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La portabilité avant la puissance
Après l’immense succès de la NES, Nintendo désire prendre d’assaut un nouveau marché très peu exploité. Quelques compagnies, dont Milton Bradley, ont tenté leur chance sur ce marché, sans connaître un énorme succès. La firme nipponne croit quand même pouvoir lancer une console profitable qui pourra être trimbalée un peu partout sans casser la tirelire des joueurs. En effet, l’un des objectifs de Nintendo est clair : concevoir une console dont l’attrait sera la portabilité avant la puissance, ce qui sera tout le contraire de la Game Gear de Sega.
Gunpei Yokoi, qui a déjà fait ses preuves chez Nintendo en concevant les petites machines et jeux Game & Watch et plusieurs jeux pour la NES, travaille d’arrache-pied avec son équipe afin d’assembler la console désirée par son employeur. Yokoi réussit à fabriquer une machine dont la puissance est comparable à celle de la NES, mais qui devra être vendue avec un écran monochrome sous peine de voir son prix de vente exploser. Contrairement aux Game & Watch, la nouvelle console utilise un écran garni de pixels et non des dessins prédéfinis. De plus, chaque jeu aura sa cartouche plutôt que d’être directement dans la console.
Le 21 avril 1989, Nintendo lance la nouvelle machine sur le marché japonais. Puis, le 28 septembre, la console est commercialisée en France avant de prendre d’assaut l’Amérique du Nord lors du mois d’octobre. Malgré une qualité visuelle très moyenne et un son plutôt pauvre, la console remporte un succès planétaire. Les gens se l’arrachent en raison de sa petite taille, de sa robustesse (même en l’échappant, il était très difficile de briser une Game Boy !), d'une autonomie plus que respectable n’épuisant pas les piles AA requises pour jouer en quelques heures et d'une librairie de jeux alléchante (dont Super Mario Land, qui se vendra à plus de 18 millions de copies).
Le succès de la Game Boy n’est pas seulement impressionnant en termes de chiffres, mais aussi au point de vue de sa longévité. Malgré quelques variations lancées au fil des années, la Game Boy demeurera en vente pendant près de 10 ans et connaîtra de très bonnes ventes durant cette décennie. Pour vous donner une idée, sa production s’est officiellement achevée en 2003, ce qui signifie que Nintendo a continué à la produire pendant pas moins de 14 ans.
Les nombreux gadgets de la Game Boy
Tout au long de la commercialisation de la Game Boy, Nintendo a lancé beaucoup d’accessoires. Certains ont été plus populaires que d’autres, mais tous ont trouvé leur niche auprès des consommateurs. En voici quelques exemples :
Game Boy Camera : Une petite caméra ayant une résolution de 128 X 112 pixels et possédant quatre niveaux de gris. Grâce à sa mémoire de 128 Ko, elle pouvait emmagasiner jusqu’à 30 photos.
Game Boy Printer : Une petite imprimante qui pouvait imprimer les photos prises par la Game Boy Camera.
Le Cable Link : Il permettait de relier deux Game Boy ensemble afin de jouer en multijoueur.
Le Light Max : Si vous avez déjà possédé une vieille Game Boy, vous vous rappelez sûrement de son écran sombre. Avec le Light Max, Nintendo a voulu corriger ce problème. L’accessoire s’attachait au-dessus de l’écran et permettait d’avoir une meilleure vue sur l’action grâce à sa loupe et ses deux petites ampoules intégrées.
Game Boy Radio : L’accessoire s’insérait dans le port des cartouches de la console et utilisait les piles de cette dernière. On pouvait évidemment écouter la radio en utilisant les petits écouteurs fournis.
Le Super Game Boy : L’un des accessoires les plus populaires de la Game Boy. Il s’agissait d’une cartouche spéciale conçue pour la Super Nintendo et dans laquelle on pouvait insérer les cartouches de la Game Boy pour jouer sur un écran de télévision. On pouvait choisir divers arrière-plans et apposer quelques couleurs aux jeux Game Boy.
Les autres itérations de la Game Boy et le vrai successeur de la console
Comme je l’ai mentionné, au fil des ans, plusieurs variations de la Game Boy ont vu le jour. Ainsi, en 1995, Nintendo doit composer avec l’échec du Virtual Boy. N’ayant nullement prévu cette catastrophe commerciale, Nintendo se ravise rapidement et lance un nouveau modèle de la Game Boy en espérant que ce nom est toujours synonyme de succès. En 1996, elle met finalement sur le marché la Game Boy Pocket, dont la taille est de 30 % inférieure à celle de la Game Boy. L’écran, très légèrement agrandi, a aussi perdu son look verdâtre et l’autonomie de la console a été accentuée pour passer à 10 heures avec deux piles.
En 1998, Nintendo lance une autre version de la Game Boy au Japon sous le nom Game Boy Light. Le gros attrait de cette nouvelle console est son rétro-éclairage, qui offre une bien meilleure netteté de l’image à l’écran et qui permet aussi de jouer dans le noir. L’autonomie de la console est aussi améliorée, passant à 12 heures avec deux piles lorsque le rétro-éclairage est allumé et 20 heures sans le rétro-éclairage.
Toutefois, le succès de la Game Boy Light sera de courte durée puisque la même année, Nintendo mettra en vente le successeur de sa console. En effet, Nintendo lance la Game Boy Color, qui double la puissance du processeur et la mémoire de la Game Boy. De plus, elle est compatible avec les jeux Game Boy, en plus de permettre d’apposer quelques couleurs à ces derniers. Cela a permis à Nintendo de faire d’une pierre deux coups, soit de commercialiser une nouvelle machine attrayante, tout en continuant de vendre des jeux Game Boy.
Il faudra attendre l’année 2001 avant de voir l’arrivée de la Game Boy Advance, qui double là encore la puissance du processeur et qui permet de générer des jeux de qualité comparables à ceux de la Super Nintendo. Supportant elle aussi les jeux Game Boy et Game Boy Color, elle possédait également quelques faiblesses de la Game Boy, dont un écran sans rétro-éclairage ne permettant pas d’y jouer dans le noir. Il était aussi quasi-impossible d’y jouer si une lumière ambiante trop prononcée était présente.
En mars 2003, Nintendo met sur le marché une nouvelle version de la Game Boy Advance titrée Game Boy Advance SP. En outre, cette dernière est plus petite, peut se replier en deux, propose un rétro-éclairage d’excellente qualité et comprend une pile intégrée rechargeable. Ce sera la dernière version de la Game Boy à être compatible avec les jeux de la Game Boy originale.
Enfin, la gamme Game Boy voit sa dernière machine être lancée en septembre 2005 avec la Game Boy Micro. Comme son nom l’indique, elle est miniature, ayant une taille de 10 cm de long sur 5 cm de large et seulement 2 cm d’épaisseur. Pour vous donner une idée de sa petitesse, elle ne pèse que 80 grammes! Son devant est amovible et peut donc être personnalisé à l’aide de couvercles mis en vente par Nintendo et d’autres fabricants. De plus, son écran propose une netteté d’image et un rétro-éclairage supérieurs à ceux des autres Game Boy, et ce, en dépit de la petite taille de la console.
La marque Game Boy prend fin quelque temps plus tard lorsque Nintendo lance sa nouvelle gamme de consoles portables avec la fameuse Nintendo DS. Au total, il s’écoulera 118,6 millions d’exemplaires de la console et de la Game Boy Color à travers le monde, la consacrant comme l’une des consoles les plus vendues de tous les temps!
Quelques petites anecdotes sur la Game Boy
Pour terminer cet article soulignant l’histoire de la Game Boy, voici quelques petites anecdotes qui ont parsemé l’existence de cette machine extrêmement populaire de Nintendo :
– Gunpei Yokoi était, à ses débuts chez Nintendo, le concierge et responsable de l’hygiène des bureaux de la compagnie!
– Même si le Cable Link permettait à deux joueurs de jouer ensemble, des accessoires offraient la possibilité de jouer à quatre joueurs. Encore plus impressionnant, le jeu de tir à la première personne Faceball 2000 pouvait se jouer à 16 joueurs par l’entremise d’un amalgame de câbles et d’adaptateurs. Disons que cela faisait beaucoup de fils!
– En 1996, la Game Boy doit un regain de popularité à une franchise dont vous avez peut-être entendu parler. Vous savez, une certaine série Pokemon?
– 700 jeux ont été lancés pour la Game Boy, plusieurs étant devenus des classiques du jeu vidéo. Parmi ces derniers, on compte les deux premiers opus de la série Super Mario Land, Tetris, The Legend of Zelda : Link’s Awakening, Metroid 2 et Donkey Kong Land.
– Malgré son nom, la Game Boy n’était pas qu’une « affaire de gars ». En effet, en 1995, Nintendo a dévoilé les résultats d’un sondage indiquant que 46 % des utilisateurs de la Game Boy étaient des filles. Une console égalitaire au niveau des sexes!
– La Game Boy fut la première console à être amenée dans l’espace. Effectivement, en 1993, l’astronaute Aleksandr A. Serebrov a apporté sa Game Boy afin de se divertir lors des moments de pause de la mission Soyuz TM-17. On estime que la console a effectué 3000 tours autour de la Terre avant de revenir sur la surface terrestre. Elle fut mise aux enchères et vendue pour 1 220 $.
– Plusieurs gadgets étranges pour la Game Boy furent lancés ou, à tout le moins, pensés. Par exemple, au début des années 90, l’avènement des petits PDAs a amené certaines compagnies à penser que la Game Boy pourrait accueillir des logiciels de calcul, de calendrier personnel et même de taux de change, bien qu’ils ne furent jamais commercialisés. Puis, en 1998, Bandai a lancé un sonar pour la Game Boy capable de repérer des poissons à plus de 20 mètres sous la surface de l’eau. Malheureusement pour les pêcheurs n’habitant pas au Japon, le sonar ne fut lancé qu’au pays du soleil levant.
– La Corée du Sud fut le seul pays où la Game Boy ne fut pas lancée sous ce nom. En raison des conflits historiques entre le Japon et la Corée du Sud, les produits japonais sont bannis de ce pays. Or, pour la Game Boy, on a fait une exception en raison de son succès. Résultat : Nintendo a conclu une entente avec Samsung afin que celle-ci se charge de la mise en vente de la machine en Corée du Sud sous le nom Mini Comboy.
– En l’an 2000, la technologie utilisée dans une seule unité de la Game Boy était plus avancée que toute la puissance de calcul utilisée dans la mission ayant mené le premier homme à marcher sur la Lune en 1969!