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Les promeneurs sous la lune : et si la ville était frappée par une épidémie de somnambulisme?

Depuis quelque temps, Napoléon Carvallo va rejointe, au beau milieu de la nuit, Linh. Ce qui est étrange, c’est que ni l’homme ni la femme ne se connaissent dans la vie. Ce sont de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Tous les soirs, elle barre ses portes et ses fenêtres, mais rien n’y fait : Napoléon se réveille toujours dans son lit

Pour que cet étrange phénomène cesse une bonne fois pour toutes, Linh décide d’aller à la police. L’inspecteur ne croit pas que Napoléon soit un délinquant. En fait, il soupçonne le jeune homme d’être tout simplement somnambule. Si celui-ci accepte de se faire soigner, la police ne portera pas d’accusations contre lui. 

Napoléon décide donc de se faire traiter. Puis, à mesure que sa thérapie progresse, d’autres habitants de la ville semblent être aux prises avec le même problème. Le spécialiste qui le suit arrive à cette conclusion : la ville fait face à une épidémie de somnambulisme! 

Imaginez ce qui se produirait si toute la population passerait la nuit à se balader sur les toits en n’ayant conscience de rien. L’idée a de quoi faire peur. Mais Les promeneurs sous la lune ne souhaite pas nous effrayer. Bien au contraire! Le concept y est présenté avec humour et légèreté. C’est comme si les personnages de ce roman graphique pouvaient enfin faire ce qu’ils voulaient vraiment lorsque le soleil est couché. Le somnambulisme serait une sorte d'échappatoire pour leur âme.

L’album se sert de cette fantaisie pour exposer subtilement un problème très contemporain : le rythme effréné dans lequel nous vivons. Il nous fait comprendre, par une manière détournée, mais des plus originales, que, maintenant, nous ne prenons plus le temps pour faire les choses correctement… même pour tomber amoureux! Parce qu’avec les nombreuses applications à la Tinder, il est tellement facile de rencontrer des gens pour des aventures d’un soir. Mais qu’en est-il de l’amour avec un grand A? 

Sous une idée un peu folle (l’épidémie de somnambulisme), Les promeneurs sous la lune essaie donc de nous ramener à la base ou plutôt au temps où les gens prenaient encore le temps pour se dire « Je t’aime » et où trouver l'âme soeur avait sa part de spontanéité. C'est ce qui arrive justement au couple de ce livre.

Si le destin était un personnage dans cette bande dessinée, il aurait probablement dit une phrase comme celle-ci : « Vous ne voulez pas vous unir alors que vous êtes réveillés, alors je vais le faire pendant que vous dormez! »

Mai Egurza nous offre pour sa part un dessin très soigné avec des belles couleurs pastel qui nous séduisent instantanément. Les décors, ainsi que les personnages, sont assez conventionnels, quoique très réussis globalement. En revanche, l’illustrateur s’éloigne des codes du romantisme en mettant en image un personnage féminin plantureux à souhait. Avec ses courbes prononcées, notamment au niveau des cuisses,  Linh dégage un charme irrésistible, une féminité sensuelle et une élégance gracieuse. Difficile de ne pas tomber amoureux!

Verdict

À mille lieues des clichés dans le domaine, Les promeneurs sous la lune apporte un vent de fraicheur aux histoires d’amour parfois trop conventionnelles. Un récit à la fois simple et savoureux. Qui a dit que les histoires de somnambules étaient assommantes? 

 

Les promeneurs sous la lune 

Zidrou (scénario) et Mai Egurza (dessin) 

70 pages

Rue de Sèvres

 

Cote : 3,75 étoiles sur 5.

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