Kim, tu as été rapidement une étoile montante de la relève dès ta sortie de l’École nationale de l’humour. Depuis trois ans, on te voit partout; comment as-tu vécu cette popularité aussi rapide?
Au début, tu trouves ça rassurant, tu te dis que tu es là au bon moment, au bon endroit. Finalement, tu te rends compte que c’est pas bon. L’idée, c’est que j’ai eu plein d’avantages, plein de belles opportunités, j’ai eu une gérante, j’ai fais beaucoup de shows, un gala de la relève, des émissions de télé… J’ai eu la chance de travailler dès ma sortie de l’école. Mais en même temps, la différence entre moi et d’autres humoristes qui débutent, c’est que mes coups durs, je ne les ai pas vécus dans l’anonymat mais devant tout le monde! Mes premiers échecs, je les ai eus à la télé! Parfois, ç’a été cruel, j’ai suscité de la jalousie et les gens attendent tes premières erreurs pour te les remettre sous le nez. Mais je travaille fort, je ne fais pas de l’humour simplement pour plaire et je pense qu’il y a de la place pour tout le monde dans le milieu. Je sais comment me relever et c’est ça qui fait la différence et qui détermine si tu es là pour durer.
On a pu te voir dans le documentaire Les 5 prochains à ARTV cette année. Comment as-tu vécu ton processus comparativement aux autres?
Ç’a été toute une expérience! Moi, j’étais le bébé, je venais de sortir de l’école, tout était pour moi une première fois. C’était mes premiers shows de corpos, de terrains de golf, de camping… J’ai trouvé ça super difficile, j’avais le stress des shows, des caméras, d’être filmée sur scène, en plus du stress d’être jugée devant mes pairs! Tout ça s’est immortalisé à tout jamais…mais au final, je crois que ça m’a fait avancer. Je remercie d’ailleurs le réalisateur qui m’a poussée, avec raison, à faire mon tout premier numéro complet sur la politique. Et en plus, j’ai rencontré l’homme de ma vie! Quoi demander de mieux?
Parle-moi de ta sortie de l’école, car tu as été plutôt chanceuse de trouver une gérante aussi rapidement et qui te complète aussi bien.
Oui, j’ai eu beaucoup de chance! À l’école, tout le monde te dit que maintenant personne signe personne, que tous les gérants sont over bookés, que ça prend cinq ans avant qu’il se passe vraiment de quoi… et moi j’ai eu droit à un conte de fée! C’est ma gérante qui est venue vers moi en disant qu’elle voulait travailler avec moi. C’est rassurant pour ma gérante de voir que je travaille fort, que je rebondis bien et que je ne fais que monter avec les années. Le début d’une relation détermine le reste de la relation. Si j’étais allée la voir, la supplier de me prendre, j’aurais toujours été prise dans la position de lui plaire pour lui prouver qu’elle a fait le bon choix. Là , j’ai une personne qui m’a choisie et qui m’aime malgré les hauts et les bas de ma carrière. Ma gérante, elle m’aime même quand je suis pas bonne!
Dans le milieu artistique, nombreux sont ceux qui sont en couple avec d’autres artistes comme eux. Beaucoup de couples célèbres vivent les ragots de mauvaises langues disant de façon injustifiée qu’ils se fréquentent pour faire avancer leur carrière. Depuis plusieurs années, tu es en relation avec Guillaume Wagner, un humoriste comme toi, que réponds-tu à ces gens-là ?
Dans mon cas, quand j’ai commencé ma relation avec Guillaume, nous étions tous les deux peu connus. De mon côté, mon amoureux est tellement intègre et authentique, ça serait impossible qu’il laisse une fille être dans sa vie pour les mauvaises raisons. De toute façon, les gars vont pas vers les filles humoristes alors on n’a pas le choix de sortir avec les gars du milieu! (rires) Les gens qui jugent ne comprennent clairement pas ce que nous sommes. Dans mon cas, si j’avais voulu « faire avancer ma carrière » ou être opportuniste, j’aurais visé bien plus haut que Guillaume. (rires) Comme bien d’autres, le temps va nous donner raison voilà tout. Il y aura toujours des gens de mauvaise foi, on n’y peut rien. Mais j’avoue que les gens qui nous regardent de l’extérieur peuvent être jaloux de notre bonheur! C’est vrai qu’on s’aime à la folie et que si je voyais ça sans être dans la relation, moi aussi je serais jalouse pis je nous haïrais! (rires)
Tu es une femme cultivée, très allumée sur l’actualité et on le voit bien dans ton show 60 min avec Kim Lizotte dans le cadre du Zoofest . Que penses-tu du Québec actuellement?
Quand je regarde ça, moi je trouve ça beau et ça me rassure! Ça fait longtemps que je dis à mon copain qu’on n’est peut-être pas nés à la bonne époque. On est des révolutionnaires dans une province où les gens sont bien dans leur confort et bien dans leur indifférence. Et là , ce qui se passe en ce moment ça m’encourage et même que ça me donne moins le goût de revendiquer autant puisque les gens se mobilisent maintenant. Moi, la grève étudiante ça m’a permis de me sentir moins seule dans mes convictions et de voir que les gens étaient ouverts au changement. Je pensais qu’on s’en allait carrément vers une remontée de la droite, acceptée et tolérée par le peuple; qu’on acceptait la corruption, qu’on acceptait « de se faire fourrer »…Si Jean Charest est réélu, selon moi, c’est comme si le Québec s’avouait digne de se faire exploiter.
Si tu devenais, comme par magie, première ministre du Québec demain, les trois premières choses que tu changerais?
Bonne question… Premièrement, je ferais la souveraineté du Québec! Deuxièmement, la gratuité scolaire… et troisièmement, j’arrêterais le Plan nord immédiatement!!
Tu participes au Show XXX cet été, aussi dans le cadre du Zoofest . Pourquoi? Aimes-tu sortir de ta zone de confort?
Moi aussi je suis surprise de me voir là -dessus! (rires) J’ai toujours dit que jene ferais jamais le Show XXX. C’est Jonathan Roberge qui m’a approchée pour le projet et j’avais le goût de travailler avec lui. En plus, avec ses beaux yeux, on ne peut pas lui dire non! (rires) Enfin, j’ai accepté le défi de faire des jokes de cul devant un public préparé à ça. Parce que sinon, quand une fille comme moi fait des jokes salées : pour les filles, je suis déplacée, les gars t’imaginent toute nue, les filles imaginent leurs chums m’imaginer toute nue (rires) et là ça finit plus! Bref, pour une fois, j’ai le contexte pour en parler, parce que dans le fond, c’est l’fun d’en parler et oui, moi aussi j’ai une vie sexuelle, je suis une femme!
Le pire pick-up line qu’un gars t’a sorti pour te cruiser?
Un asiatique anglophone une fois m’a dit : « I will buy you a house! I will buy you a house! Tomorrow, I will buy you a house! » (rires) Y comprenait pas du tout pourquoi je voulais pas une maison!
Tu es une fille stylisée… aimes-tu la mode, où magasines-tu?
Je déteste magasiner! Je hais les boutiques, essayer du linge. En plus, j’achète toujours des choses bizarres qui ne me vont pas bien! Ma mère travaille en mode à l’international, alors quand elle revient de ses voyages, elle me rapporte plein de linge. Bref, c’est ma mère qui m’habille! (rires)
De plus en plus de femmes vont vers l’humour et les idées sont partagées sur le style qu’une femme doit avoir sur scène pour plaire à tous. Toi, revendiques-tu la féminité en humour?
En général, les gens ne sont pas encore à l’aise que les filles soient très féminines sur scène. Les femmes se comparent et les hommes détournent leur attention de tes propos… Sur scène, j’ai encore le réflexe de me mettre en jeans, t-shirt, de ne pas trop me maquiller, de m’attacher les cheveux, ce que je ne fais vraiment pas à la télé, dans les galas ou dans la vie de tous les jours. Parce que Kim dans la vie est super féminine. J’aime être belle, c’est sûr. C’est encore un conflit peut-être… est-ce qu’on peut être jolie sur scène sans se faire traiter de « poupoune » sans profondeur?!… C’est toujours à double tranchant je crois. De toute façon, quand ça va bien, on va répondre que c’est parce que tu es belle et si ça va mal, que c’est parce que tu es trop belle! Quand tu as du succès, ça devient extérieur à toi et quand tu vis un échec, c’est à cause de ton apparence!
Pour la suite, est-ce qu’on te souhaite mariage, bébé, un one-woman show, une longue carrière en humour?
Souhaitez-moi une grande carrière d’humoriste, d’auteur, une carrière en politique, d’avoir mon propre comté un jour! Mais je ne veux pas me marier, je ne veux pas d’enfants, je ne veux pas de maison et posséder plein de choses. Je ne suis pas matérialiste du tout, je vis dans une commune d’artistes et je suis une hippie bien habillée, voilà tout! Oui pour la belle demande en mariage, mais je ne veux pas voir de curé, de contrat pour la vie, de cousine mal habillée et magasiner pendant un an des centres de table! Non merci! (rires)
Vous pourrez voir Kim cet été dans le cadre du Zoofest dans le Show XXX et 60 min avec Kim Lizotte. Dès cet automne, dans Un gars le soir à Vtélé, Cliptoman à Musique Plus et au Festival de l’humour à Rivière-du-Loup.