Supplicier les victimes
Dès le départ, les Européens et les Amérindiens qui se rencontrèrent se heurtèrent à l’incompréhension de l’autre et à un véritable choc culturel. Entre autres choses, l’aspect moral de l’un et celui de l’autre s’opposaient allègrement. Bien que connue des Européens (on n’a qu’à lire sur l’Inquisition pour s’en convaincre), la torture telle qu’on l’a subie au Canada était fort différente par sa forme et par ses buts.
Les Amérindiens, lorsqu’ils faisaient la guerre, aimaient ramener dans leur village des prisonniers. Ceux-ci pouvaient être des hommes, des femmes ou des enfants. Ils servaient souvent comme esclaves de la tribu ou bien à remplacer des membres de la tribu morts lors de la guerre. Mais avant de devenir un membre à part entière de celle-ci via l’adoption, le prisonnier devait passer un certain rituel de rétribution; après de grandes souffrances où il ne devait pas trop se plaindre (pas évident pantoute!), on l’accueillerait comme le frère ou le mari qu’il devait remplacer. Seuls les forts suscitant l’admiration de leurs geôliers survivraient.
Les types de tortures amérindiennes
Les récits les plus détaillés et les plus crédibles qui nous sont parvenus des tortures amérindiennes sont ceux laissés par des ex-torturés qui ont survécu assez longtemps pour décrire leurs aventures : les missionnaires jésuites, les Saints martyrs canadiens comme on les appelle!
Parmi les tortures qu’on leur a infligées et qu’ils ont rapportées, on commence par raconter la façon dont les captifs étaient traités sur le chemin du retour vers les villages amérindiens. Ils étaient battus pendant tout le trajet et en entrant au village, toute la population formait une haie de plusieurs dizaines de mètres dans laquelle les victimes devaient passer en se faisant rouer de coups de bâton et lancer des pierres, et ce, sans pouvoir s’arrêter.
Commençaient ensuite de longues et interminables séances de tortures et d’humiliation. Les tortures pouvaient se poursuivre sur plusieurs jours… On mettait la victime complètement nue avant de lui faire subir des souffrances tout à fait intolérables. On parle de tailladage (ou coupures) du corps en de multiples endroits. On s’assurait de bien rouvrir les plaies avant qu’elles ne guérissent! Il y avait aussi les colliers de pierres brûlantes déposés autour du cou qui brûlaient très longtemps. On versait également de l’eau bouillante sur le supplicié, surtout s’il s’agissait d’un missionnaire jésuite, afin de tourner en ridicule le rituel du baptême.
Autre technique de torture : on enfonçait, sous les ongles des victimes, des éclisses de bois que l’on allumait parfois. On coupait également les doigts des victimes. Le célèbre Guillaume Couture (un de mes ancêtres), se fit couper un doigt avec les dents lors de sa captivité par les Iroquois! Et bien sûr, le fameux « bûcher en four » où la victime bouillait littéralement sous le bois du bûcher disposé autour de lui avant de brûler enfin. Dans le cas où la victime demeurait de glace devant tant de souffrances (ce fut le cas de Guillaume Couture), on soignait et adoptait l’individu. Pour d’autres moins chanceux, on buvait leur sang et mangeait leur cœur afin d’acquérir leurs qualités guerrières (courage et bravoure).
Autres temps, autres mœurs
Tout cela donne froid dans le dos quand on connaît toute la souffrance qu’ont dû endurer ces pauvres innocents. Des femmes et des enfants ont aussi enduré ces supplices à l’époque. Mais ce n’était souvent qu’un rituel qui ne visait pas à faire souffrir pour le plaisir. Malheureusement, l’homme trouve toujours des moyens « plus sophistiqués » de torturer ses semblables, même au XIXe siècle. J’ai mal juste d’y penser…
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Sources photos : www.toutlecine.com; www.republiquelibre.org;