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Le cannabis : une drogue vieille comme le monde

Le débat sur la légalisation du cannabis, aussi appelé marijuana, est loin d’être terminé au Canada. Encore cette semaine, il en a été question lorsque le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, a réitéré son appui à la légalisation des drogues dites douces comme la marijuana ou « pot Â». Bien que faisant les manchettes un peu partout dans l’actualité à travers le monde, les drogues existent pourtant depuis des millénaires. Faisons donc un survol des drogues à travers l’histoire.

Il y a 6000 ans…

Le terme drogue est à lui seul assez vaste. Ainsi, de parler de l’histoire des drogues commanderait une série d’articles et des connaissances que je n’ai pas. Les drogues se retrouvent dans une telle variété de formes que j’ai décidé de m’attarder à quelques-unes des plus communes : la famille du cannabis.

La plus ancienne utilisation d’une plante pour ses propriétés psychotropes, c’est-à-dire modifiant le comportement de celui qui la consomme, est répertoriée aussi loin que 6000 ans avant J.-C., du côté de la Chine, avec la consommation de chanvre indien (nom scientifique : Cannabis sativa) provenant de l’Himalaya, bien qu’il soit à peu près certain que de telles plantes (chanvre, champignons magiques et autres) furent probablement consommées il y a plus de 15 000 ans! Leur usage étaient alors beaucoup plus lié à une fonction religieuse, répandue dans les religions chamaniques où l’atteinte d’un bien-être extatique était normale, surtout lors de cérémonies entourant la mort. Le chanvre était probablement ingurgité tel quel, ajouté à des aliments ou bien chiqué.

Fumer de l’herbe

Ce sont les Assyriens et les tribus Scythes, 3000 ans avant J.-C., qui le consommèrent en fumigation les premiers (respiré par de la fumée) en déposant le chanvre sur des pierres brûlantes dans une pièce hermétique où on pouvait retenir la fumée. On ne parle pas encore de fumer le chanvre. Les Romains utilisaient bien la pipe, mais c’était pour griller des herbes bonnes pour le goût et des usages médicaux. L’usage de la pipe se répandra avec l’arrivée en Europe d’un autre produit encore plus répandu aujourd’hui : le tabac. Mais ça, c’est une autre histoire…

Il y a aussi un autre dérivé du cannabis, le haschich, soit sa résine, qui est un mot arabe d’où dériverait aussi le mot « assassin Â» parce que les membres d’une secte musulmane opposée aux croisés, lors des Croisades, commettaient des meurtres, probablement sous l’influence de haschich, et avaient prévu de tuer le chef des croisés, Saint Louis, roi de France.

Au Canada, il semblerait que le cannabis fut importé très tôt par les Français, soit dès 1609 par l’apothicaire Louis Hébert, qui a transporté dans ses bagages nombre de plantes médicinales. Le chanvre était cultivé pour approvisionner l’industrie navale qui avait grand besoin de la fibre textile de cette plante pour fabriquer les cordages des navires. Il semble qu’on ne la consommait pas comme drogue.

Produit controversé

Bien que très anciens, le cannabis et les drogues douces ont toujours suscité la controverse et l’opposition. Dès le XVIe siècle en Europe, on a bien essayé d’y trouver des objections morales, religieuses, même si, historiquement, son premier usage était justement de cet ordre. Aujourd’hui, on lui impute des effets nocifs sur la santé et des dérèglements sociaux causés par une trop grande consommation. Bien sûr, l’usage abusif de cannabis est nuisible à la santé comme l’est n’importe quelle drogue, l’alcool, le tabac et la caféine. Ceux qui sont en faveur de la légalisation du cannabis utilisent d’ailleurs ces arguments en invoquant la similitude des effets pervers entourant la consommation de toutes ces substances qui sont permises mais aussi nocives. Par exemple, le tabac tue des milliers de personnes au pays et il est légal.

Peut-être aussi, s’il était légalisé, le cannabis bénéficierait-il de normes de qualité liées à sa mise en marché et on assisterait sans doute à une diminution du crime organisé lié au trafic illégal de celui-ci. Sans compter les applications médicales qu’on lui reconnaît et qui est un autre argument pour sa légalisation; dans les faits, il existe déjà des aménagements légaux concernant son usage médical. Bref, on le voit, le sujet est loin d’être réglé et il continuera d’alimenter les débats à la Chambre des communes comme à la maison. Peut-on envisager une légalisation du cannabis au Canada à court terme? L’avenir nous le dira!

Liens :
www.blocpot.qc.ca
www.didier-pol.net
http://fr.wikipedia.org/wiki/Haschich

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