Il y a 2 ans, je me questionnais à savoir si les critiques de jeux avaient réellement une influence sur les décisions et opinions des joueurs. À l’époque, le jeu Duke Nukem Forever venait d’être lancé et malgré des critiques dévastatrices, le jeu a connu de bonnes ventes. Peut-être était-ce en raison du nom de la série, mais quoi qu’il en soit, on ne peut nier que ce titre maintes et maintes fois repoussé a trouvé beaucoup de preneurs malgré le peu d’éloges effectuées à son endroit. C’est pourquoi je doutais de l’influence des critiques sur les décisions d’achats des joueurs.
Or, Scheider-Johne n’est pas de mon avis. Citant plusieurs études behavioristes au cours d’une présentation effectuée dans le cadre du Game Developer Conference Europe 2013, le vétéran affirme que les notes des critiques influencent l’opinion des joueurs à travers un concept qu’il nomme le priming. Ce concept est assez simple à comprendre et évoque le fait qu’un stimulus influence la réponse ultérieure d’un sujet.
Comment cela s’applique-t-il au niveau des joueurs ? Eh bien, selon ce concept, si vous lisez une mauvaise critique d’un jeu, cela fera en sorte que vous évoquerez des propos négatifs à son endroit lorsque vous en parlerez. Le contraire s’applique dans le cas de critiques positives.
Je partage plus ou moins l’opinion de Scheider-Johne sur ce point même si je ne doute aucunement de l’influence que peut avoir un stimulus par rapport à la réponse qu’on lui donne dans le futur. Là où je suis davantage en accord avec ce « vieux de la vieille » est au niveau du manque d’uniformité au sein des évaluations de jeux.
Scheider-Johne ne se gêne aucunement pour affirmer que les critiques de jeux se désignent comme tels et qu’ils ne sont pas spécialement doués pour critiquer ce qu’ils évaluent. Sans généraliser, je me dois d’être en partie en accord avec lui, notamment en regardant le portrait actuel de la situation.
Lorsque j’ai commencé à couvrir le jeu vidéo, les conditions d’admissibilité pour être un journaliste du jeu vidéo étaient beaucoup plus strictes. Sans pour autant exiger un diplôme, on désirait à tout le moins que la personne voulant critiquer des jeux et couvrir le jeu vidéo dans son ensemble puisse partager ses opinions à l’aide de bonnes connaissances et d’un argumentaire soutenu et élaboré. Mais, aujourd’hui, il y a un grand laxisme à ce niveau. Quiconque peut se proclamer professionnel dans ce domaine et ouvrir sa propre publication Web ne présente plus les défis d’autrefois, et ce que l’on sache écrire et argumenter ou non. Je respecte beaucoup de publications et je pense qu’elles méritent leur place, qu’elles soient indépendantes ou pas. Mais je crois aussi que certains s’affublent le titre de journaliste, professionnel ou autre sans l’être réellement.
Autre point à mentionner : le manque d’uniformisation dans la notation des jeux. Les médias ne notent pas tous de la même façon et cela influence négativement la façon dont on peut percevoir les jeux à travers les critiques. Si, moi, je note sur 10, d’autres notent sur 5, 20 et 100 ou encore avec un système d’étoiles. Si, moi, je mets 8 sur 10 à un jeu, est-ce l’équivalent d’un 16 sur 20 ou d’un 4 étoiles sur 5 pour un autre journaliste évaluant le même jeu, mais le notant différemment ? Voyez comment l’interprétation des notes peut porter à confusion. Malheureusement, je doute qu’on puisse un jour uniformiser la façon d’évaluer les jeux en raison de la prolifération des médias parlant de ce divertissement, surtout sur le Web.
Ceci dit, pour Scheider-Johne, ce système brisé a un impact négatif sur plusieurs compagnies, spécialement celles comptant sur les notes pour vendre leurs produits. Puisqu’il n’y a pas d’uniformité, ces firmes doivent alors se rabattre sur le bouche à oreille pour connaître du succès et, surtout, pour que ceux s’intéressant à un jeu en particulier aient une idée réelle de ce dernier allant au-delà des notes disparates lui étant attribuées par les critiques. Bien entendu, au bouche à oreille classique, il est possible d’ajouter l’effet des écrits sur les médias sociaux tels que Facebook ou Twitter.
Qu’en pensez-vous ? Les notes négatives ou positives influencent-elles autant les joueurs comme le soutient Scheiber-Johne ? Si tel est le cas, quelle serait la meilleure méthode pour évaluer les jeux afin de ne pas confondre le consommateur ?