Je vous avoue que c’était avec une certaine appréhension que j’ai commencé ma lecture de Filles de Ériu, le troisième tome, car, le deuxième s’était conclu sur une note tragique et inattendue. On se demandait ce qui allait arriver à nos valeureux héros.
Il faut dire que le début de ce troisième épisode est tout de même assez déstabilisant. L'histoire a en effet fait un bond dans le temps de quelques jours depuis le deuxième chapitre. Je me demandais même si je n’avais pas sauté un album tellement j’étais perdu.
En fait, le scénariste n’a pas cru bon de raconter ce qui s’est passé entre les tristes événements du bateau (la fin de Une mer de cadavres) et le naufrage de Isabellae et ses amis sur une île (le début du troisième opus). Le lecteur a ainsi l’impression qu’il lui manque des pièces de casse-tête pour faire le lien entre les deux bandes dessinées.
Heureusement, nous ne restons pas longtemps dans la brume. Nous reprenons nos repères plutôt rapidement. Quelques pages suffisent à l’héroïne pour faire le pont entre le tome 2 et le tome 3 en nous expliquant dans les détails ce que nous avons manqué.
Ce troisième épisode fait également office de fin du premier cycle. C’est assez difficile de vous raconter ce qui se passe sans vous gâcher la surprise. Disons simplement que la belle rousse arrive au bout de sa quête.
Globalement, ce volume est plus calme et moins violent et sanglant que le précédent. Il y a beaucoup de dialogues et les combats à l’épée sont peu présents. Quand on y pense, il n’y a que le combat final qui est mémorable. Et quel combat! Il conclut magnifiquement cette première trilogie.
En même temps, j’ai trouvé Filles de Ériu scénaristiquement plus approfondi que le précédent. Les auteurs ont travaillé énormément sur la relation entre Isabellae et sa sœur. Ils en ont profité pour répondre à certaines questions qu’on se posait depuis le premier épisode. Certaines de leurs réponses étaient prévisibles, d'autres absolument pas!
Sous le tombeau de 500 rois, le quatrième tome et premier acte du nouveau cycle, change pour sa part complètement de registre. Adieu l’Asie! Et bienvenue l'Irlande! Isabellae et ses compagnons ont fait le voyage jusqu’en Europe pour retrouver les Irlandais et grossir les rangs de ceux qui combattent Jean sans Terre et les envahisseurs anglais.
Contrairement au troisième opus, celui-ci commence dans le feu de l’action. On retrouve Isabellae, et des personnes qu’on ne connait pas, la nuit, dans un château britannique. On ne sait pas trop ce qu’ils font et il faudra attendre, tout comme Une mer de cadavres, quelques cases avant de le découvrir.
Si ce n’était du style graphique, qui est le même, Sous le tombeau de 500 rois aurait vraiment l’air d’une toute nouvelle série avec ses nouveaux antagonistes, personnages secondaires, lieux, motivations et quêtes. Le lecteur est sorti entièrement de sa zone de confort et a le sentiment de recommencer à zéro.
En revanche, ce n’est pas nécessairement désagréable. Ça empêche les auteurs de tourner en rond et de nous servir du réchauffé. Une fois qu’on s’est habitué à ce nouvel univers, ça prend peut-être le tiers du livre, on le trouve rafraichissant!
Au crayon, Gabor continue à nous offrir un dessin élégant, soigné, mais fluide, et ce, autant dans le tome 3 que le tome 4. Évidemment, il y a des différences entre les deux. Par exemple, le tome 4 est plus sombre. C’est normal. Toutefois, son trait conserve la même vigueur dans les deux cas. J’ai particulièrement apprécié sa vision de l’Irlande du 12e siècle avec ses châteaux monumentaux et ses chevaliers en armure.
Verdict
Si Filles de Ériu conclut de façon admirable le premier cycle de Isabellae, Sous le tombeau de 500 rois n’est pas en reste. Ce changement de cap a l’effet d’une bouffée d’air frais. Voilà des bédéistes qui n’ont pas peur d’innover et de se lancer constamment de nouveaux défis! Vivement le tome 5!
Isabellae, tome 3 – Filles de Ériu
Cote : 4 étoiles sur 5
Isabellae, tome 4 – Sous le tombeau de 500 rois
Cote : 3,75 étoiles sur 5