Jeu exclusif à la PlayStation 3
La petite fille et l’esprit
D’une certaine façon, Beyond: Two Souls m’a rappelé Carrie de Stephen King. Ce n’est pas vraiment pour la présence d’un élément de vengeance que le jeu m’a rappelé l’œuvre de King, mais plutôt par ce qu’il est possible de réaliser au sein de l’aventure. Vous y prenez le contrôle de Jodie Holmes en effectuant différents passages dans sa vie. Vous passerez donc de son enfance au début de sa vie d’adulte tout en complétant quelques péripéties durant son adolescence. L'ordre des événements ne suit pas une ligne chronologique précise, ce qui peut être déroutant à certains moments.
Jodie est un personnage mystérieux en ce sens qu’elle a grandi dans un laboratoire. Pourquoi? Parce qu’on a découvert qu’elle est liée à une entité de l’au-delà nommée Aiden. Grâce à celui-ci, Jodie peut faire bouger des choses et même voir certains éléments dans des pièces adjacentes, Aiden n’ayant pas de forme matérielle et pouvant donc passer au travers des murs afin de rapporter ce qu’il voit à Jodie. Vous voyez donc le lien avec le titre du jeu (l'union des deux âmes) ainsi qu’avec Carrie (tout le surnaturel entourant la jeune fille).
Personnellement, j’ai beaucoup aimé l’histoire de Beyond: Two Souls. Probablement est-ce en raison de mon penchant pour le paranormal, mais j’ai trouvé le scénario du jeu plus intéressant que les autres titres du studio Quantic Dream. Si la trame narrative de Heavy Rain (le jeu précédent du développeur) était plus chargée au plan émotif, l’histoire de Beyond: Two Souls est plus intrigante. Des questions telles que qui est Aiden, pourquoi est-il lié à Jodie et qu’est-ce qui se cache dans l’au-delà ne sont que quelques-unes des interrogations nous poussant à vouloir connaître le fin fond de l’histoire.
Un jeu ou un film interactif?
Le développement de Beyond: Two Souls a eu toutes les apparences d’une conception de film. Pour rappel, le jeu a coûté pas moins de 20 millions d’euros, se base sur un scénario de plus de 2 000 pages et a nécessité un mois de tournage. Dès lors, on peut se demander s’il s’agit vraiment d’un jeu ou plutôt d’un film interactif, d’autant plus lorsqu’on connaît les jeux antérieurs de Quantic Dream.
En ce qui concerne le style de jeu, c’est vrai que Beyond: Two Souls ressemble à un film interactif. Les mouvements des personnages sont limités et on n’interagit avec le jeu que lorsqu’il y a un point lumineux apparaissant sur la surface d’un objet. À ce moment, il faut bouger le bâton analogique droit vers le point pour entrer en interaction avec l’objet. Cependant, les interactions ne sont pas toujours utiles. Par exemple, s’asseoir sur une chaise ou encore faire grimper Jodie sur son lit pour qu’elle serre son toutou, ce ne sont pas des séquences qui apportent quoi que ce soit au jeu.
Parfois, il vous arrivera aussi de devoir appuyer sur des boutons ou de manipuler différemment les bâtons analogiques. Par exemple, il se pourrait que vous deviez enfoncer pendant un certain temps des boutons ou encore que vous ayez à appuyer sur certains d’entre eux dans un ordre particulier afin d’effectuer certaines actions. Encore là, tout demeure limité, bien que ceux ayant joué aux autres titres de Quantic Dream sauront à quoi s’attendre au chapitre de la jouabilité.
Quantic Dream a quand même voulu intégrer plus d'action que dans ses autres jeux, mais ce n'est pas la spécialité du studio et ça paraît. Généralement, vous devrez bouger le bâton analogique droit dans la direction vers laquelle bougera Jodie lors de phases d'action, le temps ralentissant lors de ces moments. Vous pourrez même, dans certaines séquences, vous cacher et vous infiltrer.
Ne vous attendez pas à un Metal Gear Solid ou un Splinter Cell à ce chapitre. C'est très basique et plus ou moins intéressant, notamment parce qu'on voit la différence d'un point de vue qualité par rapport aux autres séquences du jeu. La caméra pose aussi beaucoup de problèmes, se positionnant très mal par rapport à l'action. L'effort est louable de la part de Quantic Dream, mais pas très concluant en bout de ligne.
En somme, si vous êtes à la recherche d’un jeu d’action, vous ne trouverez aucunement votre compte dans Beyond : Two Souls. C’est un jeu au déroulement lent et qui ne propose que des actions limitées. Qui plus est, les environnements sont restreints et notre champ d’action est confiné par la présence de plusieurs murs invisibles ou encore par les événements très scénarisés du jeu. Si vous aimez ce style (et que vous avez apprécié les autres titres de Quantic Dream), vous aimerez Beyond: Two Souls. Mais, si vous vous attendez à un jeu rempli d’action, vous baillerez beaucoup plus vite que vous le voudrez!
J’aurais aimé être un meilleur fantôme!
Un des aspects originaux de Beyond: Two Souls est la possibilité d’incarner l’esprit d’Aiden. Bien que vous ne le pourrez pas toujours, généralement, il vous suffira d’appuyer sur le triangle pour sortir du corps de Jodie et personnifier Aiden. Durant ces moments, vous pourrez traverser des murs, faire bouger des objets (encore une fois définis par des points lumineux) et même posséder des êtres humains!
C’est cette dimension du jeu que j’ai trouvé la plus intéressante et jouissive. Observer les conséquences de nos actions en tant qu’Aiden alors que les autres personnages ne peuvent nous voir est exaltant. L’une des premières séquences du jeu vous procure d’ailleurs des frissons alors que vous donnerez la frousse de sa vie à une dame se prêtant à une expérience et que vous casserez tout dans la pièce où elle se trouvera.
La scène du party des adolescents, où Jodie se fait humilier, est également un moment fort de l’aventure alors que l’on peut choisir d’apeurer ou non ceux ayant maltraité Jodie grâce à Aiden et même décider de l’ampleur de la frousse à donner selon les objets avec lesquels on interagira. D’ailleurs, ce type de choix, vous le retrouverez à divers moments durant le jeu, le tout culminant en l’une des 23 fins possibles de toute l’expérience. Disons que pour voir toutes les conclusions du jeu, il vous faudra recommencer celui-ci très souvent, peut-être même trop. Après tout, qui redémarrera une aventure 23 fois pour en voir toutes ses finalités?
Malheureusement, autant ai-je aimé l’incarnation d’Aiden au sein du jeu, autant ai-je trouvé le tout trop limité. Oui, c’est plaisant de manipuler des objets et de voir les réactions des personnages et oui, j’ai aimé pouvoir me promener partout sans être contraint par les limites matérielles des humains, mais tout est scénarisé et limité. On sent qu’on aurait pu pousser le concept plus loin en nous permettant d’interagir avec n’importe quoi ou en possédant quiconque croise notre route, mais ce n’est pas le cas. Un peu comme pour la jouabilité générale, cette très bonne idée est un peu trop limitée.
De belles performances d’acteurs
Comme je l’ai indiqué plus haut, le développement du jeu a nécessité un mois de tournage, de sorte que plusieurs acteurs ont dû endurer la présence d’une panoplie de capteurs de mouvements sur leur peau afin de donner vie à leur personnage respectif. En tête de liste se trouvent Ellen Page et Willem Dafoe, deux acteurs respectés du gratin hollywoodien qui livrent de solides performances dans le jeu. Si l’ambiance visuelle a quelques défauts, Page et Dafoe ont donné vie aux personnages comme ils l’auraient fait pour un film. On se retrouve donc avec des personnages troublés auxquels on s’attache et croit. Cela ne fait que rajouter à l’impression que Beyond: Two Souls est un jeu ayant certes des similitudes avec un film, mais qui demeure au final une belle expérience interactive.
Verdict
Que penser de Beyond: Two Souls? Pas facile comme question et c’est encore moins aisé de se faire une tête au sujet du jeu. Les critiques sont très divisées à son sujet et je peux comprendre pourquoi. C’est un titre lent et qui prend du temps pour devenir réellement intéressant. De plus, tout est très limité, que ce soient les interactions ou la liberté d’action. En revanche, ceux n’aimant pas toujours une grande dose de violence et affectionnant les sujets paranormaux aimeront sans doute cette nouveauté de Quantic Dream. C’est un jeu qui aurait pu être plus poussé, mais qui n’en demeure pas moins une expérience interactive plaisante pour ceux qui l’adopteront.
Ce que vous aimerez :
– L’histoire et ses mystères paranormaux
– Les solides performances des acteurs
– Faire peur aux gens en incarnant Aiden!
Ce que vous n’aimerez pas :
– Les nombreuses limites du jeu
– Le manque d’approfondissement de la jouabilité
– La ****** de caméra
Note : 8 sur 10