Le travailleur de la nuit : l'étonnante vie du cambrioleur Alexandre Marius Jacob
Auteur: Philippe MichaudIl faut toutefois avouer que chez nous, Alexandre Jacob est peu connu. Qu'à cela ne tienne! Matz (Le Dahlia noir, Balles Perdues, Corps et âme) et Léonard Chemineau ont eu envie de nous raconter sa fabuleuse histoire dans Le travailleur de la nuit, une bande dessinée publiée par Rue de Sèvres. Elle vient de paraitre en France et devrait arriver au Canada dans quelques semaines.
Le récit commence au palais de justice d’Amiens, le 8 mars 1905. C’est le procès d’Alexandre Jacob. De quoi est-il accusé? On ne le sait pas encore. Ce que l’on sait déjà, c’est qu’il n’a pas la langue dans sa poche. Il n’hésite pas à tenir tête au magistrat qui se retrouve désemparé par sa trop grande franchise.
Ce procès n’est en fait qu’un prétexte pour découvrir la vie du célèbre cambrioleur. En effet, ce dernier racontera en détail sa vie : comment il est devenu mousse à 11 ans, comment il est entré dans des groupes anarchistes, comme il a planifié ses coups les plus célèbres, etc.
Bien qu’Alexandre Jacob ait eu une existence mouvementée, chacun des éléments clés de sa vie est bien raconté. Mais comment aurait-il pu en être autrement? Matz nous a déjà prouvé à maintes reprises qu’il était un narrateur hors pair. Une fois de plus, il ne déçoit pas.
Attention! Cette « faille » ne gâche pas notre plaisir. Bien au contraire! Alexandre Jacob est un personnage intéressant, crédible et attachant malgré les nombreux délits qu’il a perpétrés. Très charismatique, c’est un homme qui sera, jusqu’à sa mort, proche de ses convictions. C’est un peu cliché à dire, mais il porte l’histoire sur ses épaules. Dans le passé, certains bédéistes ont commis l’erreur, dans leur récit biographique, de mettre en scène un personnage trop froid, entêté ou encore détaché du monde. Ce n'est bien sûr pas le cas ici.
Visuellement, Léonard Chemineau nous en met pour sa part plein la vue. À l'aide de son crayon, il navigue entre les époques et les lieux avec une facilité déconcertante. Avec son trait légèrement anguleux, il nous offre une merveilleuse reconstitution historique. Les vêtements, les rues, l’atmosphère, les coupes de cheveux : aucun élément n’est laissé au hasard. C'est de toute beauté!
Verdict
Vous êtes amateurs d’histoires de cambriolages et de hors-la-loi? Vous devriez vous régaler en lisant Le travailleur de la nuit, une bande dessinée impeccable à quasiment tous les points de vue.
Matz et Léonard Chemineau
Rue de Sèvres
Cote : 4 étoiles sur 5