À la manière d’un road-movie, Grand Est raconte l’histoire d’un père (Denis Robert ; le récit est autobiographique) qui souhaite faire découvrir sa région natale, la Lorraine, à son fils de 8 ans, Woody. Si à une époque la région était une grande productrice de fer, elle est aujourd’hui sur le déclin. Beaucoup de gens sont sur le chômage et certains centres-villes de municipalités ont des allures de villes-fantômes, tant le nombre de commerces fermés est élevé.
S’il fait parfois dans la nostalgie, Grand Est demeure surtout un roman graphique d’actualité. Denis Robert, visiblement de gauche, discute des choix politiques du gouvernement actuel et des gouvernements passés. Il tente de comprendre pourquoi la région qu’il aimait tant n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même.
Sans être une critique pure du capitalisme, l’auteur désapprouve dans son livre ce régime économique et social. Pour lui, le monde se porterait probablement mieux si nous étions un peu plus à gauche.
Denis Robert ne fait pas seulement que vider son sac. Grand Est est également une œuvre profondément humaine. Accompagné de son fils, il va rencontrer toutes sortes de gens. Chaque fois, le papa va prendre la peine de les écouter. Si certains s’en sont malgré tout bien sortis, ce ne sera pas le cas de certaines personnes qui peinent à joindre les deux bouts.
Ce voyage en voiture est aussi une façon pour Denis Robert de se rapprocher de son fils et de lui montrer une autre facette de notre monde. En fait, il espère que son garçon va comprendre que notre monde n'est pas blanc et noir comme celui des super-héros (comme beaucoup d'enfants de son âge, Woody est un fan des Avengers et autres héros en collants).
Évidemment, le lecteur aura intérêt à connaitre un peu ce qui se passe actuellement en France pour mieux comprendre les enjeux de cette bande dessinée. Cependant, même si on n’est pas diplômé en politique internationale, il est facile de faire des liens entre ce qui se passe en Lorraine et ici au Québec dans certaines villes minières.
On ne sait pas trop si c’est rassurant ou inquiétant, mais la lecture de Grand Est nous fait réaliser que la belle province n’est pas la seule à connaitre certains problèmes économiques…
En jouant avec les couleurs et les reliefs Franck Biancarelli réussit pour sa part à créer un bel effet qui permet aux personnages de se démarquer. On a souvent l’impression qu’ils vont sortir de leurs cases pour prendre vie devant nous.
Verdict
Bien que se déroulant de l’autre côté de l’océan, Grand Est nous interpelle par sa grande franchise. Denis Robert aime profondément sa région et ça se sent dans chacune de ses planches.
Grand Est
Cote : 3,75 étoiles sur 5