En ce beau mois de juillet, je délaisse temporairement mes chroniques mode pour faire des entrevues toutes spéciales « d’humoriste à humoriste ». Comme plusieurs le savent, mon premier amour est l’humour, alors j’ai pensé vous offrir des entrevues en toute intimité avec des amis et des collègues, dans le but de vous présenter mes dernières découvertes ou mes coups de cœur du Festival Juste pour rire.
Martin Félip, comment décrirais-tu ton parcours en humour?
Tel un long chemin de « garnottes »! (rires) Une trail qui menait nulle part! (rires) En même temps, je ne regrette rien, tout était voulu. J’ai toujours dit que je ne me mettrais jamais à genoux, que je ne ferais jamais de jokes de fleurs et c’est le cas. Alors ça a coûté ce que ça a coûté. Un jour, j’ai simplement fait face à tout ça.
L’humour a-t-il toujours été un choix ou plutôt une belle erreur de parcours?
C’est un mixte des deux, parce que je m’enlignais pour le théâtre, mais c’était plus au moins mon monde. Ensuite, je suis allé en arts plastiques, dans un monde libéré, avec des fumeux pis des « mangeux de fenouil »! (rires) Et c’est là qu’on m’a parlé de l’École de l’humour. Oui ça été un accident de parcours, mais en même temps, j’ai toujours été un amoureux de la scène. C’était en 1994 et à ce moment, je savais même pas que tu pouvais apprendre ce métier-là .
Après réflexion, est-ce que tu penses que tu pourrais faire autre chose que de l’humour?
Si j’avais à tout recommencer, je pense que je serais un « olympien »!… (rires) Ce qui est le jour et la nuit par rapport à mon métier, puisque c’est un métier où tu sais tout de suite où tu te situes. Je trouve ça noble, vraiment. Lorsque quelqu’un arrive avec une médaille d’or, quel accomplissement! Moi, j’aurais fait du curling bien tranquille! (rires) J’aime, en général, les Olympiques. Je suis un « mongole » durant les Jeux! (rires) Je suis un souverainiste fini pendant trois ans et demi, mais pendant les Jeux, je suis un « go Canada go! » Bref, je suis un vendu pendant trois semaines (rires).
Notre magazine a comme mission de faire découvrir des passions. Ça peut sembler impossible pour certains, mais tu es animateur scout maintenant. Parle-moi de ce loisir soudain…
Jeune, j’ai toujours « tripé » avec mes amis à être dans le bois, à faire des feux et avoir le droit de jouer avec un lighter. Maintenant, on s’entend que ce n’est plus si fou que ça de faire des feux; par contre, quand j’étais petit, à Saint-Lin, c’était « trippant »! (rires) Ce qui m’a amené aujourd’hui à être scout, c’est que dans mon quartier, Montréal-Nord et Ahuntsic, les jeunes n’ont pas grand-chose à faire et sont souvent issus de milieux défavorisés. Comme ma fille était dans les scouts et qu’ils manquaient visiblement d’animateurs masculins dans les groupes mixtes, j’y suis allé. Bref, je suis dans les scouts parce que je suis un homme! (rires) Mais j’adore ça! C’est le moment quétaine! (rires)
Tu fais aussi partie du Show des papas dans le cadre du Zoofest; avoue que tu n’as rien du papa typique de banlieue?
Je pense que les trois papas dans le show, on est très « anti-casting ». Jérémie Larouche a l’air d’avoir le même âge que sa plus vieille, et Jonathan Roberge, dans son cas, tu espères qu’une loi passe pour ne plus que ce genre de personne-là ait des enfants! (rires) Non, mais tu vois, on est comme trois attardés et nos enfants sont mieux élevés que nous autres. C’est nous qui faisons honte à nos enfants. Ma fille parle mieux que moi! Elle a dix ans et elle me trouve déjà niaiseux. Le monde qui sait pas que je suis parent et qui me voit avec les miens a peur. Les autres qui me confient leur enfant aux scouts y penseraient peut-être deux fois avant de me les envoyer en camp s’ils me voyaient en show! (rires)
Questions de papa en rafale :
-Avec les filles, pognes-tu plus avec ou sans enfants?
Je pognais déjà pas mal! (rires) Non disons que je me suis calmé depuis que j’ai des enfants. Je sors plus, alors je vais devoir répondre… non malheureusement, sans enfants.
-Côté hormones, une fille est-elle plus tolérable enceinte ou pas enceinte?
Non, moi je dirais qu’elles sont toujours folles égale! (rires)
-À l’accouchement, tu assistais le médecin ou tu faisais des respirations pour pas t’évanouir?
Je tapais sur les nerfs de tout le monde, je disais des niaiseries. Je sais pas si j’ai vraiment été très utile. Je dirais que j’étais comme une graine dans un sauna, j’étais pas mal dans les jambes de tout le monde! (rires)
-Des couches de Batman ou de Spiderman?
Mon gars, lui, c’est les Cars.
-« Papa poule » ou « papa sévère »?
Un papa poule qui pogne des fois les nerfs, mais sinon je suis le papa mou, colleux, qui aime les bisous.
-Pour toi, un dessert pour ton enfant, c’est des fruits ou du gâteau?
Des fruits.
-Des faux seins, des seins qui allaitent ou des seins tout naturels?
Ah! tous les seins! Toute la gang! Les trompettes, les sacs de lait, les seins bananes, les oranges dans des bas de laines! Tous! (rires) J’aime les regarder, j’aime leur parler; bref, je m’entends bien avec!
Tu es un homme avec une grande sensibilité, parle-moi de l’importance de l’amitié.
Au début, on en a plein des amis et c’est ensuite qu’on se rend compte qu’on n’en a pas tant que ça. Dans le métier que l’on fait, on voudrait tous être amis, mais c’est pas possible, car il y a beaucoup trop de compétition. C’est bien souvent que des connaissances. Force est d’admettre que ce sont tous des rivaux. Un jour ou l’autre, ça finit par parler dans le dos de l’autre ou on est fier d’avoir fait plus rire… Bref, les amis qui restent à travers les années, tu apprends à être reconnaissant envers eux et à leur faire très attention. Ah Maude! veux-tu me faire un câlin? Je suis ému! (rires)
Plusieurs te perçoivent comme un genre « d’Éric Lapointe » des humoristes; penses-tu être devenu un homme plus calme avec les années?
Ça se peut que je fasse comme lui un jour et que je dise que je me suis calmé. Mais je sais pas quoi répondre en même temps. C’est que j’aime ça faire le party, veiller tard, jaser, rire avec des amis. Je suis papa à la maison le jour, et le soir j’aime être avec mes amis. Y a une phrase que je déteste dans le vie : « Moi je rentre, je vais me coucher, je suis fatigué! » Non moi j’aime mieux dormir 3 h, profiter de la vie et des gens autour de moi. Par contre, à presque 40 ans, y a des matins plus durs que d’autres (rires).
Martin, on te souhaite quoi pour les 10-15 prochaines années?
J’aimerais avoir une émission de télé. Je vais bumper Alexandre Barette de Taxi payant! (rires) Ou m’ouvrir un mini-putt dans le coin de Saint-Lin; bref, de quoi de tranquille! (rires) En ce moment, j’ai plein de beaux projets qui s’en viennent, alors je ne suis pas inquiet. De toute façon, j’ai encore l’air d’un kid de 20 ans alors ça va bien aller pour moi. Tant que je me fais toujours « carter » au dépanneur pour des cigarettes, tout va bien! Je pourrais aussi jouer dans Ramdam s’ils reviennent! (rires)
Vous pourrez voir Martin Félip sur les planches du théâtre Saint-Denis les 7 et 8 décembre prochain avec son spectacle Humour Aveugle. Et nous souhaitons tous une suite au Show des papas!