Les artistes n’ont pas toujours la reconnaissance qu’ils mériteraient. On oublie parfois qu’une vie sans art serait impensable. Même si nous ne gagnons pas tous notre vie en faisant des toiles, en écrivant des chansons ou encore en dansant, nous avons tous, au fond de nous, ce désir de créer. Après tout, c’est ce qui nous distingue des bêtes. La guerre des arts, le quatrième album pour les Éditions Pow Pow de Francis Desharnais, s’intéresse avec beaucoup d’originalité à la question de l’importance de l’art dans notre société moderne.
Il y a des extraterrestres à Mascouche!
Une étrange civilisation débarque sur la Terre pour enlever tous ses artistes. Personne n’est à l’abri, même pas ceux de Mascouche! Les artistes enlevés apprennent que cette race extraterrestre est en guerre avec une autre race. La seule chose que ces civilisations semblent avoir en commun est leur nom tiré de Hello Goodbye des Beatles.
Pour remporter cette guerre, les Isayhellos espèrent pouvoir utiliser le pouvoir artistique des artistes terriens. Un poème de Verlaine peut, en effet, être assez puissant pour détruire un vaisseau ennemi!
Il faut dire que cette civilisation se meurt intellectuellement. Elle n’est plus capable de créer. En plus de les aider à détruire les viles Yousaygoodbyes, elle espère que les artistes humains vont pouvoir les aider à retrouver la force créatrice.
La place de l’art dans nos vies
Vous l’aurez compris, La guerre des arts est une oeuvre satirique. Malgré cela, elle arrive avec force à nous faire réaliser que sans art, il ne pourrait tout simplement pas y avoir de société humaine. Ce qui est admirable de la part de Francis Desharnais, c’est qu’il ne s’intéresse pas seulement à l’art underground, mais à toutes les catégories ou presque.
L’exemple le plus frappant est ce père de famille, adepte de LCN et de La Poule aux oeufs d’or, qui semble n’en avoir rien à cirer de l’art contemporain. L’enlèvement des artistes lui fait prendre conscience qu’il n’y a plus de nouvelles chansons à la radio. Mais par-dessus tout, son projet de rénovation de cuisine tombe à l’eau étant donné qu’il n’y a plus de designers, donc plus d’îlots de cuisine. Il semble être condamné à rester avec de la mélamine le reste de sa pauvre vie. L'art le touche peut-être un peu plus qu'il le croyait…
Le dessin, de son côté, est assez (je dois l'avouer) minimaliste et très répétitif. Chaque planche est composée de seize cases disposées en quatre rangées de la même grosseur. Dans une section entière, on peut avoir la même case qui se répète. Tout ce qui change, sur certaines, c’est l’apparition de bulles.
D’ailleurs, il n’y a pas de personnages dessinés. Les protagonistes, lorsqu’ils s’expriment, le font à l’intérieur d’immeubles ou de vaisseaux spatiaux. On ne les voit jamais. Ce procédé ne fera pas l’unanimité, bien sûr. Mais je pense, justement, qu’il laisse une plus grande place à l’imagination du lecteur qui doit, un peu comme il le fait quand il lit un roman, s’imaginer l’apparence des personnages ainsi que les décors dans lesquels ils évoluent.
Verdict
Même s’il emprunte la voix de l’humour et semble parfois peu subtil, La guerre des arts arrive sans problème à convaincre même le plus anti-artiste de la planète que sans art, une société est appelée à disparaître. Peut-être que cet ouvrage devrait reposer sur la table de chevet de certains politiciens…
La guerre des arts
Éditions Pow Pow
Cote : 3,5 étoiles sur 5