13 h 20, je pars prendre ma traditionnelle marche dans le petit sous-bois près de chez nous, un contact avec la nature dont j’ai le privilège de bénéficier tous les jours que le cœur m’en dit. En cette fin du mois d’août, les odeurs d’automne sont déjà présentes et les champignons abondent, vu l’été fort pluvieux qu’on a eu. Je marche d’un pas léger pendant que mes pensées vagabondent dans ma tête.
Eh oui, à peine 5 minutes après avoir entrepris ma marche, j’oublie déjà d’être présent à toute la beauté et la richesse que m’offre cette nature. Est-ce parce que j’arpente ce sentier depuis plusieurs années et que c’est devenu un automatisme que mon attention est déjà ailleurs? Qu’y a-t-il de si important à régler pour me priver des odeurs, des panoramas et des surprises de la forêt? Le document de travail que j’ai à préparer pour la semaine prochaine ou bien la pelouse que j’ai à tondre avant l’arrivée d’Irène (l’ouragan), ou encore les funérailles de Jack dans quelques minutes en direct à la télé? Ouais, je devrais peut-être accélérer mon pas pour arriver à temps pour le début de l’émission. Voilà , ma promenade n’est devenue qu’une chose à faire, qu’une corvée à rayer de ma liste du samedi. Mon instant présent s’est volatisé et tous ces précieux moments d’éternité qui nourrissent mon âme se sont échappés avec. Mon mental s’imagine déjà assis devant la télé, pour être sûr de pouvoir dire aux collègues : « j’y étais, j’ai vu, j’ai entendu ce que tout le monde aurait dû voir ». Encore une fois, j’oublie le message et je m’attache à l’homme, à l’image à laquelle on rendra hommage tout au long de ces funérailles. Pourtant, Jack me l’a dit : « Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors, aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. » (Tiré de la lettre posthume de Jack Layton)
Alors, est-ce que je choisis de rester spectateur et d’idéaliser les actes passés d’un homme qui a agit selon ses convictions ou je choisis d’être moi aussi acteur de changement en commençant simplement à être présent à chacune de mes pensées, chacune de mes paroles, chacun de mes gestes? Cesser de faire pour faire mais d’être totalement ce que je suis ici et maintenant, d’afficher ma différence, d’affirmer haut et fort mes convictions, qu’importe ce qu’elles sont. Dans le respect et l’accueil de celles des autres, dans l’Amour et non la haine. Merci Jack.