Au moment où Montréal s’apprête à se vêtir de ses plus beaux atours pour recevoir le gotha de la formule 1 et les amateurs des courses automobiles, il est peut-être judicieux de regarder plus loin que le bout de notre nez et au-delà de nos chapelles idéologiques. Chacune et chacun de nous devrait, individuellement et peut-être collectivement, se questionner : qu’est-ce que le Grand Prix de Montréal, pour moi, la ville de Montréal, le Québec et le Canada?
Je peux me tromper, et vous me corrigerez, mais il y a à mon sens, dans la vie d’un homme, d’une femme, d’un couple, d’une ville, d’une nation ou d’un pays, des évènements anodins au départ, mais qui sont devenus des temps forts. Car ils sont marquants et rythment désormais la vie. Ces évènements sont et deviennent des « institutions », des symboles, des repères ou des identités remarquables, c’est-à -dire ceux par quoi les habitantes et les habitants se reconnaissent et en sont « fiers ». Le Grand Prix de Montréal, puisqu’il faut l’appeler par son nom, est à mon sens un de ces évènements-là pour Montréal, le Québec et le Canada…
Sans négliger la portée économique et la notoriété de cet évènement, je voudrais jeter un regard transversal sur ce Grand Prix qui se décline en plusieurs autres noms : le Grand Prix du Canada, le Grand Prix de Montréal ou bien le circuit Gilles-Villeneuve… C’est là , la portée la plus importante de cet évènement. J’y retiens ces quelques lettres gravées sur le tarmac : Salut Gilles.
Ce « Salut Gilles » est une marque de reconnaissance de la communauté à la fougue, à la passion d’un homme qui, malgré les critiques et les embûches de la vie, a vécu sa passion à un point tel que cette fougue, cette passion d’un petit gars de chez nous s’est transformée en ferveur populaire. Tel est le message de Gilles Villeneuve à toi ma sœur, à toi mon frère, à toi mon fils. Avons-nous encore du cœur, du courage de vivre intensément nos passions, se demanderait Gilles? De transformer nos petits rêves en réalité? Avons-nous de la passion pour X ou Y? Sommes-nous encore capables de vivre, de vibrer et de mourir pour notre vraie passion?
Au milieu du vrombissement et des bruits des moteurs des bolides lancés à toute vitesse dans un circuit sinueux, des embardées et des dépassements osés et téméraires, du cliquetis des caisses enregistreuses et du champagne des vainqueurs en période d’austérité, arrêtons-nous. Interrogeons-nous. Car nous avons été vidés de notre vraie essence. Au propre comme au figuré, le Grand Prix du Canada, au circuit Gilles-Villeneuve à Montréal, nous offre l’occasion de nous arrêter aux stands afin de nous ravitailler du vrai carburant dont brûlait Gilles pour continuer à vivre intensément et positivement de nos vraies passions. Puis de répondre à cette question : Québécoise, Québécois, Montréalaise, Montréalais, qu’as-tu fait du Grand Prix du Canada? Salut Gilles. Salut l’artiste!