Les Canadiens à la défense de leur patrie!
La guerre qui opposait les États-Unis et les colonies britanniques d’Amérique du Nord (Bas-Canada, Haut-Canada, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick) faisait rage depuis un an déjà lorsque la menace se précisa en 1813 pour les défenseurs canadiens; les Américains voulaient couper l’approvisionnement des forces canado-britanniques du Haut-Canada en s’attaquant à Montréal. Une fois celle-ci prise, ce ne serait qu’une question de temps avant que le Canada ne tombe. C’est pourquoi les forces de défense du Bas-Canada devaient être mises à contribution au maximum afin d’empêcher Montréal de tomber pour la deuxième fois en près de quarante ans aux mains des Américains. Il fallait recruter des hommes parmi la population du pays pour pallier le manque de ressources britanniques en Amérique, car les guerres napoléoniennes en Europe rendaient impossible l’envoi suffisant de troupes régulières.
Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry
Le gouverneur général George Prévost (d’origine suisse francophone) demanda alors à un Canadien français qui s’était distingué au sein de l’armée britannique, Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, de créer une unité d’infanterie légère au sein de la population bas-canadienne (majoritairement francophone et aussi anglophone). On lui donna le grade de lieutenant-colonel ainsi que le mandat de former un corps bien entraîné de 500 hommes. Ils auraient un uniforme distinct, différent de celui des unités britanniques habillées en rouge, car ce n’était pas très populaire auprès de la population canadienne-française. On opta ainsi pour un uniforme gris avec ornements distinctifs noirs et bonnet de poil d’ours. En quelques mois, Salaberry réussit, à force de discipline et d’efforts, à mettre sur pied le corps des Voltigeurs canadiens qui jouera un rôle déterminant dans le conflit se déplaçant vers Montréal.
Le héros de la bataille de la Châteauguay, le lieutenant-colonel Charles-Michel d'Irumberry de Salaberry
La bataille de la Châteauguay
Afin d’atteindre leur objectif qu’est Montréal, les Américains avaient mis sur pied un plan qui prévoyait la jonction de deux armées à l’Île-Perrot. L’une viendrait des Grands Lacs en suivant le fleuve Saint-Laurent et l’autre arriverait par le sud en remontant le lac Champlain et la rivière Richelieu. Cette dernière, forte de 5700 hommes, se tenait à la frontière américaine. Le général Wade Hampton décida de traverser la frontière avec 3000 hommes (les autres, des miliciens, disaient que leur contrat leur interdisait de servir hors des É.-U.) et de suivre le cours de la rivière Châteauguay qui allait droit vers Montréal. C’est là que Salaberry décida d’établir ses positions défensives qui consistaient en une série d’abattis (arbres coupés, affilés et couchés en tas entre les belligérants) et d’attendre l’ennemi.
Le 26 octobre 1813, Salaberry est en position, à Allan’s Corner près de Ormstown, avec 300 Voltigeurs, quelques miliciens sédentaires, 22 Amérindiens et, en réserve, des Fencibles canadiens et de la milice d’élite incorporée. Ils affrontèrent près de 3000 fantassins américains. La fusillade qui s'ensuivit dura des heures, mais les Voltigeurs tinrent bon. Salaberry tenta alors de bluffer l’ennemi en lui faisant croire qu’ils étaient bien plus nombreux qu’en réalité et fit sonner le clairon un peu partout derrière ses troupes afin que les Américains croient que des renforts arrivent de partout! Devant cette ruse et l’aplomb que firent montre les Voltigeurs devant eux, les Américains se retirèrent chez eux la queue entre les jambes!
Montréal et le Canada ne seront pas américains…
Les conséquences de cette victoire sont nombreuses. Bien sûr, ce ne fut pas la plus sanglante des batailles de la guerre de 1812 (seulement 4 morts et 12 blessés du côté canadien alors que les Américains ont laissé 50 morts et 100 blessés sur le terrain), mais la Bataille de la Châteauguay stoppa l’armée d’invasion américaine de poursuivre son avancée vers Montréal. Ce fait d’armes fut aussi source de fierté pour le peuple canadien-français qui se battit pour sa patrie et trouva aussi un héros en la personne de Salaberry.
Finalement, l’autre armée américaine qui devait faire jonction à Montréal fut elle aussi arrêtée à Morrisburg, Ontario, lors de la bataille de Crysler’s Farm en novembre 1813. Montréal était définitivement sauvée!
Liens :
Sources photos : www.museedelaguerre.ca; www.warof1812.ca; Parcs Canada.