Tout le monde a déjà entendu l’expression selon laquelle la prostitution est le plus vieux métier du monde, et juste le fait de le dire devrait nous faire nous questionner sur la véracité de l’affirmation; il s’agirait d’un constat bien décevant pour l’humanité, n’est-ce pas? Mais en dehors de cette affirmation, le sujet demeure, bien que tabou, assez intrigant, voire excitant! Il traîne aussi derrière lui la répulsion, l’incompréhension, le désir, la curiosité, l’opprobre… bref, il ne laisse personne indifférent! Glissons-nous dans le monde mystérieux de l’histoire de l’industrie du sexe…
Vendre du sexe
D’entrée de jeu, la prostitution n’est ni plus ni moins qu’un service sexuel rendu contre paiement et n’est certainement pas le plus vieux métier du monde. Le métier le plus ancien serait celui, beaucoup plus noble, de sage-femme. Mais la prostitution a diverses formes et n’a pas toujours été perçue et tolérée de façon égale dans le temps et dans tous les pays.
Dans l’Antiquité, chez les Sumériens et les Babyloniens, il y aurait eu des prostituées sacrées, sorte d’épouses de tous les hommes puisque stériles. D’ailleurs, dans la plupart des civilisations antiques, la prostitution dite sacrée apportait des revenus substantiels aux temples et aux gouvernements.
Chez les Grecs, il y avait des quartiers commerciaux où des endroits regroupant ouvertement des prostituées avaient pignon sur rue. À Rome, il y avait aussi la prostitution très répandue provenant des esclaves. Les esclaves étant considérés comme des propriétés privées, on pouvait les utiliser à toutes les sauces, y compris comme objets sexuels. Il y avait bien sûr des femmes prostituées, des hommes prostitués et bien sûr des enfants. Tout ce beau cheptel (troupeau) d’esclaves prostitués était renouvelé grâce au trafic d’esclaves qu’alimentaient les guerres et la piraterie. La condition misérable des femmes esclaves romaines était telle qu’elles étaient exclues des dispositions des lois sur l’adultère, n’étant pas considérées comme des êtres humains… Aussi, le compagnon d’une esclave qui se prostituait ne pouvait l’accuser d’adultère pour avoir eu des relations sexuelles avec son maître ou un autre client.
Les prostituées se trouvaient généralement dans des maisons conçues à cet effet et qui signalaient aux clients qu’elles étaient en service grâce à une chandelle allumée devant les arcades des portes que l’on appelait « fornix », qui donnera son nom au terme « fornication »! C’est aussi de cette lumière extérieure que vient l’expression « Red Light », qui désigne un établissement de prostitution ou du sexe.
Filles de joie au Canada
Faisons un bond dans le temps et venons en Nouvelle-France au XVIIe siècle pour voir ce qu’il en était de la prostitution chez nos ancêtres colons. Malgré ce qu’ont avancé plusieurs personnes dans le passé, il n’y aurait pas eu tellement de prostitution dans cette colonie française. Certains ont répandu cette idée que les Filles du roi (voir mon article sur le sujet) étaient des femmes de mauvaises vies, des « filles de joie », mais il n’en serait rien. Elles étaient plutôt des orphelines et des désÅ“uvrées prises en charge par le roi. Elles avaient d’ailleurs 15 jours pour prendre mari à leur arrivée, donc bien peu de temps pour la « business »! Il y eut une exception, Catherine Guichelin, qui fut condamnée par le Conseil souverain le 9 août 1675 pour avoir pratiqué le plus vieux métier du monde dans le port de Québec. Elle a eu sept enfants de pères pas tous connus en plus de ses deux maris…
Mais la prostitution fut souvent tolérée au Canada, bien que désapprouvée, au cours de son histoire. Elle avait surtout pignon sur rue dans les quartiers et les rues les plus pauvres des villes. Elle a progressé vers l’ouest canadien en suivant les tracés du chemin de fer. Les bordels se situaient près des tavernes et des gares, tout près de la clientèle.
L’industrie du sexe
De nos jours, l’industrie du sexe s’est diversifiée et prend des virages tout aussi misérables qu’il y a 3000 ans : pornographie infantile, esclavage sexuel avec des immigrantes dont on retient les papiers pour les faire chanter, prostituées droguées pour les rendre plus dociles, rien n’est épargné pour tirer des profits du sexe. Nous sommes bien loin des prostituées sacrées. Ce n’est peut-être pas le plus vieux métier du monde, mais il n’est certainement pas en voie de disparition!
Liens :
http://www.amerique-francaise.com/us_picardsguichelin.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_prostitution
http://www.amerique-francaise.com/us_picardsguichelin.htm
http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/prostitution