Donkey Kong: d’un gros méchant aux grandes dents à un gros gentil à cravate rouge !
Auteur: Daniel CarosellaDonkey Kong le méchant
C’est en 1981, alors que l’industrie du jeu vidéo vit une profonde crise, que Donkey Kong fait son apparition. Lancé dans les salles d’arcade, Donkey Kong est rapidement devenu l’un des préférés de ceux qui s’amusaient à coup de 25 sous. Or, contrairement à aujourd’hui, le gros macaque à la cravate rouge n’était pas dépeint comme un héros, mais plutôt comme un ennemi. À l’instar de King Kong (dont il fut fortement inspiré), Donkey Kong était l’adversaire idéal. Gros, poilu et enlevant une pauvre demoiselle, nous n’avions alors qu’une envie : l’assommer avec notre marteau en personnifiant un certain Mario qui deviendrait, plus tard, la plus grande icône du jeu vidéo.
Donkey Kong a connu un immense succès dans les salles d’arcade et fait encore aujourd’hui l’objet d’un culte. Pour preuve, il y a quelques années, le film The King of Kong: A Fistful of Quarters est paru et montrait la route de deux des plus grands joueurs de Donkey Kong dans leur périple afin d’établir le record absolu dans ce jeu. Bref, même de nos jours, on continue à y jouer !
Pourtant, Nintendo n’a pas voulu cataloguer Donkey Kong comme un gros singe méchant ad vita eternam. Probablement en voyant le succès remporté par ce premier jeu en arcades, la firme japonaise a décidé d’inverser les rôles du bon et du méchant en créant sa suite, Donkey Kong Jr. Dans ce dernier, Mario est le méchant et Donkey Kong est la pauvre victime qu’il faut aller secourir en incarnant Donkey Kong Jr.
Bien qu’il n’ait pas eu autant de succès que Donkey Kong, Donkey Kong Jr. marquait un changement de cap très important pour le futur du gros gorille. Non seulement venait-on, avec Donkey Kong Jr., d’instaurer le premier personnage démontrant qu’il existait un univers autour de Donkey Kong, mais on venait en plus d’humaniser le gros gorille en le transformant en victime de la main de l’homme. Du coup, Donkey Kong est apparu plus sympathique, tendance qui allait se poursuivre jusqu’à aujourd’hui avec le prochain jeu de la franchise.
La révolution Donkey Kong Country
L’année 1994 marquera la franchise Donkey Kong à tout jamais. À cette époque, on connaissait le gorille, mais jamais autant qu’après la parution de Donkey Kong Country. Lancé par le studio Rare, Donkey Kong Country s’est placé comme un classique parmi les jeux de plates-formes et a élevé Donkey Kong au rang de personnage marquant du jeu vidéo. Rare n’a pas seulement développé l’un des meilleurs jeux de plates-formes 2D de l’histoire, il a aussi créé tout un univers autour de Donkey Kong, ajoutant à cette série des personnages aussi rigolos qu’intéressants. Qui ne se souvient pas de la plantureuse Candy Kong, du très cool Funky Kong, du grincheux Cranky Kong qui nous frappait avec sa canne lorsqu’on lui rendait visite ou bien du sinistre King K. Rool que nous devions éliminer pour remettre le contrôle de l’île de Donkey Kong entre les mains de son propriétaire ?
Le succès de Donkey Kong Country fut tel que Rare a conçu deux suites à ce jeu. La première, Donkey Kong Country 2 : Diddy’s Kong Quest, replongeait Donkey Kong dans un rôle de victime, mais a permis d’élargir davantage l’univers du singe à la cravate rouge en instaurant davantage de personnages très sympathiques. Cette suite fut très appréciée par les fans (certains disent même qu’elle est meilleure que le jeu original), mais ce ne fut pas le cas de Donkey Kong Country 3 : Dixie Kong’s Double Trouble. Même si j’ai bien aimé ce titre, on n’a pas vraiment bien accueilli ambiance enfantine. D’ailleurs, le gros bébé Kiddy Kong n’a pas réellement plu aux fans, qui s’ennuyaient de pouvoir contrôler Donkey ou bien Diddy Kong.
Une déviation vers d’autres genres
Malheureusement, comme cela arrive souvent avec les séries connaissant du succès, Donkey Kong s’est quelque peu perdu à travers d’autres genres ayant, au passage, fait pâlir son étoile. Si d’autres bons jeux de plates-formes 2D comme les Donkey Kong Land ont accompagné les Donkey Kong Country au fil des ans, la franchise a bifurqué dans plein de directions plus ou moins bonnes. En outre, on a eu droit à une série animée canadienne à la télévision qui, bien franchement, était tout simplement horrible. Donkey Kong avait perdu son assurance (gracieuseté d’une voix très douce et aigüe), Diddy Kong avait beaucoup trop d’attitude, King K. Rool n’était pas crédible en méchant et les intrigues étaient tout bonnement inintéressantes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la série n’a été en ondes que l’espace de 40 épisodes.
Au niveau des jeux, Donkey Kong a effectué un passage vers le 3D avec Donkey Kong 64. Même si j’ai beaucoup apprécié ce titre provenant encore une fois des studios de Rare, plusieurs joueurs ont détesté en raison, notamment, de certains personnages peu attachants, dont l’ourang-outan clown Lanky Kong. Nintendo a aussi lancé d’autres jeux inspirés de l’univers de Donkey Kong au fil des ans, incluant Donkey Kong Coconut Crackers et Donkey Konga 1 et 2 qui, pour ceux n’y ayant jamais joué, venaient avec des barils sur lesquels il fallait taper pour suivre le rythme de pièces musicales. On a même tenté de recréer l’esprit des jeux 2D d’antan avec Donkey Kong Jungle Beat et de ressusciter la vieille rivalité entre Donkey Kong et Mario dans les jeux de casse-tête Mario vs. Donkey Kong.
Même si ces jeux n’étaient pas mauvais, on avait une simple envie: retrouver le plaisir des Donkey Kong Country d’antan. Même si Donkey Kong Jungle Beat fut un bon jeu de plates-formes se rapprochant de ce qu’étaient les Donkey Kong Country, on croyait de moins en moins que Nintendo serait capable de faire revivre la magie des vieux jeux de Rare. En fait, au fil des années, on s’excitait davantage à l’idée de jouer à une nouvelle version d’un vieux Donkey Kong Country lancée sur une autre console, c’est tout dire ! Or, c’était avant que Nintendo confie son macaque au studio Retro Studios avec un mandat clair : ramener l’excellence passée des jeux 2D de cette franchise et hisser de nouveau Donkey Kong au sommet de son trône de bananes.
Les efforts de Retro Studios auront donné droit à un excellent jeu qui rappelait les débuts du gros singe dans le jeu vidéo. En effet, les créateurs de la franchise Metroid Prime ont fait leurs devoirs et nous ont pondu Donkey Kong Country Returns, un titre dont l’influence ne fait aucune équivoque.
Si je n’ai pas compris pourquoi on a inclus la faculté du souffle pour Donkey Kong (c’est plutôt spécial de voir ce gros singe très puissant s’arrêter pour souffler sur des plantes), on y a présenté tous les éléments nous ayant redonné autant de plaisir qu’au sein des vieux Donkey Kong Country. Non seulement les niveaux 2D étaient-ils excellents, mais tous les éléments des vieux jeux de la franchise étaient de nouveau offerts, dont la récolte des lettres KONG et de bananes et les niveaux de course dans les karts de mines !
Oui, Donkey Kong était bien de retour dans toute sa splendeur et c’est ce avec quoi vous pourrez renouer d’ici peu avec Donkey Kong Country Returns 3D !
Donkey Kong est-il un personnage de jeux 2D ?
En regardant l’histoire de cette importante mascotte du jeu vidéo, on peut soulever une question : Donkey Kong est-il un personnage qui, à l’instar de Mega Man, est confiné aux jeux 2D ? Force est d’admettre que ses meilleures aventures furent dans cette dimension et même s’il y a clairement un potentiel pour développer autant de bons jeux en 2D qu’en 3D, les jeux de plates-formes 2D en side-scrolling demeurent ceux étant les plus appréciés par les amateurs de ce vieil adversaire de Mario.
Pour ma part, Donkey Kong peut être en 2D ou en 3D, ça m’importe peu. Tant que Nintendo n’oublie pas ce pourquoi on aime tant ce personnage et qu’elle nous propose de bons jeux de plates-formes mettant en vedette le gorille et ses comparses, je vais attendre chacune de ses nouvelles aventures avec enthousiasme !