Je ne serais pas surpris de voir un fournisseur de cartouches commanditer la carrière du jeune Johnny Football, tellement il a fait couler de l’encre depuis quelques années! Avant même son arrivée dans la grande ligue, nous avions une petite idée du cirque qui venait avec l’athlète. Maintenant, multipliez ça par le facteur NFL, c’est-à-dire plusieurs millions en plus, une visibilité dont toutes les compagnies rêvent et l’idole en devenir de plusieurs millions d’amateurs…
Mais au-delà de tout ça, Johnny Manziel est aussi le porte-flambeau d’une génération qui occupera de plus en plus de place sur le marché du travail, les enfants du millénaire ou encore, la fameuse génération Y. Ils sont informés, connectés, en communauté, veulent savoir pourquoi ils font les choses, ne sont pas fidèles à leurs employeurs… Et ils n’amènent pas que leurs amis et collègues sur le marché du travail avec eux, ils amènent également une vision et des valeurs qui vont chambouler les façons de faire en affaires.
« Les jeunes sont paresseux. » « Ils passent leur temps à texter. » « Ils ne pensent qu’à eux. »
Ces préjugés font partie de nombreux commentaires qu’on entend souvent à leur égard. Faites attention! Les enfants du millénaire font partie de la génération la plus éduquée et la plus diversifiée de l’histoire. Alors que leurs parents leur ont enseigné que leur opinion est très importante et qu’ils doivent s’exprimer, les Yers s’amènent dans les entreprises avec leur mot à dire.
Paresseux? Non, différents!
En contraste avec leurs parents, les jeunes de la génération Y ont besoin d’un but profond lié à leur emploi. Ils ne croient pas en une lourde hiérarchie où ils doivent respecter de strictes conditions… Ils veulent s’impliquer et veulent dire leur mot, maintenant! Leurs parents vivaient pour travailler? Eux, ils travaillent pour vivre. Ils ne sont pas prêts à vivre avec les mêmes contraintes que leurs parents, alors qu’ils carburent à l’autonomie.
« Faites–nous confiance, on va livrer le travail! »
Ces caractéristiques sont celles qui vont frapper de plein fouet, si ce n’est déjà commencé, les gestionnaires de vos entreprises prochainement.
Nous pourrions nous étendre sur une vingtaine d’articles pour parler du choc des générations, mais revenons sur la planète football.
Depuis qu’il s’est fait repêcher par les Browns, Johnny Manziel a fait les manchettes à de nombreuses reprises, notamment en ce qui concerne ses activités « extra–football ». Fêtes à Las Vegas, fréquentations douteuses… l’heure est à la fête pour Manziel.
Au lieu de passer ses journées suivant un horaire strict à étudier les systèmes dans lesquels il évoluera à Cleveland, l’ex-Aggie profite au maximum de ce qui lui arrive, tout en prenant les mesures nécessaires pour connaître les systèmes de jeu comme il se doit (qu'il étudie en avion par exemple).
« Faites-moi confiance, je vais livrer le travail! »
Les baby–boomers ont été habitués à tracer une ligne entre le travail et la vie personnelle… Faire la part des choses! Les Johnny Manziel de ce monde sont habitués à travailler de n’importe où, à n’importe quelle heure, tant que le travail est livré… Tout est en relation.
Le football professionnel est un bon exemple de structure où les rôles sont hautement hiérarchisés. Avoir un Manziel dans son équipe, c’est aussi devoir gérer des façons de faire qui ne sont pas traditionnelles.
Selon moi, le Johnny Manziel Show dans la NFL est la caricature extrême du bouleversement que les chocs générationnels subiront sur le plan affaires dans les années à venir.
Comme le prônent de nombreux experts sur les stratégies de gestion des ressources, l’arrivée des nouvelles générations risque d’entraîner l’aménagement de masse d’environnements de travail axés sur le rendement (ROWE) afin que les travailleurs aient la possibilité de s’épanouir de la façon qu’ils l’entendent.
Les Browns ont-ils fait un bon choix de repêcher ce Y?
C’est en se posant la question des Y qu’ils seront en mesure d’y répondre : a-t-il livré la marchandise?
Et malgré le fait que nous jugions huit mois par année, la réponse à cette question ne sera seulement disponible qu’après quatre mois de mise à l’épreuve.