Ça fait 5 ans que tu es sorti de l’École nationale de l’humour et il n’y a pas eu une de ces années qui n’a pas été charnière pour toi. Quelle a été la clé de ton succès à ton avis?
Me renouveler chaque année, je crois. Écrire et jouer beaucoup. Ne pas avoir peur de me planter et essayer des trucs, sortir de ma zone de confort… Et bâtir des projets.
Avec le recul, tu penses que c’est quoi le moment ou le projet marquant qui a propulsé ta carrière?
Je dirais mes sketchs concepts, que ce soit les silhouettes, Joe le chameau, les constatations ou mon numéro des cartons. Ça a dû marquer l’imaginaire de quelques-uns parce que le monde m’en parle souvent. Plus récemment, il y a TÉLÉTOON. On a beau dire qu’on est à l’ère du Web, mais c’est fou à quel point la télé peut propulser une carrière. On dirait que ça met un sceau de qualité sur un artiste.
Les premières années ne sont pas toujours évidentes dans ce genre de milieu. Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi au début?
Les premiers shows corporatifs. Souvent, on « démonise » les bars parce qu’il y a 2-3 gars soûls, mais la plupart du temps, il y a une scène et un public, deux choses qui peuvent manquer dans un show corporatif où tu joues à côté d’une machine à peanuts au bout d’un plancher de danse vide (rires). Ce qui est le plus difficile au début, c’est aussi de ne pas avoir toujours de reconnaissance. Et je ne parle pas d’avoir une statue en haut du Mont-Royal, mais c’est agréable se faire dire un : « Hey! Je t’ai déjà vu à la télé, t’es bon toi! ». C’est toujours mieux qu’un : « Hey! C’est toé le clown à soir? T’es mieux d’être drôle! »
Comment est née ta signature, ton fameux « chandail à cravate »?
J’étais à New York, je ne me souviens plus trop quand. Une place vendait des t-shirts et il y en avait un avec une cravate. Je l’ai acheté. Chaque fois que je le portais, on me lançait des : « Hey! Nice shirt man! », « Hey! I love your tie! », « Hey! Get out of my room! » (rires). Bref, en revenant, j’ai contacté mon amie designer Madibou pour qu’elle me dessine des cravates que j’ai fait imprimer sur des t-shirts. Je les porte maintenant chaque soir en show.
Sur scène, tu joues parfois de la guitare, des personnages et même avec une marionnette. Comment décrirais-tu ton univers humoristique, ce qui t’inspire à écrire?
Je dirais que je fais de l’humour d’observation, parsemé de bulles. Je ne veux pas m’empêcher de faire quoi que ce soit. Je me dis que si ça me fait rire, c’est que c’est drôle, alors je le fais. Bon, j’avoue que des fois, ce n’est pas « toujours » drôle… Comme la fois où j’ai rallongé une réponse d’entrevue juste pour dire « patate » deux fois. « Patate! » (sourire). Boom! Voilà .
De quelle façon t’a-t-on approché pour être la voix de TÉLÉTOON La nuit? Comment est né le concept de Slaque la cravate?
TÉLÉTOON a passé plusieurs humoristes en audition et ils ont aimé mon univers. Simple comme ça!
Tu as développé un show pour les écoles secondaires que tu as appelé « Sauvé par la cloche ». Tu es une icône pour les ados. Pourquoi les jeunes te rejoignent autant?
Je dirais que je ne joue pas au cool. Ado, rien ne m’énervait plus qu’un adulte qui se la jouait « Yo les jeunes ça chill? ». De plus, une bonne partie de mon show parle de mon déficit d’attention qui m’a stigmatisé et apporté beaucoup de difficultés au secondaire. Ils se sentent concernés.
Ta femme et toi êtes dans des milieux très différents. Elle est psychologue si je ne me trompe pas. Est-ce que vous êtes un beau complément ou c’est simplement que tu as besoin d’elle pour te soigner au quotidien (rires)?
(Rires) En fait, elle soigne mes mauvais punchs! Souvent, je lui raconte mes gags. Si ma joke est trop facile, elle me pousse à mieux la développer. Je lui dois beaucoup de mes meilleurs gags!
Maintenant, avec le fait d’être nouvellement papa, la gestion des horaires ne doit plus être si simple. Est-ce que tu donnes des boires entre deux prises de tournage (rires)?
Oui, d’ailleurs je dois prendre une pause, mon sein gauche est présentement engorgé (rires). Je dirais que depuis que je suis père, je « traîne » moins après les shows, je rentre plus tôt, j’écris quand je dis que je vais écrire. Le temps devient soudainement beaucoup plus précieux. Le sommeil aussi!
Tout le monde s’entend pour dire que les enfants, ça change une vie. Dans ton cas, ça a dû te fournir beaucoup de matériel pour tes spectacles?
Oui en effet! Je m’étais juré de ne pas écrire de texte sur le fait d’avoir un enfant parce que tous les humoristes l’ont déjà fait. Mais quand t’en as un, tu te rends compte que tu n’as pas le choix d’écrire là -dessus… parce que tu ne fais rien d’autre. Rien! (Sourire) Et ça s’écrit tout seul. Et voilà que je suis sur Le show des papas avec Jérémie Larouche et Martin Félip cet été, au Zoofest. Moi qui disais que je n’écrirais pas sur mes enfants (sourire).
Aurais-tu pu imaginer ta vie sans vie de famille? Est-ce que c’est quelque chose qui aurait passé même avant la carrière en humour?
C’est dur d’être catégorique là -dessus… Je savais que je voulais des enfants. Et je ne voulais pas être un vieux père, alors je n’avais pas le choix de m’y mettre un moment donné! Et il n’y a jamais de bon moment côté carrière. Il y a toujours de nouveaux projets. Je suis content que ma vie familiale ne me ralentisse pas. Par contre, je choisis davantage mes projets. Je dis de plus en plus non aux contrats « non essentiels »… par exemple un festival du triporteur à St-Gnagna qui me paye en visibilité régionale! (Rires)
Ta fille doit te motiver beaucoup à te dépasser et à ne pas abandonner tes rêves comme artiste. Que voudrais-tu qu’elle dise de toi dans 20 ans?
Que je cours vite! C’est important d’être en forme quand t’es vieux. Ça et que mon yacht va bien avec mes dents en diamant!
Merci Mat!
Vous pouvez suivre Mathieu Cyr :
À TÉLÉTOON la nuit et à Radio-Canada à l’émission Cap sur l’été. Il sera aussi sur plusieurs galas du Grand Rire, au Zoofest pour un spectacle de 60 minutes, sur Le show des papas ainsi que dans un spectacle pour les ados. Vous pouvez visionner ses capsules Jasons sports sur MSN. Dès septembre, vous pourrez suivre sa nouvelle websérie Adrienne, toujours sur MSN. Sinon, il est toujours possible de prendre un billet d’avion pour le suivre en août pour sa tournée à Paris!