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J’ai tué – John Lennon : pourquoi Mark Chapman a-t-il assassiné John Lennon?

Même s’il ne s’agit pas d’un vrai documentaire (les auteurs nous proposent plutôt leur version des faits de ces événements), J'ai tué – John Lennon donne le sentiment que l’on pénètre véritablement dans la tête du tueur. Et ça, ça donne froid dans le dos!

L’homme semble frustré par l’injustice du monde. Il se demande pourquoi certains, comme John Lennon, ont tout et lui, rien. Guidé par une jalousie maladive, il va se faire passer pour un ingénieur du son travaillant sur le dernier album de la star.

Cependant, son plan n’a rien de très évolué. Il va passer le plus clair de son temps devant l’immeuble de Lennon dans l’espoir d’avoir un autographe (à l’époque, il y avait toujours des fans campant devant le Dakota Building). Il déteste le chanteur presque autant qu’il l’admire…

Les bédéistes n’ont pas cru bon de nous présenter le passé du tueur. Le récit commence par l’arrivée de l’assassin à New York (quelques jours avant la mort de Lennon) et s’arrête au meurtre de l’ex-Beatle. Il n’y a pas non plus d’interminables retours en arrière, ce qui permet au récit d’avoir un rythme plutôt soutenu. Les seuls moments où on a droit à une pause, c’est quand Mark Chapman se met à délirer. Il s’imagine par exemple être le cinquième membre des Beatles. Ces moments empreints de malaises sont très perturbants pour le lecteur, lequel à l'impression de pénétrer dans le jardin secret de l'homme.

Avec son crayon, Gaël Séjourné demeure pour sa part terre à terre. Ça aurait été de toute façon inopportun pour une œuvre de ce genre de se lancer dans quelque chose de trop fantaisiste… Mais même en restant dans la sobriété, il parvient à nous offrir des images fortes et d’une grande puissance brute, et ce, grâce à ses talents de metteur en scène. Chacun des plans est choisi soigneusement. Rien n'est laissé au hasard. 

L’illustrateur français est également très doué pour les décors et la création d’atmosphères. Nous avons notamment droit à une belle reconstitution du New York du début des années 80, avec ses cafés, ses librairies et ses magasins de vinyles. Il n’y a que les scènes de foules qui manquent un peu de finition. Ce n’est toutefois pas le cas de Mark Chapman qui ressemble à s’y méprendre au « vrai ».

Verdict

Je l’avoue. J’ai eu la chair de poule en lisant J'ai tué – John Lennon. J’avais l’impression que Mark Chapman était assis juste à côté de moi et tentait de m’expliquer ses agissements en me chuchotant doucement dans l’oreille. Troublant.     

J'ai tué – John Lennon 

Rodolphe et Gaël Séjourné

54 pages

Vents d’Ouest

Cote : 4 étoiles sur 5

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