Chaque fois que le groupe sort du nouveau matériel, il y a un degré d’excitation, de mystère qui plane, et ce, même si chaque album depuis Ultra (1997) a causé plus de déception qu’autre chose. C’est un peu l’avantage d’avoir été aussi fort et aussi marquant durant une longue période, car disons-le, les grosses années du groupe ont été de 1983 à 1993, avec un sommet en 1990 lors de la parution de Violator.
Depuis, pour chaque parution, les attentes ont été tellement élevées et les disques tellement inégaux! On a eu droit à un hit à peu près par disque, mais surtout, il y a la joie de réentendre parler de la formation, de la revoir sur scène, même si les nouveaux albums sont allés s’installer bien gentiment dans nos étagères à CD, pour ne plus en sortir très très souvent.
Dave Gahan est un personnage fort intéressant. Il a son propre univers, qu’il nous fait découvrir avec Martin Gore et Andy Fletcher, disque après disque. Ils font partie des quelques survivants du début de la décénnie 80 qui peuvent toujours remplir des arénas et vendre quelques albums. Sans être totalement au goût du jour, ni être dépassés, ils ont un fanbase suffisamment solide pour leur permettre de durer et de résister aux différents courants musicaux; c’est tout un accomplissement dans l’industrie du disque, surtout d’aujourd’hui…
On y arrive. Le disque n’est pas mauvais, mais n’est pas non plus excellent. Par contre, c’est effectivement leur meilleur depuis 1993. Il y a d’excellents moments, comme Slow, Broken et Soft Touch/Raw Nerve, mais les bons moments sont entourés d’un grand calme, d’une lourdeur.
Si le disque se veut planant (peut-être trop), il y aurait eu moyen d’aller chercher un peu d’éclat, un peu plus de vie. J’adore le premier simple, la chanson Heaven (que je vous propose de découvrir avec la vidéo ci-dessus) dont la production est irréprochable : un morceau idéal pour Depeche Mode, et la voix de Gahan y est sublime. Par contre, sur plusieurs titres, sa voix semble un peu éraillée, écorchée, et le feeling n’est pas le même.
Pourquoi, en ouverture de texte, je parlais de dramatisation? Tout prend une tournure dramatique sur ce disque. La couleur qui décrit le mieux l’atmosphère est le… gris, sans trop de nuances.
C’est difficile d’être catégorique à propos de ce disque. Dans un premier temps, c’est leur meilleure Å“uvre depuis longtemps. Certains morceaux peuvent carrément nous hanter, mais en même temps, il y a cette déception qui plane, le manque d’un petit quelque chose de plus qui nous aurait vraiment enchanté, vraiment redonné la piqûre. C’est certain que le disque s’adresse aux fans, qui le percevront probablement comme une forme de retour aux sources, mais en ce qui me concerne, je pense que je vais retourner dans pas longtemps écouter Policy Of Truth, Enjoy The Silence, Never Let me Down, Everyhting Counts, People Are Peole, Strangelove et Somebody.