À LIRE AUSSI: Le meurtre atroce derrière le Dahlia Noir
Une mère fatiguée des comportements criminels de sa fille
Il est assez peu commun de voir une mère dénoncer son enfant, mais ce fut le cas pour Casey Anthony. En effet, face aux comportements délinquants de sa fille, Cindy Anthony contacte le 911 à trois reprises à partir du 15 juillet 2008. Les deux premières fois, Mme Anthony porte plainte contre sa fille pour vol de voiture et d’argent. Cependant, le troisième appel est plus inquiétant puisque Cindy Anthony rapporte alors aux policiers que sa petite-fille, Caylee Anthony, est portée disparue. Les grands-parents n’ont pas vu l’enfant depuis plusieurs semaines, leur fille excusant toujours son absence par un emploi du temps chargé ou le fait que la bambine se trouve avec sa nounou.
Lorsque les enquêteurs vont rencontrer Casey Anthony une troisième fois, ils découvrent que cette dernière n’a pas été honnête envers eux. En outre, Casey Anthony a produit une fausse déclaration en mentant sur son emploi du temps ainsi que sur la disparition de sa fille. De plus, lorsque les policiers l’interrogent au sujet de la disparition de son enfant, elle se met à rire, ne prenant pas cela au sérieux.
Une caution très élevée et une enquête déboussolante
Deux jours après le troisième appel, Casey Anthony est amenée une première fois devant le tribunal pour faire face à des accusations de négligence envers son enfant, fausse déclaration officielle et entrave au travail des policiers. Elle demeure détenue en attendant que le tribunal détermine sa caution pour sa remise en liberté, qui sera fixée quelques jours plus tard à pas moins de 500 000 $ puisque Casey refuse de donner des informations pertinentes aux enquêteurs et qu’elle a menti à ces derniers! L’avocat de Casey envoie tout de même une lettre au bureau du shérif affirmant que sa cliente est prête à coopérer avec les forces de l’ordre.
Les policiers mettent tout en œuvre pour retrouver la jeune Caylee, perquisitionnant notamment la voiture des Anthony pour mener des expertises. Cindy Anthony leur affirme que Caylee a été aperçue en Géorgie avec quelqu’un s’en allant en Caroline du Nord, personne qu’identifiera Casey comme étant la nounou de Caylee, Zenaida Fernandez-Gonzalez. Même s’ils ne trouvent aucune trace de l’enfant en Géorgie, Casey aide les policiers afin de dessiner un portrait-robot de Fernandez-Gonzalez dans le but de la retrouver et de l’interroger.
Si la piste de la nounou semble bonne, le tout se complexifie lorsqu’un ancien détenu ayant côtoyé Anthony appelle les enquêteurs pour leur dire que la jeune femme lui aurait avoué que sa fille se trouverait en compagnie d’un ancien petit ami. Pourquoi la jeune mère aurait-elle accusé la nounou? Et encore pire, si Anthony savait qui détenait sa fille, pourquoi ne l’a-t-elle simplement pas dit aux policiers et pourquoi aurait-elle envoyé ceux-ci sur une fausse piste? Cela semble étrange, mais l’hypothèse de l’enlèvement par l’ancien petit ami tombe à l’eau faute de preuves.
En août 2008, après que la caution a été payée par un homme sensible à la situation et ayant affirmé qu’on ne pourrait retrouver Caylee si sa mère demeurait derrière les barreaux, les enquêteurs obtiennent de nouveaux mandats de perquisition leur permettant de recueillir plusieurs éléments dans la maison des Anthony. Un jour, ils sortent avec assez de matériel pour remplir deux gros sacs de poubelle! Ils prélèvent aussi plusieurs échantillons dans la voiture des parents de Casey volée par cette dernière, et les résultats des analyses sont tout bonnement inquiétants.
En effet, les analyses des échantillons d’air prélevés dans la valise de la voiture démontrent qu’un corps en décomposition s’y est trouvé! De plus, selon des sources proches de l’enquête, des échantillons de cheveux et des prélèvements effectués à partir d’une tache dans le coffre indiquent que le corps en question fut celui de Caylee Anthony! On suspecte évidemment Casey, mais celle-ci retourne encore en prison dans la poursuite de ses activités délictueuses. En outre, elle doit désormais faire face à des chefs d’accusation de biens falsifiés, larcin et utilisation frauduleuse d’informations personnelles.
Afin d’y voir plus clair, les enquêteurs retournent voir les membres de la famille Anthony et leur demande de passer un détecteur de mensonges, ce qu’ils refusent tous. Même si elle recouvre sa liberté durant le mois d’août, Casey retourne une fois de plus en prison en septembre 2008 en se rendant elle-même aux policiers pour avoir falsifié un chèque. Bien entendu, la disparition de la jeune Caylee et l’histoire de sa mère s’ébruitent dans le voisinage, qui commence à lancer des cailloux et à intimider la famille Anthony. À un certain moment, la tension est si élevée que les autorités se voient obligées d’instaurer un couvre-feu dans la localité.
Le 11 décembre 2008, on retrouve le corps d’un enfant dans un boisé situé à moins d’un mille de la résidence des Anthony. Le sac de plastique dans lequel il est contenu est fermé avec du ducktape et on retrouve de ce dernier sur le crâne du cadavre. L’identification de l’enfant est rapide : il s’agit de Caylee Anthony, que l’on pensait très loin de son domicile quand, en bout de ligne, son corps gisait à quelques centaines de mètres à peine de sa résidence.
D’autres preuves accablantes contre Casey Anthony
Bien qu’ils suspectent Casey Anthony d’être à l’origine de la disparition et du potentiel meurtre de sa fille, les enquêteurs désirent réunir le plus de preuves possible pour démontrer la culpabilité de la jeune mère. Ils finissent par obtenir les aveux de proches de Casey concernant son mode de vie dans les semaines ayant suivi la disparition de Caylee. On révèle notamment aux policiers que Casey faisait la fête et qu’on l’a photographiée plusieurs fois lors de soirées où elle dansait et buvait. Loin, très loin d’un parent s’inquiétant pour son enfant.
Les analyses effectuées sur l’ordinateur de Casey révèlent aussi que quelqu’un y a consulté un site de disparition d’enfants bien avant que la jeune fille ne soit portée disparue. Une image d’une enfant ressemblant à Caylee a aussi été sauvegardée sur l’ordinateur, puis des messages textes recueillis par les policiers révèlent que Casey a énormément menti à ces derniers sur la vie qu’elle menait et qu’elle a tissé une toile mensongère complexe afin de rendre le récit fourni aux forces de l’ordre crédible.
Le ministère de la Justice a assez de preuves contre Casey Anthony et l’accuse formellement du meurtre prémédité de sa fille.
Un procès très suivi qui jettera tout le monde par terre
Comme cela arrive souvent dans les cas de disparition de jeunes enfants, le cas de Caylee Anthony a rapidement capté l’attention des médias. Ils y ont vu une occasion parfaite afin de faire grimper leurs cotes d’écoute. L’affaire Casey Anthony prend des allures de feuilleton, les médias en faisant une couverture continue et exagérée que les gens peuvent pratiquement suivre 24 heures par jour. Sur Facebook, des milliers de gens s’abonnent à des pages dédiées à la disparition de Caylee, tandis que sur Twitter, les gens publient sans cesse des messages sur cette cause.
L’avocat de Casey, Jose Baez, tente de convaincre le jury de l’innocence partielle de sa cliente en affirmant que la jeune Caylee s’est noyée dans la piscine familiale et que son grand-père l’a retrouvée. Désirant étouffer l’affaire, George Anthony aurait fait disparaître le corps avec l’aide de sa fille qui, pour sa part, aurait fortement craint la réaction de sa mère. Elle était trop effrayée d’appeler le 911 et n’aurait pas pensé à le faire par la suite. Profondément outré, George Anthony réfutera ces allégations lors de son témoignage.
Une fois les preuves présentées, le jury se retire afin de délibérer. Alors qu’on s’attend à de longues discussions, les jurés mentionnent au tribunal qu’ils sont prêts à rendre leur verdict 10 heures seulement après avoir été séquestrés. Le résultat surprendra tout le monde : Casey Anthony est jugé non-coupable du meurtre prémédité de sa fille, et ce, malgré l’importante preuve pesant contre elle! Le juge Belvin Perry Jr. lui-même a du mal à y croire et affirmera plus tard qu’il a dû relire le verdict deux fois avant de réaliser que l’on venait d’acquitter la jeune femme.
Sur les médias sociaux, la population s’enflamme. Les gens déversent leur colère sur Twitter à l’aide de mots-clés colériques, arguant notamment que justice n’a pas été rendue et que « le diable doit être en train de danser quelque part ».
Les suites de l’acquittement
Après la tombée du verdict, Casey Anthony a reçu un nombre effarant de menaces de mort l’ayant obligée à fuir sa localité et à vivre en réclusion. Même si le jury l’a acquittée du meurtre au premier degré de son enfant, il l’a quand même reconnue coupable de quatre chefs d’accusation pour entrave au travail des policiers. Or, en appel, deux de ces accusations sont tombées, de sorte que Casey Anthony s’en est tirée avec des accusations et peines mineures. Cela n’a fait qu’outrer davantage la population, qui était déjà passablement dégoûtée de la désinvolture de la jeune femme par rapport à la disparition de sa fille et du fait qu’elle semblait préférer faire la fête que d’effectuer des recherches pour retrouver la gamine.
Zenaida Fernandez-Gonzalez a porté plainte contre Casey Anthony pour diffamation. Cette apparente nounou a affirmé avoir été faussement accusée par Anthony et qu’elle n’a jamais gardé Caylee. Pire encore, elle a mentionné ne jamais avoir connu la mère et l’enfant. La médiatisation du cas et le fait que les projecteurs aient été braqués sur elle lui ont causé beaucoup de tort. En outre, elle a déclaré qu’elle a perdu son emploi et sa maison et qu’elle a reçu beaucoup de menaces de mort lorsqu’on l’a reliée à la disparition de la jeune Caylee.
Par ailleurs, après cette cause, une pétition électronique signée par plus d’un million de personnes a été déposée afin que les États obligent les parents à avertir les policiers en cas de disparition ou meurtre d’enfant. Des projets de lois ont été mis en chantier et des lois furent adoptées dans plusieurs États, incluant l’Illinois, la Louisiane et le New Jersey. Malgré quelques protestations affirmant que de telles lois allaient à l’encontre du 5e amendement des États-Unis (« Nul ne pourra, dans une affaire criminelle, être obligé de témoigner contre lui-même »), elles demeurent en vigueur dans les États où elles ont été adoptées et où elles sont connues comme « Loi Caylee ».