Critique de « Starcraft II: Heart of the Swarm » : entomophobie assurée!
Auteur: Stéphane BeauchesneLe scénario nous fait découvrir une race beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. À mes yeux, et ce depuis le tout premier épisode, les Zergs n’étaient que des insectes sans intelligence ni complexité, qui ne cherchaient qu’à parasiter les diverses planètes de l’Univers. Heart of the Swarm lève enfin le voile sur les origines et les motivations de cette race. L’histoire nous fait parcourir plusieurs planètes, dont la majorité a joué ou joue encore un rôle clé sur le développement de cette race. Si le scénario est prenant, il parvient aussi à rendre l’univers de Starcraft encore plus riche et intéressant.
La thématique principale qu’utilise Heart of the Swarm est l’évolutivité et ce concept est même appliqué au plan de la jouabilité. L’élément le plus intéressant du jeu est qu’il est possible de faire muter et évoluer les unités de base. Dans un premier temps, les mutations permettent d’améliorer certaines caractéristiques, telles que l’armure ou les dommages causés par vos unités. Trois choix sont disponibles par classe et il est à noter qu’il est possible de les changer à volonté.
L’autre option disponible est de faire évoluer vos unités. Des missions dites « d’évolution » se débloquent tout au long de l’histoire. Dans les faits, elles servent à tester les deux types d’évolutions possibles avant de faire un choix définitif. Définitif, car une fois sélectionnée, l’évolution devient irréversible. Choix on ne peut plus difficile, car la plupart des modifications sont intéressantes. De plus, chacune des possibilités apporte son lot d’améliorations et aucune n’est supérieure à l’autre, ce qui rend les choix encore plus complexes et ardus.
Si l’idée est excellente, il faut souligner qu’elle n’est pas qu’esthétique ou accessoire. Ces diverses mutations et évolutions réussissent à changer la jouabilité. Sur le terrain, ces altérations permettent d’utiliser de nouvelles tactiques et de changer grandement les stratégies d’attaque et de défense lors des escarmouches. De plus, en modifiant ainsi les unités basiques des Zergs, Blizzard a réussi à conserver « l’âme » de ses unités, tout en donnant aux joueurs une nouvelle expérience en termes de contrôle.
Si les troupes de Keriggan deviennent plus puissantes en évoluant, cette dernière n’est pas en reste. En effet, elle prend maintenant des niveaux qui lui permettent alors d’augmenter ses caractéristiques de base, comme ses points de vie, sa force d’attaque, mais aussi, débloquer des compétences selon l’échelon atteint. Arrivé à certains paliers, il faut choisir parmi les trois possibilités offertes. Encore une fois, le choix est difficile tellement les compétences sont bien équilibrées. Heureusement, il est possible de changer à tout moment entre les missions. Sans offrir une profondeur digne d’un jeu de rôle, Heart of the Swarm permet tout de même de faire évoluer le héros principal et offre une courbe de progression intéressante, ce qui est un fait rarissime pour un jeu de stratégie.
Le multijoueur demeure le gros morceau de n’importe quel jeu de stratégie en temps réel. Heart of the Swarm ne déçoit aucunement de ce côté et devient le meilleur « RTS » disponible sur le marché. L’interface des menus a été revue et simplifiée. Bien qu’il reste encore du travail d’ergonomie à effectuer, elle s’est grandement améliorée et la navigation n’est plus aussi chaotique qu’à ses débuts. Le balancement des races est presque parfait et une fois maîtrisée, aucune race n’offre un avantage réel sur l’autre. De plus, l’expérience acquise n’est plus globale et se divise selon la race jouée. Vous pouvez être niveau 27 en tant que Protoss et 2 comme Zergs, avec le résultat que les matchmaking sont beaucoup plus efficaces et tiennent compte de votre niveau réel avec la race choisie.
Starcraft II: Heart of the Swarm n’est pas exempt de défauts. L’un des problèmes majeurs est qu’il est beaucoup trop facile à compléter. Je n’ai pas encore essayé le niveau difficile, mais en normal, c’est une ballad in the park, comme diraient nos amis anglophones. L’autre problème est que la progression est beaucoup trop linéaire. Elle encadre le joueur et l’oblige à suivre un chemin déjà tout tracé. Impossible de faire une erreur ou de se tromper de route. La seule liberté réelle laissée au joueur est qu’il peut choisir la planète sur laquelle il veut aller et encore là , le choix demeure limité. Certes, Starcraft nous a habitués à ce genre de rigidité et il fallait s’y attendre, mais il aurait été plaisant de faire une exception et de pousser un peu plus loin les possibilités d’exploration.
Pour compenser cette rigidité, les missions sont variées et la jouabilité propose autre chose que de bâtir une base, la fortifier, monter son armée pour finalement désintégrer l’ennemi. Starcraft 2: Heart of the Swarm réussit même, en quelques occasions, à nous donner l’impression de jouer à un « Diablo-Like ». Bref, Blizzard a réussi, encore une fois, à monter la barre et Heart of the Swarm est maintenant, sans aucun doute, la référence de sa catégorie.
Plus :
– Scénario passionnant
– Le multijoueur
– Bon équilibre entre les races
– Amélioration de l’interface de navigation de Battlenet
Moins :
– Linéaire
– Campagne trop facile
– Mise en scène et acting souvent quétaines