Évidemment, j'étais moins nerveux que lors de la première rencontre, mais je l'étais quand même un peu… Comme on s'était embrassés le premier soir (c'est tout, je vous le jure!), je m'attendais à recevoir le même traitement à mon arrivée au Grand Théâtre de Québec. Je me stationne tout près et marche dans sa direction. C'est malade! Elle est encore plus jolie que la première fois… Elle est comme une sirène sans la queue (et l'odeur) de poisson… aucun problème, je déteste les fruits de mer. On se croise du regard… Je vais l'embrasser sur la bouche, oh oui… encore une fois et ce sera encore mieux que la première! « Salut ma belle, ça va b… ?!? » Elle me présente sa joue. Ce geste m'a surpris… presque autant qu'un pet sans avertissement lors d'un éternuement…
Pas grave, nous allons voir un gala humoristique, ça va être cool! C'est à ce moment qu'elle me révèle que nous serons des « crabes » pour la soirée… elle n'a pas de billets! Des quoi? Moi qui déteste les fruits de mer, je n'ai vraiment pas l'intention d'en jouer un! Je vous explique… Toute cette haine remonte à un souper que j'ai fait il y a quelques années. Pour impressionner mes amis, j'avais acheté des homards afin de les faire bouillir et de les servir comme repas principal avec salade et petits pots de beurre. Mes invités étaient à l'extérieur lorsque vint le moment de les plonger dans l'eau… mais je n'ai jamais été capable! Ils étaient tellement mignons avec leurs petits yeux inoffensifs et leurs gros élastiques bleus sur les pinces. C'était comme si j'allais lancer un bébé dans une baignoire bouillante… Non! NON! Ne sachant pas trop quoi en faire, je suis retourné au supermarché en vitesse pour les échanger, mais la dame refusait de me donner mon argent et de reprendre les fruits de mer en question… J'ai donc acheté de la pizza pour tout le monde et caché les homards dans mon cabanon. Lorsque mes invités seraient partis, je n'aurais qu'à aller les chercher pour les lancer dans le fleuve afin qu'ils retrouvent Willy l'épaulard, Noum le dauphin et le capitaine Highliner.
Savez-vous quoi? Je les ai oubliés là pendant trois semaines! En plein mois de mai… Lorsque j'ai ouvert la porte, ça ne sentait pas l'essence de ma tondeuse à gazon… EURK! Ça sentait l'halte routière de la Gaspésie en pleine canicule!!!! J'exagère, la Gaspésie sent meilleur que ça! C'était un mélange de poisson mort au soleil depuis 3 mois et de l'entrejambe d'un marathonien après une performance à Boston. Je vous jure que cette odeur m'a tellement hanté que je ne peux plus visiter les endroits qui sentent les fruits de mer! Et dire que moi je voulais seulement leur sauver la vie à ces petites bêtes-là… Anyway!
Pour revenir à mes moutons, devenir un « crabe » lors d'un spectacle signifie que lorsque ce dernier est télévisé et que tous les billets ne sont pas vendus, eh bien c'est toi qui remplis les trous. Tu deviens l'exemple parfait du bouche-trou (!), mais je ne suis pas à plaindre! Nous, on a bouché un superbe trou : quatrième rangée à l'avant… tout au centre! BOUM! Pas mal pour des gens qui n'ont rien payé! Et le terme « crabe » vient du fait que tu prends ta place lorsque tout le monde est assis. Donc, tu dois passer devant eux en te promenant de côté dans l'allée! Comme un putain de crabe qui se déplace sur la plage de la Gaspésie! Moi, je jouais le jeu au maximum alors que je simulais des pinces avec mes mains partout, dans la salle de spectacle, au bar, dans les toilettes… J'étais un crabe d'un soir!
Finalement, ce fut une excellente soirée! Ma première expérience comme « crabe » s'est super bien passée… On va probablement me voir à la télévision aussi parce que Michel Boujenah m'a pointé du doigt à un certain moment du spectacle pour que j'embrasse la très jolie humoriste Cathleen Rouleau. Une chance que cette dernière s'est dirigée vers la scène plutôt que vers moi… parce que moi, je préférais embrasser ma jolie sirène à la fin de la soirée! Et dire que je détestais les fruits de mer à la base…