Mike, c’était quoi ta pire crainte en commençant en humour?
Ma pire crainte au début, c’était de changer. C’est que j’avais une idée bien claire de ce que je voulais faire et je voulais avoir des professionnels pour m’aider à y arriver (en parlant de l’École nationale de l’humour). J’avais peur qu’on me mette dans un moule. J’avais peur de ressembler à ce qui avait été fait avant moi.
Tu as été nommé « révélation » à Juste pour rire et au Grand Rire Bleue en 2002; depuis, tout s’est enchaîné à un rythme fou. Comment as-tu vécu toute cette demande d’un seul coup?
J’ai commencé à faire de l’humour en 93 et ensuite, j’ai été nommé « révélation » en 2002, alors ça faisait déjà 10 ans que je travaillais fort, disons. Je gagnais déjà bien ma vie à ce moment-là . J’étais content de ne pas passer « de pauvre à vedette » du jour au lendemain. Donc, je l’ai pas tellement senti. Par contre, pendant un mois après avoir été nommé « révélation », je me trouvais désagréable et je ne me « prenais pas pour de la marde »! Alors, j’ai fait : « ok il faut que tu te calmes! ». Faque j’ai été désagréable pendant juste un mois.
Tu étais du Gros Show et maintenant à Cliptoman à Musique Plus; est-ce que tu affectionnes particulièrement cette chaîne ou cela te permet de maintenir un public cible?
Moi, je voulais plus retourner à Musique Plus, mais c’est eux qui m’ont proposé Cliptoman comme concept et j’ai tripé. C’est tellement facile pour moi, c’est juste bitcher! Ils nous laissent une liberté totale, ce qui n’existe plus maintenant en télé.
Est-ce qu’il y a une différence entre le public que tu avais à tes débuts et celui que tu as maintenant?
Ç’a évolué pas mal. Mon humour aussi a changé. La base est la même, mais les deux évoluent ensemble. Ça me surprend et je suis bien content; maintenant, y a des vieux pis des filles dans la salle!
Tu es un homme curieux, brillant, très cultivé et ouvert d’esprit; as-tu cessé de lutter contre les gens qui ne comprennent pas le second niveau ou ton style d’humour?
(Rires) On s’en sort jamais. Exemple, cette année, je commence le festival Juste pour rire avec les retrouvailles de Testostérone et j’ai dit oui à Marc Boilard, mais en autant que le monde ne pense pas qu’on revient ensemble. Parce qu’on va se le dire, Testotérone c’est de l’humour qui marche plus, c’est un vieux show de mononcles. Juste pour te dire, on avait même le titre : Testostérone : les retrouvailles. Est-ce vraiment nécessaire? Alors, je me suis dit que personne pouvait voir ça comme : « ah! les tabarnaques pour qui qui se prennent pour revenir! ». Bien peux-tu croire qui avait du monde dehors avec des pancartes?! Come on, c’est un show qui existe plus depuis 10 ans! On peux-tu juste faire des retrouvailles un soir sans que le monde capote?! Moi, au début, je pensais que la manifestation contre le show, c’était une blague. On était tous à la Crèmière avant le show et moi, je postais des drôles de répliques là -dessus sur Facebook en passant que c’était une joke. Pis non! Je pouvais pas y croire!
Est-ce que la polémique et la mauvaise presse autour de toi nourrissent indirectement ta popularité?
Oui, exemple : Guy Fournier du Journal de Montréal, est comme obsédé par moi! Ça fait comme trois fois qu’il écrit sur moi dans la dernière semaine. (Un des articles en référence : http://www.journaldemontreal.com/2012/07/25/mike-ward-a-t-il-ete-harcele-enfant). Mais c’est sûr que ça m’aide au boutte. Puisque le monde qui parle en mal de moi c’est surtout du monde de la vieille génération qui a juste l’air de vieux frustrés! Alors oui, c’est de la bonne pub. J’aime pas ça pareil, mais au final, c’est bon pour moi. Ça me fait de quoi quand les gens aiment pas ce que je fais, mais… mais au départ, j’écris pour me faire rire en premier. Je préfèrerais vivre dans l’anonymat et juste avoir des critiques de spectacles lors de mes premières.
En congé, qu’aimes-tu faire de tes journées?
Moi, je fais absolument rien! Avant, je me cherchais toujours des choses à faire; je me suis acheté plein d’outils en me disant je vais travailler le bois… pis non. Finalement, moi ma passion, c’est l’humour en anglais! J’aime rien (rires). J’ai même pas les voyages comme passion; je voyage juste pour faire des shows. Moi, le matin, je vais en pyjama devant l’ordi, je regarde des trucs sur le Web et je cherche des jokes! Je suis plate. Là , je commence à vieillir, va falloir que je me cherche un sport, parce que je suis tellement pas en forme.
As-tu des blagues que tu regrettes avec le recul?
Non! Vraiment pas. Tout le monde pense que tsé mettons mon gag sur la petite Cédrika, bien que je vais le regretter un jour… Pis non. Je vais pas le regretter parce que c’était pas un gag méchant. Même si ça avait été un gag méchant, parce que j’en ai des gags ultra-méchants, bien je les écris pour faire rire. Et si les gens ne le prennent pas, c’est pas de mes affaires.
Tu es avec ta femme depuis 14 ans , Mary-Chantal Bertrand, vous êtes un beau duo; qu’est-ce qui t’a séduit chez elle?
Son sens de l’humour! Est super drôle. La première fois que je l’ai vue, elle m’a fait rire. Je l’ai rencontré la journée que ma mère est morte. Tout le monde à maison pleurait… bien c’est normal quand quelqu’un meurt… et je m’étais acheté des billets d’humour à Québec pour me changer les idées. Bref, j’ai pas ri au show, mais Mary était là et elle, elle m’a fait rire. Je pense que la deuxième phrase que je lui ai dis c’est : « c’est une femme comme toi que je vais marier! » Là , j’ai renchéri en disant : « c’est pas toi que je vais marier, mais une fille comme toi » et elle a rit. Ça fait vraiment longtemps qu’on est ensemble et on est un bon couple.
Vous avez pensé adopter; pourquoi avez-vous changé d’idée?
Parce que les enfants me tapent sur les nerfs! On a fait tout le processus d’adoption… On est allé passer une semaine chez mon frère avec ses enfants et là , on a changé d’idée! On a réalisé que moi je faisais ça pour ma blonde et qu’elle faisait ça pour moi. Elle pensait que j’avais comme l’instinct paternel, que j’ai pas pantoute! Et moi, je pensais qu’elle avait besoin d’un enfant… pis finalement, on est parrain et marraine d’un petit cul qu’on aime au boutte!
Pourquoi tu n’as pas fait une carrière internationale en anglais?
C’est que j’adore le Québec et je veux rester au Québec. En ce moment, je suis ouvert aux États-Unis… mais on va voir. Je vais toujours rester ici, c’est ma base. J’aime le Québec puisqu’ici on respecte les humoristes plus qu’ailleurs. Même Louis C.K. a des hecklers dans ses shows. Ici, au Québec, on n’a pas ça; les gens respectent l’humour. Des fois, un peu trop même. Les gens ici prennent souvent l’humour trop au sérieux. Je veux dire un humoriste fait un gag de Joël Legendre sur Facebook pis ça se retrouve front page du journal! J’en parlais à mon gérant la dernière fois et je pense que ça serait bien que je disparaisse un bon deux ans et que les gens m’oublient presque, idée qu’on chiale sur d’autre monde, par exemple Guillaume Wagner. J’ai moins de marge de manÅ“uvre en ce moment. Après ma dernière tournée, je m’étais éclipsé et là , on s’était mis à bûcher sur Jean-François Mercier. Je pense qu’il faut que je disparaisse pour mieux revenir; parce que moi, j’aime ça taper sur les nerfs des gens! (rires)
Rêves-tu en anglais ou en français?
Je rêve en anglais. Avant, je me trouvais plus anglophone que francophone et là maintenant, c’est l’inverse. Quand je parle à des francophones, je sens toujours qu’ils me traitent comme un anglophone et quand je parle avec des anglophones, je sens qui me voit comme un francophone. Je me sens jamais inclus (rires). Quand j’étais petit, je restais à Québec, mais j’allais dans une école anglophone. On n’avait pas le câble, alors jusqu’à 5 ans, je pensais que mon père avait inventé une nouvelle langue!
Mike, tu es rendu dans les grands de l’humour au Québec; on peut te souhaiter quoi maintenant?
De continuer à être pertinent. Que le monde qui me respecte et qui m’aime continue à me trouver pertinent. Que Guy Fournier m’aime pas, ça je m’en calice! Mais qu’un humoriste de la relève me trouve mauvais, ça, ça me fait mal! J’aimerais rester un exemple pour eux et au moins, qu’on respecte ma démarche.
Vous pourrez suivre Mike dès cet automne à Cliptoman sur les ondes de Musique Plus. Pour consulter ses dates de spectacles, visitez : http://mikeward.ca/.