Au fil des ans, des mois, des semaines et des jours, de manière répétitive, certains sujets font les manchettes des journaux, des nouvelles à la télé et à radio : le vol et le mensonge, la tromperie, la tricherie, l’orgueil et l’avidité, le sexe, l’argent, la drogue et l’alcool… Consciemment ou inconsciemment, nous en sommes presque habitués. À ceux qui battaient les pavés à travers le monde, cassaient et brûlaient, nous étions devenus des donneurs de leçons! Wow!!!!! Consciemment ou inconsciemment, nous nous disions : « cela ne peut pas arriver ici, car nous sommes un peuple à part, nous vivons en démocratie, tous nos droits sont garantis. Nous sommes une exception… » et d’autres propos rancis du même genre…
En quelques semaines, au printemps, ce qui est arrivé aux autres commence à nous arriver. Nous battons le pavé, nous refusons de dialoguer, de condamner, puis nous acceptons, enfin nous quittons la table de négociation, en prenant à témoin le peuple pris en otage! Sommes-nous devenus des barbares modernes? Non, diront certains observateurs bien-pensants. Cela ne peut pas nous arriver. « L’enfer, c’est les autres » fait-on dire à Jean-Paul Sartre. Maintenant, servons à nous-mêmes la médecine que nous avons tant et tant de fois servie aux autres. Une fois encore à notre corps défendant, nous apprenons que le cordonnier est toujours mal chaussé. Pied de nez de l’Histoire.
Lucidement, qu’est-ce qui a fondamentalement changé? Beaucoup et très peu. Ce qui a changé, et que certains ne semblent pas voir, c’est que le monde est devenu un village planétaire. Ce qui a changé, c’est l’expression du ras-le-bol. De moins en moins, quelles que soient les latitudes, quels que soient les privilèges : démocratie, biens matériels, financiers et autres avantages certains, certaines gens, hélas de plus en plus nombreuses, s’accommodent mal de l’arrogance et de l’intransigeance, du « j’ai tort et les autres ont raison ». Les peuples, quels qu’ils soient, ont des faims et des soifs qui échappent à certains agendas…
Toutes ces choses qui jadis étaient les oripeaux des dictatures se retrouvent comme par enchantement ici! Wow! Que les temps ont changé!
La politique de l’escalade, la tension, l’apologie de la violence desservent plus qu’elles ne servent leurs auteurs et le peuple. Le dire au Québec, la terre de rencontres et des compris, c’est prêcher devant des « convertis ». Mais grande est la surprise de constater qu’un autre vocabulaire y a fleuri : « impasse, inflexibilité, vandalisme, grabuge, arrogance, bravade…» Y a-t-il encore une voix assez forte au Québec pour brasser la cabane et dire : « assez c’est assez » ou bien « ça suffit ». Où sont les vrais négociateurs? Où est passé le gros bon sens des Québécois? Le monde tourne-t-il à l’envers? Le Québec à la recherche de ses négociateurs? Le monde est formidable, vivons seulement.