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Personnellement, je suis surpris qu’en 2015 les gens croient encore que nous vivons dans le merveilleux monde de Disney où il existe une formule magique ou une plante spéciale jusqu’à lors inconnue qui pousse quelque part au fin fond des bois ayant le pouvoir incroyable de nous rendre soudainement beau et fort. Sortez-vous cette idée de la tête car ce genre de chose n’existe pas!
En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Laissez-moi reformuler cela; ce genre de chose existe, d’une certaine façon, et on appelle ça une drogue. Pourquoi les drogues ont si mauvaise réputation et sont la plupart du temps bannies? D’une part parce qu’elles permettent à l’usager de tricher en dépassant les limites de la physiologie humaine et que personne n’aime les tricheurs… mais n’est-ce pas ce que l’industrie demande aux modèles d’aujourd’hui; d’être des surhommes? Une autre raison qui fait que les drogues sont contrôlées est que celles-ci viennent toujours avec leur lot d’effets secondaires (même lorsqu’elles sont prescrites par un médecin!), ce qui met en péril la santé des gens et représente par le fait-même l’antipode de l’image de la santé que le sport est supposé représenter.
Pourquoi donc les gens les utilisent si elles sont si néfastes? Parce qu’elles promettent le succès et que les gens attendent d’être à l’article de la mort pour accepter enfin le fait qu’un comportement nuit à leur santé. La preuve, il y a encore des gens qui commencent à fumer même si tout le monde sait que c’est dommageable pour la santé depuis plus de 60 ans! J’y ai même dédié un article, que je vous suggère fortement de lire si vous ne l’avez pas fait, intitulé « Pour un être qui se dit intelligent, l’être humain n’apprend pas très vite ».
Le problème aussi c’est qu’il y a très peu de cas de mort directement liés à l’utilisation de substances anaboliques illégales. C’est plutôt la qualité de vie qui est sournoisement hypothéquée à long terme et ça c’est plus difficile à affirmer hors de tout doute aux yeux du grand public. Seuls les gens qui sont passé par là sont au courant de cet autre côté de la médaille…
Parlant de médaille, saviez-vous que dans un sondage où on a demandé à des sportifs de haut niveau s’ils seraient prêts à prendre une pilule qui leur assurerait la victoire mais qui les tuerait un mois plus tard, jusqu’à 80 pourcent des gens ont répondus « oui »!?! Cette étude montre bien la débilité de la nature humaine et à quel point l’homme est prêt à sacrifier sa vie pour la simple admiration des autres. Et soyez sûrs que plus les enjeux sont grands (surtout du point de vue monétaire) et plus ils sont prêts à y mettre le paquet! Si vous n’avez pas côtoyé le milieu de près, vous ne pouvez vous imaginer à quel point l’argent et la gloire mènent le monde ni à quel point le public est assez bête pour embarquer et se laisser mener en bateau! Même les fédérations et les compagnies se mettent de la partie et participent au masquage des tests anti-dopage pour protéger le public de la réalité car eux aussi en craignent parfois conséquences. Pourquoi est-ce ainsi? Pour la personne impliquée, parce qu’elle considère cette voie comme étant la seule façon d’arriver à ses fins. Pour le public, tout simplement parce qu’il aime le spectacle et veut croire aux contes de fées.
Seulement voilà, les athlètes et les vedettes se sentent obligés de mentir au public car ils rebutent sa réaction si la vérité était dévoilée au grand jour. Pourtant, si le public acceptait ce fait, il saurait à quoi s’en tenir et ne serait plus « choqué » par ce genre de chose. Cela donnerait l’heure juste à ceux qui espèrent leur ressembler au lieu de croire qu’ils n’ont qu’à faire leur entraînement ou suivre leur régime pour leur ressembler. Ils arrêteraient par le fait-même de se faire bourrer le crâne de fausses représentations. Il y a bien des vedettes qui avouent leur dépendance aux drogues et à l’alcool, pourquoi ceux qui sont accrocs aux anabolisants n’en feraient pas autant? Personnellement, je crois que comme les célébrités qui osent sortir du placard ou avouer leurs problèmes de consommation au début les gens seraient choqués mais qu’après réflexion ils les respecteraient au moins pour leur honnêteté et leur bonne volonté.
Je crois que c’est beaucoup plus le manque d’intégrité et d’honnêteté qui blesse les gens que l’usage des drogues en tant que tel. Pourquoi un athlète perd l’admiration du public lorsque ce dernier apprend qu’il est accusé d’avoir utilisé des produits dopants? Parce que les gens détestent savoir qu’on leur a menti et ils se sentent soudainement bêtes d'avoir cru en cette personne. Pourtant, et je ne dis pas cela pour excuser les choix de cette personne mais bien pour éclaircir la chose, ce sont les gens qui devraient être pointés du doigt car ce sont eux qui ont été assez naïfs pour croire qu’on brise des records ou qu’on accompli des prouesses surhumaines ou qu’on développe un corps de superhéros en restant de simples humains. Si vous êtes assez naïf pour croire qu’il n’y a que celui qui se fait attraper qui triche, c’est aussi vous qui vous mentez à vous-mêmes. Dans les deux sens, ce n’est que par la transparence qu’on peut résoudre le problème. Si les gens revendiquent le droit de faire leurs propres choix, ils doivent aussi en accepter pleinement les conséquences.
D’une façon ou d’une autre, vous devez tous accepter le fait que la majorité des athlètes que vous idéalisez, des vedettes que vous chérissez et des «douche bags» que vous voyez au gym se droguent et que les photos que vous voyez sont retouchées! Si vous pensez réellement que les vedettes, qui ont recours au Botox, au lifting, à la liposuccion et qui ont des problèmes de consommation ont soudainement un élan de conscience lorsqu’il s’agit d’anabolisants, pour citer Martin Petit, « c’est que tu serais du genre à manger les raisins en plastiques du comptoir à fromage à l’épicerie! »
Évidemment, pour les sportifs professionnels la question des sanctions entre aussi en ligne de compte. On peut comprendre qu’un athlète ou une personnalité qui représente une discipline ou un commanditaire soit tenté de nier ses agissements parce qu’il sait qu’il risque gros. Les vedettes ou les athlètes retraités ne subissent plus (ou du moins pas autant) de pression ce qui fait que c’est souvent eux qui acceptent de s’ouvrir et d’exposer au grand jour ce qui s’est réellement passé plusieurs années plus tard.
Enlevez-vous tout de suite de la tête qu’on peut gagner 20 livres de masse maigre en un été! Les gens littéralement gâtés par une génétique incroyable sont rares. Ce n’est qu’une minorité infime de gens qui peuvent manger ce qu’ils veulent et qui prennent de la masse musculaire simplement en regardant des haltères. Pour le commun des mortels, il faut connaître, accepter et apprendre à exploiter le potentiel de son corps. Le corps humain vient avec un mode d’emploi et des limites. Si je prends le conditionnement physique en exemple, il faut savoir que le corps n’encourage pas la prise de masse musculaire autant que la perte de gras. Pourquoi? Parce que construire du nouveau tissu musculaire est un processus qui demande du temps et de l’énergie et qui veut aussi dire plus de bouche à nourrir pour l’organisme (car il consomme également des calories pour rester en vie), tandis que le gras n’est qu’un poids mort que le corps garde en réserve au cas où il se retrouverait en état de survie. C’est pour ça que perdre du poids rapidement est beaucoup plus facile que d’en prendre, évidemment lorsqu’on parle de pertes ou de gains de qualité (gras vs muscle) et non d’eau.
Lorsqu’on s’entraîne, on inflige un stress au corps dans le but de le forcer à s’adapter. Il faut voir l’entraînement comme une micro blessure qu’on inflige au corps pour qu’il se renforce. Avez-vous déjà remarqué à quel point parfois des simples bleus ou de petites éraflures/coupures peuvent rester avant de disparaître complètement? Et bien imaginez à quel point la transformation peut être lente et laborieuse lorsqu’il s’agit de grosses masses musculaire ou du corps dans son entier! C’est pour ça que la récupération est si importante dans la prise de masse musculaire car la séance en tant que telle n’est que le stimulus. C’est le temps qu’on passe en dehors du gym qui compte, alors que le corps récupère d’abord du stress puis ensuite surcompense en vue d’être capable de résister à un stress ultérieur de même nature. C’est pour cette raison que j’explique toujours à mes clients qu’il faut voir un plan de mise en forme comme un projet à long et non à court terme. Maintenant revenons à l’enjeu des drogues dans l’obtention d’un corps sculpté au couteau…
Je pratique le sport qui a certainement la pire réputation à l’égard des drogues: la culture physique. Je trempe dans l’industrie de la culture physique depuis plus de 20 ans déjà et j’ai toujours été fier de faire la promotion de la santé et de la culture physique sans drogues. J’ai parcouru le monde, j’ai vu tous les niveaux de compétition et laissez-moi vous dire que vous n’avez pas idée à quel point tout n’est qu’illusion et corruption. La discipline est à ce point polluée par les drogues que les concours sont maintenant étiquetés comme étant soit testés (autrement dit : on aimerait avoir une compétition équitable et propre) ou non-testés (autrement dit : ici vous pouvez faire ce que vous voulez, tous les coups sont permis). Encore pire, même dans les concours qui tentent de redonner un peu de lustre au sport, l’appât du gain et le manque d’honnêteté sont si omniprésents que dans bien des cas, les athlètes qui se droguent se présentent aussi aux concours qui se disent naturels! Vous me demanderez et avec raison; « mais pourquoi en serait-il ainsi, ça ne fait aucun sens? »… L’argent mes amis, toujours l’argent. Dans certains cas c’est parce qu’ils se disent que tout le monde fait comme eux de toutes façons. Dans d’autres, c’est tout simplement parce qu’ils savent que bien des concours qui utilisent l’appellation compétition naturelle le font de façon frauduleuse.
En tout et partout, la réalité c’est que non seulement il y a très peu de gens honnêtes et surtout peu d’athlètes qui sont prêts à être testés (surtout lorsqu’on leur dit qu’ils peuvent être testés n’importe quand). Tester des athlètes (plusieurs et pour de vrai) coûte aussi très cher et change évidemment l’allure du spectacle. Cela signifie entre autre pour les promoteurs qu’il y aura très peu (pour ne pas dire pas) de profits à faire et ce genre de situation n’intéresse que ceux dont la motivation première n’est pas de faire de l’argent mais bien d’avoir un sport propre (ce qui est malheureusement rarement le cas). La fédération Physique Canada, avec laquelle je suis associée, en est un exemple et c’est d’ailleurs la seule en culture physique qui est inscrite en tant qu’organisme sportif à but non-lucratif et qui respecte les plus hauts standards en ce qui concerne l’administration de tests anti-dopage. Vous comprendrez qu’une ligne de conduite aussi stricte affecte autant les coffres que le nombre d’athlètes présents aux concours…
Revenons maintenant à l’honnêteté voulez-vous? C’est cette valeur, importante à mes yeux, qui m’a poussé à endosser le rôle de dénonciateur aussi souvent dans ma carrière et m’a motivé à écrire une fois de plus un article sur le sujet. En tant qu’athlète, je fais partie de cette minorité qui persiste à demeurer clean dans un monde pollué par la drogue et qui n’a pas peur d’être mis sur la sellette car je sais que je n’ai rien à me reprocher. Les athlètes comme moi sont fiers d’être ce qu’ils sont et ont évidemment de la difficulté avec ceux qui mentent aux gens. C’est d’ailleurs ce qui caractérise les athlètes naturels qui n’aiment pas être mis dans le même panier que les autres et qui vont parfois aller jusqu’à mettre au défi leurs adversaires en ce qui concerne les tests anti-dopage (on a vu cela à plusieurs occasions). À mon humble avis, peu importe ce qu’il a fait, celui qui avoue son comportement mérite au moins le respect pour son honnêteté. Dans le cas contraire, celui qui s’entête à duper aux gens autour de lui n’en mérite aucun. L’honnêteté semble malheureusement être une qualité de plus en plus rare et comme le disait si bien Nietzsche : « être vrai, peu le peuvent! »
On pourrait dire que c’est la fierté personnelle de s’accomplir, de respecter et de tester les limites de son propre corps qui motive les gens comme moi à atteindre leurs objectifs sans utiliser de drogues… mais encore… supposons qu’on accepte de dire que celui qui a utilisé des anabolisants a moins de mérite que celui qui a respecté les limites de la physiologie humaine, cela ne veut pas dire qu’il n’en a pas du tout. Cet énoncé peut à prime abord paraître étrange venant de moi mais je crois que tout est une question de motif. Un athlète de haut niveau qui accepte de se droguer pour satisfaire les critères surhumains imposés par l’industrie a, à mes yeux, un motif défendable (surtout sachant que ses compétiteurs en font autant!). Il a fort probablement lui aussi donné tout ce qu’il avait sauf qu’il a choisi de prendre le risque d’aller au-delà de sa propre génétique. Comprenez bien qu’en revanche, celui qui choisit de le faire parce qu’il ne veut fournir ni le temps ni les efforts nécessaires et qui le fait simplement pour satisfaire ses caprices personnels est tout simplement pitoyable!
Jusqu’ici je n’ai donné aucun nom car je crois que je peux vous laisser tirer vos propres conclusions. Cependant avant de terminer j’aimerais nommer au moins une personne. Il y a quelques années, Doug Schneider m’a demandé de participer à un séminaire sur la culture physique sans drogues avec Erik Alstrup. Erik est un ancien culturiste professionnel qui, comme tous les autres, a utilisé beaucoup d’anabolisants pour atteindre son objectif de devenir pro. Une fois qu’il a réussi, il s’est rendu compte qu’il devrait en prendre encore plus s’il voulait être compétitif à ce niveau. Devant ce constat, il a fait ce que malheureusement peu de gens font; réaliser que ça ne fait aucun sens de risquer sa santé pour si peu. Il a donc complètement laissé tomber la culture physique pour se lancer dans la course à pied. Des années plus tard, il a entendu parler qu’il y avait des compétitions qui prônaient un sport sans drogues et a décidé de remonter sur scène mais cette fois-ci de façon naturelle et est devenu de nouveau champion! Doug lui a alors demandé s’il accepterait de raconter son parcours et de dévoiler son passé au public afin d’informer les gens de la dure réalité du sport de haut niveau et de montrer l’autre côté de la médaille, qui devrait aussi être incluse dans la promotion de la culture physique sans drogues. Erik a eu le courage d’accepter, au risque d’être jugé, et il a à sa surprise gagné plus de respect et d’admiration qu’il n’aurait pu l'imaginer. J’ai moi-même beaucoup de considération pour la personne qu’il est et ce malgré le fait que nos parcours soient différents.
La morale dans tout cela, et ce que j’espère que les gens retiennent de cet article, c’est que personne ne grandit dans le mensonge et l’enfant qui s’efforce de mentir par-dessus mensonge pour tenter de se tirer d’affaire finit toujours par se faire planter. On dit que la vérité choque… Peut-être lorsqu’on n’y est pas préparé mais pas lorsqu’on est ouvert et qu’on accepte la réalité que le respect n’est possible que lorsqu’on partage des valeurs comme l’intégrité et l’honnêteté.
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Prendre le négatif pour en faire du positif