Hier soir, Affaires de gars était sur place à l’Hôtel Delta de Sherbrooke pour prendre le pouls de M. Jean Charest. L’idée était de transmettre le feeling de l’homme, de son état d’âme et de sa fébrilité. L’homme d’État, ce passionné de politique depuis 28 ans. Même si dans les dernières entrevues, il se disait confiant de remporter, je suis certain et même très certain qu’il devait ravaler et sentir le « motton » passer lorsqu’on lui posait la question à ce sujet. Rien n’était gagné d’avance et les risques étaient grands.
Je ne fais aucune politique et ce n’est pas mon but. Mon objectif est plutôt de vous présenter un gars, un homme, sans faire de favoritisme. Je ne suis attaché à aucun parti politique. Je ne veux que vous faire penser à autre chose que vos intentions d’hier (vos passions) ou votre insatisfaction du résultat. Affaires de gars a comme mission de valoriser les hommes et je m’en tiendrai à ma mission. Que vous soyez pour ou contre M. Jean Charest, il n’en demeure pas moins que c’est un homme, un homme fort, tenace, avec des convictions. Pour ou contre, ce n’est pas important.
Petite histoire
Le risque était présent et les émotions palpables hier en Estrie, la région même où Jean Charest était roi depuis sa venue en politique en septembre 1984. Il avait été élu député progressiste-conservateur à la Chambre des communes du Canada dans sa circonscription de Sherbrooke, et ce, à l’âge de 28 ans (note : 28 ans en politique et il a débuté à 28 ans). Il avait alors été nommé ministre d’État à la Jeunesse au sein du cabinet du premier ministre Brian Mulroney. Il constituait à l’époque le plus jeune membre du Conseil des ministres de l’histoire du Canada. Lors de l’élection de 1993, les progressistes-conservateurs ont été balayés du pouvoir, puisque seulement 2 des 295 candidats du parti avaient été élus : Charest et Elsie Wayne. La leçon a été difficile à encaisser et des changements importants se sont amorcés.
En avril 1998, M. Charest a quitté la politique fédérale pour prendre la direction du Parti libéral du Québec. Charest était en effet considéré comme le meilleur espoir des fédéralistes québécois pour vaincre le gouvernement souverainiste du Parti québécois de l’époque. Le grand ménage a été fait, dit-on.
Depuis, on connaît son parcours. Je cite l’une de ses phrases célèbres : « J’ai besoin d’avoir les deux mains sur le volant ». Eh bien, il avait réussi son pari et obtenu la majorité. Depuis, les scandales, les enquêtes et, la cerise sur le sundae : la grève des étudiants. Jamais les étudiants n’ont été aussi solidaires. Du moins, je n’ai jamais vu cela de ma vie.
Donc, comment se sentait M. Jean Charest : a-t-il dormi? a-t-il été capable de manger? a-t-il des regrets? y a-t-il des erreurs auxquelles il pense? Je me demande. Vraiment, je me demande! Comment se sentait M. Charest durant toute cette journée d’hier. Il était en famille seulement. Que feriez-vous dans des moments aussi importants? Comment passeriez-vous toute cette journée interminable? C’est la plus longue journée de votre vie en ce moment historique (Mme Marois). La dernière fois que la politique du Québec a autant soulevé et animé les gens, c’est en 1976 avec René Lévesque. Je me souviens, sans faire de jeu de mot. Nous étions tous devant la télé, comme hier, à suivre les résultats en direct. Il y a tout de même un changement majeur par rapport à 1976 : Twitter!
Sur les photos, vous pourrez constater les yeux et les traits de M. Charest. Il est certain que c’était difficile. Pour sa femme, difficile également de cacher sa tristesse et ses émotions. Elle qui est une très grande femme et qui l’a toujours soutenu. On la félicite tout de même, car c’est tout un défi pour une femme et une mère d’être la conjointe d’un premier ministre.
Ce fut une soirée remplie d’émotions pour beaucoup de gens aux yeux rougis. L’ex-maire de Sherbrooke, M. Jean Perreault, était l’un de ceux-là , tandis que Mme Gagnon Tremblay est venue faire son petit tour pour une dernière fois.
Au total, je dirais qu’il y avait 300 personnes en fin de soirée.
Donc, M Charest, à partir d’aujourd’hui, que ferez-vous?
Un homme et sa passion!
Photos : René Marquis