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Notez bien que dans mon introduction j’ai pris la peine de dire que les gens aiment avoir « l’impression » de se dépenser en sautant. Il y a une différence entre penser faire quelque chose en se fiant sur ses sentiments et se poser la question à savoir si ce que nous faisons est adapté et nous sert réellement à quelque chose. Si vous êtes à la recherche de résultats tangibles, c’est un raisonnement objectif et non subjectif que vous devriez utiliser pour arriver à vos fins. C’est pourquoi c’est encore une fois en tant que kinésiologue et professionnel de la santé que je m’exprime ici.
Le stress articulaire
Le complexe de la cheville et du pied est une région articulation qui subit constamment les effets de la gravité et de la surcharge pondérale (poids du corps). À moins d’être dans une situation où vous ne vous servez plus de vos jambes, vous ne pouvez réellement délester ces articulations portantes de leur stress quotidien. Si vous avez lu mon article sur les mollets (voir lien en bas de page), vous savez que le segment jambier a beaucoup plus besoin de se faire décharger d’un certain stress mécanique cumulatif que d’en subir davantage. Les sauts répétitifs représentent un stress additionnel à celui que vous imposez déjà aux os et aux muscles. Je le dis souvent mais je le répète parce que les gens ont de la difficulté à le comprendre : ne sous-estimez pas le pouvoir de l’accumulation car vous en payerez inévitablement le prix plus tard dans votre vie! Faire quelques sauts à l’occasion ne sera probablement pas trop dommageable mais le faire à répétition le sera éventuellement et les exercices de musculation avec sauts et charges additionnelles, comme les squats (avec barre sur les épaules) ou les fentes (avec poids dans les mains), le seront encore plus évidemment. Toute charge supplémentaire augmentera l’intensité de la force appliquée et par conséquent le stress mécanique imposé sur la cheville et le pied et ce lors de chaque atterrissage. Et on ne parle pas encore du stress imposé au système vertébral ou aux épaules. Paradoxalement, ceux qui tentent de faire preuve de bonne conscience en faisant ces mêmes exercices mais sans charge ou en minimisant la hauteur des sauts perdent plus leur temps qu’autre chose car l’exercice n’en vaut alors plus vraiment la peine, tant au niveau de la dépense énergétique que du stress musculaire nécessaire pour induire une quelconque adaptation. Si vous voulez des résultats tout en économisant vos articulations vous devriez plutôt vous tourner vers d’autres stratégies. De plus toute personne qui possède un historique d’entorse, de claquage ou de fracture du segment jambier ou qui porte des orthèses rigides devrait s’abstenir de sauter à répétition.
Il faut aussi considérer les effets de l’accumulation se font aussi sentir au cours de la séance elle-même alors que la qualité du mouvement que vous exécutez et par conséquent votre capacité à gérer efficacement la réception au sol seront inévitablement affectées ce qui augmente automatiquement la force des impacts et les risques de blessures ou de traumatismes à long terme. C’est pour cette raison d’ailleurs que dans les entraînements d’athlètes qui incluent de la plyométrie (sauts) sont judicieusement intégrés au début des séances (et à travers la semaine) et que le volume de ceux-ci est tout aussi soigneusement calculé.
Le stress musculaire
Parlant d’entraînement en plyométrie, évidemment certains athlètes utilisent les sauts mais ils le font parce que c’est spécifique à leur sport ou que ça leur permet de développer des habiletés transversales (transférables à l’activité en question). C’est donc non seulement dans un but bien spécifique mais ils doivent aussi apprendre et maîtriser les techniques de saut. En d’autres mots; ils ne le font pas n’importe quand, n’importe comment et pour n’importe quelle raison. Par exemple, si vous regardez attentivement un boxeur sauter à la corde, vous remarquerez qu’il s’élève en fait très peu et qu’il fait plutôt glisser la corde au sol tout juste sous ses pieds en jouant avec le positionnement de ceux-ci car il le fait justement pour travailler son jeu de pieds. Il piétine et ne saute pas comme un enfant le fait dans une cour de récréation ou comme vous auriez fort probablement tendance à le faire si vous en aviez l’occasion. Les athlètes qui veulent pratiquer leur propulsion eux font parfois de courtes séries de sauts contrôlés pour travailler leur impulsion mais encore là ce ne sont pas des séries de sauts répétitifs et ininterrompus comme on voit communément dans les centres de conditionnement physique. C’est que comme je le disais dans mon article sur l’entraînement des mollets, n’oubliez pas que ceux-ci sont déjà soumis à une quantité de stress importante dans votre quotidien et que tout ce que vous faites en surplus ne fait qu’empirer les choses… Le problème c’est que les gens ne prennent pas la peine de se poser des questions. Ils essaient tout bêtement de copier les athlètes parce qu’ils sont en forme et qu’ils voudraient leur ressembler ou sont juste tellement « dedans » lorsque la musique joue à pleine tête et accrocs à ce désir se dépenser et de se défouler qu’ils n’ont qu’une envie; c’est de sauter partout!
Les organes internes
Vous devriez aussi savoir que les sauts répétitifs encouragent la descente des organes internes ainsi que tous les problèmes qui peuvent y être reliés. Malheureusement, à moins d’avoir une prédisposition existante, les dégâts n’apparaissent généralement que vraiment plus tard dans la vie, encore une fois que l’accumulation a eu son effet. Les organes sont littéralement maintenus en suspension par un système ligamentaire dans le ventre, un peu comme un mobile. Ainsi, ils ne peuvent pas remonter ils ne peuvent que descendre avec le temps. Je vous laisse quelques instants pour pensez-à cela. Si on considère que la majorité des gens n’adoptent pas une bonne posture et respirent rarement efficacement dans leur cage thoracique ce n’est soudainement pas étonnant qu’autant de gens souffrent de problèmes de digestion, de circulation, de vessie, d’hernies ou de douleurs lombaires à mesure qu’ils vieillissent. C’est tout simplement le poids des années qui pousse progressivement tout ce qu’ils ont dans le ventre vers le bas. Du coup vous devriez réaliser que non seulement vous auriez avantage à éviter les sauts répétitifs mais aussi à travailler et faire attention à votre posture. Je vous invite d’ailleurs à lire mon article intitulé Est-ce qu’on refoule vraiment avec le temps.
La poitrine
Pour les femmes il faut également considérer la poitrine et celle-ci n’a pas besoin d’être particulièrement volumineuse pour en subir les effets. Bien des femmes pensent que les lois de la physique ne s’appliquent pas à elle ou qu’elles en sont à l’abri parce qu’elles portent un top sport supposément efficace mais elles ont souvent tout faux. Premièrement pour minimiser les dommages le support doit complètement comprimer la poitrine contre la cage thoracique et ce n’est pas les ailes qui comptent autant que la rigidité des bretelles et du tissu. La majorité des vêtements sport que je vois serrent inutilement le tronc ce qui limite la respiration (bien mauvais si vous faites de l’activité physique) et ne sont pas assez forts en avant. N’oubliez pas non plus de vérifier que les bretelles se croisent dans le dos.
Le cerveau
Quiconque présente un historique de blessure ou d’entorse cervicale, de traumatisme crânien, de céphalées de tension, de migraines, de troubles de la vue, de commotions cérébrales, d’étourdissements ou de mal des transports devrait abstenir de sauter. Du coup si vous avez vécu un accident de voiture (même s’il n’y a pas eu de diagnostic de traumatisme crânien), une chute ou un impact important vous devriez vous tenir à l’écart des sauts répétitifs. Malheureusement, le fait que les gens sont accrocs à l’intensité et qu’ils ont tendance à penser qu’une activité doit être intense pour apporter un quelconque bénéfice fait en sorte que la tentation est grande. Demandez-vous si le risque en vaut réellement la peine et sachez qu’il y a bien des façons de se mettre ou de se maintenir en forme sans compromettre sa santé. C’est entre autre pour ces raisons que je recommande davantage la marche que la course à mes clients et pour ceux qui sont à la recherche d’intensité je propose souvent la marche en montagne, qui permet d’augmenter l’intensité sans augmenter les impacts tout en profitant du grand air!
Ceux qui désirent en savoir plus sur les avantages que procure la marche seront heureux de savoir que nous publierons sous peu un volume complet sur le sujet cet automne aux Éditions de l’Homme dans le cadre de la série Les exercices qui vous soignent. En attendant, vous pouvez lire l’article intitulé Rien ne sert de courir, il faut partir à point que j’ai publié il y a déjà trois ans…
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