Connaissez-vous Annoyed Gamer? Ce dernier se nomme en réalité Marcus Beer. Professionnel œuvrant dans l’industrie du jeu vidéo depuis une vingtaine d’années, Beer a monté son propre show Web intitulé Annoyed Gamer, dans lequel il dénonce des absurdités de l’industrie du jeu vidéo. Sa dernière capsule m’a particulièrement interpellé puisqu’elle pointe en partie une caste de l’industrie dont je fais partie : celle des journalistes.
Beer dénonce, avec raison, les journalistes qui n’évaluent pas correctement les jeux qu’ils reçoivent. Il y a bien des critiques de jeux qui sont mauvaises par manque de connaissances ou tout simplement parce qu’ils sont pourris, mais ce n’est pas cela que soulève Beer. En fait, celui-ci pointe plutôt les organisations et les journalistes malhonnêtes qui copient une critique d’une plateforme pour fabriquer une critique du même du jeu sur une autre plateforme. Par exemple, pour remplir sa section PlayStation 3, un site pourrait prendre la critique d’un journaliste ayant fait l’évaluation du jeu Borderlands 2 sur Xbox 360 et tout simplement la copier dans la section PlayStation 3. Le jeu n’a jamais été testé sur cette dernière console, mais ça, on s’en fout, tout simplement.
Le meilleur exemple, également soulevé par Beer dans sa chronique, est sans conteste celui du jeu Skyrim. Ce dernier était stable sur Xbox 360 et PC, mais rempli de bogues sur PlayStation 3. Or, plusieurs médias ont soi-disant évalué le jeu sur la console de Sony sans mentionner l’instabilité de cette version et les nombreux bogues qui y étaient présents. Naturellement, en comparant les sections des différents sites, on se rend compte que le jeu n’a pas été testé sur plusieurs plateformes, mais bien sur une seule. C’est ce que Beer dénonce, ce que j’approuve à 100 %.
Malheureusement, ce genre de pratique est beaucoup plus courant que rare dans l’univers médiatique. Faites une simple recherche et comparez les sections de certains médias spécialisés en jeux vidéo; vous vous rendrez rapidement compte que bien des organisations « professionnelles » remplissent leurs sections en prenant un texte d’un journaliste qu’elles recopient. Après tout, c’est avantageux : on n’a besoin que de réaliser une évaluation et donc de faire travailler un seul journaliste pour remplir ses sections et générer par la bande davantage de trafic.
Personnellement, couvrant les activités de l’industrie du jeu vidéo depuis plus d’une décennie, tout cela me pue royalement au nez. Pourquoi? Parce que ça mine le travail que nous, journalistes intègres et consciencieux, effectuons jour après jour pour conserver la crédibilité que nous avons acquise au prix d’un nombre incalculable d’heures investies pour la bâtir. Quand je vois des médias se bombant le torse et se targuant d’être professionnels copier des textes à travers leurs sections, disons que le pied du primate sommeillant en moi a beaucoup de difficulté à ne pas vouloir aller rejoindre l’arrière-train de ceux brimant le travail que j’effectue avec passion depuis des années!
Source de l’image : toptenz.net