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On a tous un sosie dans le monde…
Adam (Jake Gyllenhaal) est un professeur d’histoire à l’université. Il vit dans un humble appartement d’une tour d’habitation. Régulièrement, sa petite amie Mary (Mélanie Laurent) vient le visiter. Mais ils ne s’aiment plus comme avant. On pourrait même dire qu’ils ne passeront pas la prochaine année ensemble. La fin est proche. Un soir, Adam regarde un film qu’il a loué au club vidéo du coin sur son ordinateur. Il découvre que l’un des acteurs, qui tient un tout petit rôle, lui ressemble en tout point.
Intrigué par cette ressemblance, il décide d’en apprendre davantage sur son sosie. Après avoir trouvé son nom (il s'appelle Anthony) et où il habite, il découvre qu’il vit avec une femme enceinte Helen (Sarah Gadon). Puis, ils vont finalement se rencontrer face à face. Cette rencontre changera leur vie respective.
Des questions plein la tête
Tant au cinéma qu’en littérature, l’idée du double n’est pas nouvelle. Avec Ennemi, Denis Villeneuve ne réinvente pas la roue. Par contre, cela ne veut pas dire pour autant que son long métrage est un échec. Dès les premières secondes (notamment grâce à cette sublime introduction), le spectateur est comme hypnotisé. On a envie de regarder ce film, d’y découvrir ses personnages et leur histoire.
Les personnages sont quand même peu nombreux. Le film tourne en fait autour d’Adam et, à partir du premier tiers, de son double. Les deux femmes jouent des rôles plus secondaires, quoique le personnage joué par Sarah Gadon semble avoir une plus grande importance dans le récit.
Si les protagonistes se comptent sur les doigts d’une main, on pourrait en dire autant des dialogues. Les répliques sont souvent rares, si bien que l’on a l’impression de pénétrer plus d’une fois dans la tête du « héros ». Car la découverte de son double va tout simplement bouleverser sa vie. En fait, je pense que l’on pourrait plus ou moins réagir de la même façon. Ça doit être assez déstabilisant de rencontrer quelqu’un qui est identique à soi.
À l’instar du personnage principal, le cinéphile finit par avoir beaucoup plus de questions que de réponses. Les quelques scènes faisant référence à une araignée laissent d’ailleurs une grande place à l’interprétation.
De l’autre côté, Ennemi demeure cohérent. On ne sort pas de la salle en disant : « Je n’ai absolument rien compris ». L’histoire demeure intéressante. En fait, il n’y a que la finale qui m’a déplu. Même si la fin est plutôt violente, j’attendais une confrontation plus directe entre Adam et son double. J’aurais aimé le voir plus maléfique. Après tout, le film s'intitule « Ennemi ».
Jake Gyllenhaal porte le film sur ses épaules. Il livre une interprétation tout en nuances, tant du personnage principal que d’Anthony. Les deux sont, il est vrai, pareils de l'extérieur, mais ils n’ont pas du tout le même tempérament. L’un est beaucoup plus introverti et moins en confiance que l’autre. Je vous laisse deviner qui est qui. Bref, l'acteur de 33 ans arrive sans problème à représenter ces deux personnalités.
Il serait injuste de terminer cette critique sans parler de la magnifique réalisation du cinéaste québécois ainsi que du très bon travail du directeur photo Nicolas Bolduc. Ses plans, qui durent souvent plusieurs secondes, sont efficaces, en plus d’être sublimes à la direction photo. On pourrait en dire autant des décors tantôt sombres et lugubres chez l’un des personnages, et chics et lumineux chez l’autre. Cette dualité contribue à établir le caractère de chacun des protagonistes.
Verdict
Denis Villeneuve signe, avec Ennemi, un thriller psychologique magnifiquement réalisé. Bien qu’il soit peu bavard, Jake Gyllenhaal nous livre une prestation foudroyante. Dommage seulement que la finale ne soit pas à la hauteur du reste.
Cote : 3,5 étoiles sur 5
Ennemi prend l'affiche le 14 mars 2014.