé, et ce même lorsqu’on chute en catastrophe vers la planète-mère des Xénomorphes ou encore lorsqu’on se retrouve au cÅ“ur de la base Hadley’s Hope de Aliens, Le Retour.
Or, ce qui m’a surtout déçu de l’ambiance d’Aliens : Colonial Marines est l’absence d’une quelconque forme de tension ou d’horreur. Oui, les Xénomorphes sont des monstres hideux et bavant comme pas un, mais jamais on se ressent l’horreur et la peur des personnages des films Aliens. C’est dommage parce que le jeu part sur une bonne note alors qu’on déambule dans des couloirs aussi sombres qu’étroits. Tout s’écroule lorsqu’on rencontre le premier Xénomorphe jaillissant d’un mur. Alors qu’on devrait sursauter et commencer à tirer un peu partout sous l’effet du stress, on a tout simplement l’impression de croiser la route d’une créature qui ne nous fait même pas serrer les dents. Décevant.
Un jeu de tir d’une autre époque
Difficile de croire qu’Aliens : Colonial Marines ait été en développement depuis plusieurs années lorsqu’on regarde le produit final. En plus d’un scénario n’ayant rien d’excitant, on a constamment le sentiment de jouer à un jeu de tir d’une autre époque, un peu comme Duke Nukem Forever (qui, soit dit en passant, fut terminé par Gearbox Software lui aussi). Les niveaux sont linéaires au possible et truffés d’éléments de vieux jeux de tir désuets aujourd’hui. Ramasser des pièces d’armures pour remplir sa jauge de bouclier ? Allons, on n’est plus à l’époque des vieux Doom !
Qui plus est, les niveaux manquent clairement d’inspiration et certains ne sont pas spécialement plaisants à compléter. Par exemple, au sein de la troisième mission, vous devrez parcourir des pièces sans faire de bruit sans quoi, vous attirerez l’attention de Xénomorphes explosant au moindre son. On tente ainsi de modifier l’expérience du jeu, mais le temps passé à se faufiler est d’un ennui mortel puisque nous devons toujours nous arrêter pour éviter d’attirer l’attention d’ennemis qui ne sont pas très brillants, soit dit en passant. Du reste, Aliens : Colonial Marines n’est qu’un champ de tir où on affronte des Xénomorphes et des humains employant sans cesse les mêmes tactiques. Certes, voir des monstres grimper partout et nous sauter dessus est plaisant au début, mais à la longue, le jeu devient tout simplement redondant.
Un système d’expérience intéressant
Tout cela est vraiment dommage parce que Gearbox est capable de produire de bons jeux et qu’Aliens : Colonial Marines renferme tout de même des éléments intéressants. En effet, j’ai bien aimé le système d’expérience, qui permet de récolter des grades dans le but d’acheter des modifications pour nos armes et notre apparence. En tuant des Xénomorphes, trouvant des objets (enregistrements et plaques de soldats) et en complétant des objectifs secondaires, on accumule de l’expérience et on peut ainsi peaufiner nos armes à l’aide de différentes pièces à débloquer. Il est également possible de trouver six armes légendaires ayant appartenu à des personnages de Aliens, Le Retour. Tout cela donne un incitatif pour progresser dans le jeu et le compléter, et ce même si l’ensemble demeure tout de même de faible qualité.
Un solo court, un multijoueur mal balancé
D’autre part, sachez que la campagne solo n’est pas très longue, prenant à peine 5 à 6 heures pour être terminée. Considérant que le jeu est plutôt mauvais, on pourrait affirmer que la longévité de l’aventure est une qualité, mais lorsqu’on achète le jeu à plein prix, disons qu’on dépense beaucoup pour peu.
Or, Aliens : Colonial Marines propose aussi des modes multijoueur qui, sans être révolutionnaires, sont plus amusants que la campagne solo. Par exemple, en mode Versus, vous pourrez incarner des soldats ou encore des Xénomorphes de plusieurs classes différentes. C’est bien, mais ne vous attendez pas à un multijoueur comparable à celui de Gears of War ou Black Ops II en raison, notamment, du mauvais balancement des unités. Même si ce peut paraître paradoxal, les joueurs incarnant les redoutables Xénomorphes sont désavantagés tout simplement parce que ces monstres tombent rapidement sous les balles des joueurs personnifiant des soldats. De plus, tout comme dans la campagne solo, les niveaux sont inintéressants. En somme, voyez le multijoueur d’Aliens : Colonial Marines comme étant un peu plus divertissant qu’une campagne solo très quelconque.
C’est laid !
Techniquement, le dernier-né de Gearbox et TimeGate Studios est une catastrophe. Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué à un jeu aussi hideux. Même un jeu comme Perfect Dark Zero, paru au début de la Xbox 360, est plus beau qu’Aliens : Colonial Marines ! Les textures sont affreuses et les modèles de personnages sont très carrés. Leurs animations sont génériques au possible et aucunement fluides tandis que les effets spéciaux (surtout ceux produits par les armes) semblent provenir d’une autre époque. Le jeu est également rempli de pixels, surtout lorsqu’on observe les ordinateurs parsemés à travers les niveaux ou encore lorsqu’on se rapproche d’une porte pour l’ouvrir ou la consolider à l’aide de notre chalumeau. Bref, si les jeux de tir à la première personne sont reconnus pour leur beauté, Aliens : Colonial Marines ne leur fait aucunement honneur de ce côté !
Même constat au point de vue sonore. Malgré une trame musicale de bonne facture, Aliens : Colonial Marines est affreux pour nos oreilles. Les armes produisent des sons horribles, en particulier la mitraillette dont le sifflement des balles s’apparente davantage au bruit produit par un lance-flammes. Or, puisque la majorité des personnages emploient une mitraillette, attendez-vous à constamment écouter ce bruit au fil des niveaux. Les performances vocales sont quant à elles médiocres et ne collent pas toujours avec la scène en cours. Par exemple, il arrive que Winters pousse des phrases empreintes de peur et d’anxiété alors qu’il ne se passe rien tandis qu’au contraire, d’autres personnages afficheront un calme olympien alors qu’ils devraient plutôt être très tendus dans l’attente d’une attaque de Xénomorphes. Les seuls personnages s’exprimant bien au sein du jeu sont ces fameuses créatures bavant partout, leurs cris étant fidèles à ceux entendus dans les films Aliens. Une chance !
Aliens : Colonial Marines représente sans aucun doute la première grande déception de l’année 2013. Maintes fois repoussé, le développement du jeu a été chaotique selon des employés de Gearbox et cela se reflète malheureusement dans le produit final. Hideux, linéaire et semblant dater d’une autre époque, il n’y a rien au sein d’Aliens : Colonial Marines pour justifier son achat, et ce malgré la présence de quelques éléments plus intéressants. Il y a une grande quantité de jeux de tir à la première personne d’excellente qualité sur le marché sans que vous vous encombriez de ce titre très décevant. Vous voulez des suggestions ? Tournez-vous vers Borderlands et Borderlands 2 de Gearbox, les seuls titres du studio en valant réellement la peine jusqu’à présent !
Points forts:
– Un système d’expérience donnant un incitatif pour progresser
– Des armes légendaires vues dans le film Aliens, Le Retour
Points faibles:
– Le jeu est linéaire et semble clairement sorti d’une autre époque
– Hideux d’un point de vue visuel
– Campagne solo courte et multijoueur mal balancé