Bien peu de choses dans notre société évoquent encore à la fois la fierté, l’amour, la passion et le respect. Pourtant, on le croise tous les jours, déployant ses couleurs et ses valeurs. Je parle ici du drapeau. Ce dernier ne laisse personne indifférent, peu importe celui dont on parle. Au fil du temps, il a pris diverses formes, diverses appellations, mais toujours il a été au cÅ“ur de l’action. Explorons le fascinant monde de la vexillologie.
Sentiment d’appartenance
L’homme est un être grégaire qui se tient en groupe ou en société. Aussi, les bannières, qui sont un moyen d’identification et d’appartenance à un groupe, sont apparues très tôt lorsque se sont développées les premières civilisations. D’après la pyramide de Maslow, élaborée par le psychologue américain du même nom dans les années 1940, le troisième niveau de celle-ci, intitulé « amour et appartenance », note toute l’importance du besoin pour les êtres humains d’appartenir à un groupe et d’être aimés. Il y a 5 000 ans, en Iran, cela prit la forme d’un étendard métallique, puis, vers le Ve siècle avant Jésus-Christ en Grèce, une bannière de tissu fixée sur une perche. Chez les Romains, on allait au combat devancé par les vexillum, porte-étendards qui servaient à identifier les unités militaires. Le vexillum a donné son nom à la science qui étudie les drapeaux : la vexillologie. Le drapeau dans sa forme actuelle apparut d’abord en Chine, mais ce furent les Croisades qui importèrent ce modèle en Europe.
Le côté identifiant des drapeaux s’est élargi avec le temps et aujourd’hui encore, son usage est répandu dans un large spectre d’activité. Historiquement, les drapeaux ont permi de s’identifier au niveau des États (pays, nations, empire). Chaque pays, province, région et même municipalité d’importance en ont un. Ils ornent les édifices publics gouvernementaux comme l’hôtel de ville, l’école, le bureau de poste, etc.
Pour les unités militaires, ils représentent également quelque chose de très puissant. Voir son drapeau tomber aux mains de l’ennemi ou devoir le rendre lors d’une reddition était un déshonneur grave à l’époque où ceux-ci accompagnaient les troupes au combat. Les victoires d’un régiment sont toujours brodées sur le drapeau régimentaire encore aujourd’hui.
Comme le drapeau a un caractère sacré pour les gens qu’il représente, un soin très particulier doit être pris pour sa manipulation et lorsqu’il est arboré. Celui qui est placé devant un édifice public devrait toujours être propre, sans déchirures et installé convenablement en signe de respect et de fierté pour ce qu’il représente. Un ami qui fait de la reconstitution historique de la période Nouvelle-France avec moi (un vétéran) ne cesse de nous rappeler « qu’un drapeau qui touche le sol devrait être brûlé ! ». On en rit, mais nous portons tout de même une attention particulière en déployant notre drapeau.
D’autres types de drapeaux, moins officiels, se rencontrent aussi lors de rencontres sportives (bannières du Canadien de Montréal, drapeau à damiers lors de courses automobiles). Il ne faut pas oublier le célèbre pavillon noir, parfois orné de la tête de mort, que les pirates utilisaient et qui signifiait qu’il n’y aurait pas de quartier!
Notre vocabulaire regorge d’expressions contenant le mot drapeau ou un terme de vexillologie pour imager une situation. En voici quelques-unes :
- Hisser le drapeau blanc : se rendre.
- Baisser pavillon : abandonner.
- Servir sous le drapeau : servir dans l’armée, combattre pour son pays.
- Brandir le drapeau : se mobiliser pour une cause.
Lorsqu’une personnalité significative pour la nation décède ou pour souligner son soutien lors d’un événement dramatique, les autorités demandent alors de mettre les drapeaux en berne, ce qui signifie de faire flotter ce dernier un peu plus bas que le bout du mât. Le caractère sacré du drapeau y trouve alors tout son sens, de même que lors des festivités entourant une victoire nationale ou tout simplement à la fête nationale.
Anecdote d’une autre époque
Je termine en me remémorant la petite cérémonie hebdomadaire que l’on faisait dans nos écoles il y a plus de 35 ans : le Salut au drapeau. Tous les vendredis après-midi, un élève méritant allait devant les élèves de l’école réunis au gymnase et tenait le drapeau du Québec. En chÅ“ur, le bras tendu, nous disions :
Drapeau du Québec, salut!
À toi mon respect, ma fidélité, mon amour
Vive le Québec, vive son drapeau!
Puis nous entonnions le Ô Canada. De bien beaux et émouvants souvenirs…
On s’en rend bien compte, le drapeau n’est pas près de disparaître. Trop de fierté et de noblesse y sont rattachées.
Liens :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau
http://www.mediadico.com/dictionnaire/expression/drapeau
http://www.drapeau.gouv.qc.ca/