L’action se déroule en 1959. Bob Leclerc est un pilote d’avion canadien à la retraite. Il s’est illustré durant la Deuxième Guerre mondiale en combattant les Japonais. Depuis, il cherche un sens à sa vie. Puis, un jour, on vient cogner à sa porte : on lui propose de devenir le capitaine d'une expédition qui devra se rendre sur Mars pour éliminer les Martiens.
Ces extraterrestres auraient commencé à se camoufler parmi les humains. Si rien n’est fait, ils prendront rapidement le contrôle de la planète.
Mais avant de s’envoler vers la planète rouge, Bob Leclerc devra subir un entrainement rigoureux avec les quatre autres membres qui formeront son équipage. Les quelque 205 pages de Le Cauchemar argenté racontent ces semaines difficiles où les astronautes apprennent le fonctionnement de la fusée, l’astronomie et la géographie martienne.
Dès les premières planches, on est sous le choc : le dessin réaliste de Grégoire Bouchard est magnifique. Inspiré entre autres de la ligne claire d’Edgar P. Jacobs et de Hergé, celui-ci étonne par son extrême rigueur.
Cependant, ce sont les scènes se déroulant dans le simulateur de la fusée et dans la fusée elle-même qui étonnent le plus. L’habitacle de l’astronef, lequel fait penser à un sous-marin, comporte tellement de détails, qu’on a parfois l’impression de regarder un plan dressé par un ingénieur.
À l’inverse, les personnages se permettent une certaine extravagance. Avec leurs traits étirés, leurs petits yeux et leurs têtes carrées, ils contrebalancent l’austérité des scènes intérieures.
Le Cauchemar argenté n’est pas seulement méticuleux dans son visuel. Les dialogues sont remplis de termes techniques semblant être sortis tout droit d'un roman de Jules Verne. Même si on ne comprend pas toujours de quoi il est question, cette minutie accroit notre sentiment d’immersion : on croit vraiment faire partie de l’équipe de Bob Leclerc.
Un peu moins volumineux, Terminus, la Terre se concentre surtout sur la mission des astronautes. Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise. Tout ce que je peux dire sur le scénario, c’est qu’on nous réserve quelques surprises…
Visuellement, nous retrouvons la même rigueur que dans le premier tome. Par contre, nous avons droit à des environnements moins étouffants et plus variés. À certains moments, Grégoire Bouchard nous offre des dessins plus libres, voire surréalistes. Ça fait du bien de le voir se permettre quelques fantaisies graphiques.
Jusqu’ici, on pourrait croire que Les aventures de Bob Leclerc est une série d’action. Ce n’est pas tout à fait exact… Loin d'être que de simples coquilles vides, les personnages, durant leur quête, doutent et s’interrogent énormément sur le sens de la vie, sur la mort et sur la religion. C'est drôle à dire, mais certaines scènes rappellent, par leur côté métaphysique, l'œuvre de Dostoïevski.
Le diptyque a même un côté philosophique très développé. Il puise notamment son inspiration dans l’existentialisme de Jean-Paul Sartre. On a connaissance des pensées les plus profondes des personnages.
Malgré la présence de plusieurs scènes d'introspection, Grégoire Bouchard ne s’éloigne jamais trop longtemps de la trame principale. On n'est pas non plus dans un film de Terrence Malick dans lequel on se demande toujours où l'artiste veut en venir…
Verdict
Je ne vous le cacherai pas, les deux tomes de Les aventures de Bob Leclerc sont exigeants. Ils demandent au lecteur une implication à laquelle il n’est pas souvent habitué. Cela ne devrait toutefois pas vous décourager de vous plonger dans ce fabuleux univers. Personnellement, si je n’avais pas lu ces deux livres, je serais vraiment passé à côté de quelque chose de gros, de très gros.
Le Cauchemar argenté
Grégoire Bouchard
Cote : 4,25 étoiles sur 5
Grégoire Bouchard
Cote : 4 étoiles sur 5