Testé sur : PS3
The Last of Us est paru en magasins à la mi-juin, et honnêtement, il m’a fallu plus d’un mois avant de trouver les mots afin d’en concevoir une critique. Non pas parce que le jeu est incroyablement long ou encore pénible, mais bien parce qu’on en ressort changé, ébranlé jusqu’au plus profond de notre for intérieur. C’est une expérience sauvage et crue, mais à la fois unique et magnifique. Me voici donc prêt, après toutes ces semaines, à vous décrire cette inoubliable expérience.
Voilà vingt ans, le monde s’est retrouvé ravagé par une véritable épidémie, celle du cordyceps, infectant la plupart des humains et les transformant en de véritables monstres mangeurs d’hommes. Fuyant cette terrible infection, le reste de l’humanité est forcé de vivre en réclusion, formant de petites communautés afin de survivre. Petite parenthèse, je tiens à mentionner que le cordyceps est une réelle infection, qui possède effectivement son hôte et l’enduit de champignons. Cependant, n’ayez crainte; le champignon du cordyceps s’attaque uniquement aux insectes et aux araignées.
Donc, Joel, un homme fatigué, fin quarantaine et ravagé par les atrocités du monde, vit dans l’une de ces communautés en compagnie de Tess, une amie et partenaire de contrebande. Un beau matin, cette dernière vient proposer à notre protagoniste de l’accompagner afin de mettre la main sur le type qui les aurait bernés. Non seulement poussés par la vengeance, mais aussi par la promesse de récupérer un stock d’armes que ce dernier leur aurait volé au préalable, Joel et Tess se lancent donc à sa poursuite.
Évidemment, les choses se corsent bien vite, et notre protagoniste se voit contraint de sortir une certaine marchandise en dehors de la ville, afin de la mener jusqu’aux mains d’un groupe qui serait en possession de leur stock d’armes. À la grande surprise de Joel, cette marchandise s’avère être une adolescente de 14 ans dénommée Ellie, qui serait un élément clé pour la survie de l’humanité. Forcé par la chaîne d’événements, Joel traversera les États-Unis, contre son gré, afin de mener la jeune fille en lieu sûr.
S’en suivront beaucoup de rebondissements et de moments qui vous surprendront, vous prenant souvent aux tripes et démantelant même votre façon de voir les choses. L’aventure de Joel et Ellie, aussi difficile et émotionnelle soit-elle, vous deviendra rapidement personnelle tellement les personnages sont explorés et amenés avec brio. Même à travers les ténèbres, vous serez impressionné de constater la lumière que l’on peut y trouver.
Ellie fera souvent office de lumière dans le noir, non pas parce qu’elle éclairera littéralement votre route, mais bien parce qu’elle égayera votre voyage avec la multitude de discussions que le joueur pourra déclencher avec elle. Ces discussions, toutes fort intéressantes mais facultatives, porteront souvent sur n’importe quoi, vous permettant de connecter davantage avec l’adolescente qui partagera la vie de Joel pendant plus d’une année. D’ailleurs, voir Ellie sortir son livre de blagues après une séquence particulièrement sanguinaire afin de détendre l’atmosphère restera toujours aussi marquant et apaisant.
Vous passerez donc par une panoplie d’environnements riches en détails et grandement diversifiés : des ghettos, des égouts, des villages abandonnés, des villes en décombres. Même à travers le chaos et l’horreur qui vous attendent, vous pourrez observer la magnifique et sereine nature ayant repris son droit sur la civilisation humaine. C’est ainsi que commence l’un des meilleurs jeux auxquels j’ai eu la chance de jouer depuis une décennie. Afin d’éviter de gâcher toutes formes de surprises durant le jeu, je n’ajouterai plus rien en ce qui a trait à la scénarisation.
Un système de jeu varié, maîtrisé et crédible
Puisque Joel et Ellie vivent dans un monde ravagé, ils devront survivre en utilisant tout ce qui leur tombe sous la main et, bien sûr, en économisant judicieusement toutes formes de munitions trouvées pour les armes à feu. En traversant les environnements du jeu, il vous sera fortement conseillé de fouiller tous les moindres recoins des niveaux, afin de dénicher le plus de matériel possible pour construire et améliorer votre arsenal artisanal. En effet, lorsque vous construirez certains objets à même votre sac à dos, comme un cocktail Molotov ou encore une bombe de sucre qui pourra aveugler vos ennemis, le tout se déroulera en temps réel. Vous devrez donc souvent construire ces objets à l’improviste, même au beau milieu d’un combat.
Contrôlant Joel, vous devrez jouer le rôle de protecteur envers l’adolescente, bien qu’elle soit entièrement indépendante et qu’elle ne vous mette jamais en situation problématique. Étant un homme habile et renforcé par la rudesse du monde dans lequel il vit, Joel s’avère être un combattant capable au corps à corps, bien que ses prouesses initiales avec des armes à feu soient bien moindres. En effet, même si vous avez accès à une dizaine d’armes à feu tout au long du jeu, celles-ci demeureront imprécises et vous forceront plutôt à charger vers vos ennemis en maniant un tuyau de métal rafistolé.
Puisque les objets et matériaux nécessaires à votre survie se font rares, il est crucial pour Joel et Ellie de faire preuve de furtivité, non pas seulement contre les hordes d’infectés, mais aussi contre les autres humains, qui voudront vous égorger afin de piller vos biens et d’assurer leur propre survie. Vous devrez donc rester accroupi, effleurant les murs et les tables renversées dans l’espoir de prendre vos cibles à revers. Cela sera d’ailleurs rendu possible grâce à l’ouïe surdéveloppée du personnage, aiguisée avec l’expérience, et qui pourra vous indiquer où se trouvent les ennemis, et ce, même à travers les murs. Bien sûr, vous devrez rester quasiment immobile et accroupi afin de vous concentrer sur les sons.
Une fois votre adversaire pris à revers, vous pourrez le traîner seulement sur quelques mètres, préférablement derrière un muret, avant qu’il finisse par se libérer de vos mains. Il vous faudra donc réagir vite et l’endormir, tandis qu’il tentera de se débattre et de vous agripper le visage en vain, jusqu’à ce que ses forces quittent son corps. Bien évidemment, les combats sont souvent imprévisibles et vous serez tôt ou tard découvert, entraîné dans une lutte brutale, usant de briques pour étourdir l’ennemi avant de l’achever d’un solide coup de tuyau au visage. La violence est si crédible et brutale qu’elle m’a rappelé l’infâme jeu de Rockstar, Manhunt.
Un pillard vous ayant agrippé de dos et vous coinçant les bras afin qu’un autre vous attaque à coups de bâton de bois, vous vous libérez comme un enragé, sous les cris d’Ellie qui vous interpellent à l’aide, pour matraquer enfin vos assaillants et retourner la situation seulement pour tirer à bout portant l’un de vos ennemis, agenouillé et vous suppliant de l’épargner. Il vous arrivera même, après un lourd combat, de ressentir une certaine répulsion face au résultat de votre instinct de survie.
Les infectés s’avèrent tout aussi fatals pour vous que les brigands, puisqu’ils se ruent vers vous en hordes, tentant de vous mordre la jugulaire au moindre faux pas. Bien plus prévisibles, ils sont aussi plus aisément bernés lorsqu’on leur balance des objets afin de causer des diversions. Venant en plusieurs variétés, ces infectés donnent du fil à retordre, surtout parce que la plupart de leurs attaques sont fatales au premier coup, à moins, bien sûr, que vous ayez confectionné un couteau artisanal que vous pourrez utiliser pour vous défendre en leur perçant la gorge au tout dernier moment.
Un multijoueur très surprenant
N’étant moi-même pas un grand amateur de jeux en ligne, j’ai failli manquer l’aspect multijoueur du jeu. Afin de pouvoir donner un point de vue plus profond sur cette critique, j’ai décidé de l’essayer, prévoyant y passer une fraction de ma soirée. Finalement, j’ai découvert un mode riche, qui parvient très bien à mimer l’intensité des combats contre les brigands et pillards du mode solo. Chaque joueur fait donc office de chef de sa propre communauté et, une fois regroupés avec d’autres chefs, ceux-ci se lanceront à l’attaque de matériel afin d’alimenter leur propre communauté. Vous devrez donc affronter l’équipe adverse, aussi composée de joueurs faisant office de chefs ennemis, et vous aurez à récupérer le plus de matériel possible avant la fin de la partie.
Évidemment, les autres joueurs vous donneront bien vite du fil à retordre. Comme le jeu est relativement lent, même les joueurs les moins expérimentés ne seront pas pris au dépourvu, puisque le jeu ne met pas seulement l’accent sur les armes à feu. D’ailleurs, celles-ci s’avèrent assez imprécises, tout comme en solo, et servent souvent à affaiblir l’ennemi avant que vous chargiez vers lui, votre bâton entre les mains. Une fois l’ennemi affaibli, il tombera au sol, là où vous devrez lui porter un coup de grâce violent.
En général, je n’ai jamais aimé les modes multijoueurs accompagnant les jeux d’action et ayant clairement pour but d’offrir une expérience solo, par exemple le dernier Tomb Raider. Cependant, je suis ravi de constater que le titre de Naughty Dog peut exceller dans son solo comme dans son multi. Bien que le style de jeu plus lent, furtif et méthodique de The Last of Us ne plaira pas à tous, je vous conseille fortement de l’essayer.
Vous l’aurez compris, on ne sort pas indemne du dernier titre de Naughty Dog. Ici, on fait ressortir notre instinct de survie et de protecteur afin de mener Ellie à destination, et ce, coûte que coûte. Bien des horreurs vous attendront, et c’est pourquoi je suggère aux gens de jouer à ce jeu sur des sessions espacées, afin de se donner le temps de digérer ce qu’on nous présente, surtout que l’aventure se déroule sur une quinzaine d’heures bien garnies en action et en aventure. Et puis, lorsqu’on se fait offrir un titre d’un tel calibre, on ne peut que vouloir le déguster. Incroyablement beau, à la fois émouvant et amusant, The Last of Us est un véritable classique moderne. Je pourrais parler de ce jeu encore longtemps, mais il s’agit de l’un de ces titres qu’il faut réellement expérimenter par soi-même.
Points forts :
– Visuels à couper le souffle
– Bonne durée de vie
– Bon multijoueur
– Excellent scénario
– Système de jeu engageant
Points faibles :
– Souffrant très (trop) souvent de saccades
Note : 10 sur 10