Les spécialistes du hockey ont tout dit ou presque des raisons de ce nième échec, mais sans être spécialiste du hockey, je peux au moins dire je n’ai pas aimé ce que j’ai vu du CH cette année. En néophyte du hockey, je m’en voudrais « à cause » de mon fils de n’ajouter ma voix au concert des pleureurs. Mon but n’est pas de tirer sur corbillard, mais d’analyser à partir d’une chanson du groupe Loco Locass ce qui a manqué au CH. Cependant, avant d’entrer dans le vif du sujet, voici quelques raisons des spécialistes : les blessés et le plafond salarial.
Depuis le début de la lente et inexorable agonie, puis de la descente aux enfers du CH, la ritournelle a souvent été les blessures des joueurs, si X ou Y n’était pas blessé, etc. Programme-t-on les blessures des joueurs? Non. Mais ne dit-on pas que diriger, c’est prévoir, anticiper? La deuxième belle excuse était celle du plafond salarial! C’est trop compliqué les affaires de chiffres. Arrangez-vous. Ce que les fans veulent, c’est que le Tricolore gagne et gagne.
Pendant toute la saison, le CH était sous assistance respiratoire. Il suffisait de le débrancher et il était mort. Mais, au contraire, on a songé à guérir le grand malade en changeant d’équipe médicale et en prescrivant des Advil. Au lieu de guérir, le malade allait de mal en pis. Plus ça allait, moins ça allait. Pris de panique, on s’en est pris à certains joueurs… Plus ils partaient, moins ça allait. Jusqu’au jour fatidique de la défaite de trop et de la dernière tête qu’il fallait trancher, celle de Pierre Gauthier!
Une première depuis 1940, le CH dernier au classement! Cela ne peut laisser un amateur du CH indifférent. Le mélodrame de cette saison de hockey du Canadien nous a permis de relire les raisons de cet autre échec grâce aux paroles de la chanson Le but du groupe Loco Locass. Pour gagner, si l’on veut clore chaque saison par une célébration, il faut comme hier, réunir au sein du nouveau CH « des hommes dont le destin commun est comme un film sans fin. Rouge comme le sang qui nous coule à travers. Le corps de l’équipe c’est le cÅ“ur de la nation ». Il faut trouver des joueurs qui ne font « pas dans la dentelle… C’est plus qu’un sport. C’t’une métaphore de notre sort. C’est ça qui nous ressemble, c’est ça qui nous rassemble… Peu importe ta couleur de peau ». Ce qui a le plus manqué au CH, ce sont des « cÅ“urs de vainqueurs qui luttent avec honneur… Des cÅ“urs de vainqueurs, pour le pire et le meilleur… Mais quand ça va mal, quand on cale ou on dévire, que je ne voie pas un seul quitter le pont du navire… »[1]
Le CH est la métaphore d’un peuple. Lorsqu’il gagne, on peut bomber le torse. Lorsqu’on a été si bas dans les profondeurs du classement, on ne peut que remonter. Pour l’orgueil d’un peuple et d’une équipe, c’est d’une remontée spectaculaire qu’il s’agit : « Alors, au fond de la fosse! C’est bien ainsi que je l’entends. Au plus bas de la fosse. C’est là que nous crions; de là que nous aspirons à l’air, à la lumière, au soleil. Et si nous voulons remonter, voyez comme s’imposent à nous le pied qui s’arcboute, le muscle qui se tend, les dents qui se serrent, la tête, oh! La tête large et froide! Et voilà pourquoi il faut en demander [aux joueurs du CH] plus qu’aux autres : plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas! C’est d’une remontée jamais vue que je parle, Messieurs, et malheur à celui dont le pied flanche! »[2]
[1] http://www.locolocass.net [2] Aimé Césaire, La Tragédie du roi Christophe