À l’instar du jeu vidéo Alan Wake ou encore The Shining de Stephen King, Melvile met en scène un écrivain qui s’isole dans le but d’écrire son prochain livre. Samuel Beauclair pense en effet qu’en s’installant à Melvile, dans la maison de son père, un écrivain décédé il y a quelque temps, il va retrouver l’inspiration. Sauf qu’elle ne vient pas.
Pour se changer les idées, il décroche un petit contrat de peinture pour rénover une grange. Rapidement, il va devenir ami avec ses employeurs, les sympathiques frère et sœur, Rachel et David. Cette rencontre va le faire renaitre. Il va redevenir l’homme qu’il était jadis, celui qui n’était pas empli d’aigreur et de méfiance.
Cependant, cette renaissance ne sera que de courte durée. Des fantômes du passé ressurgiront, ainsi qu’une vieille légende qui semble finalement appartenir plus au monde du réel qu’à la fiction.
Innover ou mourir
Les œuvres qui mettent en scène des écrivains solitaires ne datent pas d’hier. Chaque année, on en retrouve à la pelle dans les différentes formes d’art. Malgré cela, ce roman graphique trouve le moyen de sortir du lot.
Je crois qu’il y arrive surtout en s'appuyant sur une narration fluide, claire et vivante. L'album a cet étrange pouvoir de nous séduire dès le premier contact. Je n’avais même pas lu la première case que j’étais déjà tombé sous son charme.
Si Melvile s’inspire beaucoup du roman dans sa manière de raconter, il n’oublie jamais qu’il est d’abord et avant tout une bande dessinée. Régulièrement, Romain Renard se fie uniquement au dessin pour faire progresser le récit. Par exemple, il y a plusieurs planches où il n’y a aucun texte… du moins en apparence! Chacune de ces petites toiles muettes révèle un minuscule bout de l’histoire. Bien plus que du simple remplissage (comme on le voit parfois dans le 9e art), elles sont essentielles à la compréhension du scénario.
Il faut dire que le style graphique de Melvile est des plus étonnant. Même les cases les plus lumineuses ont un parfum d’oppression et de mystère. L’album n’est pas une œuvre d’horreur gore qui nous fait sursauter du début à la fin. Par contre, nous éprouvons une sorte de malaise de plus en plus grand à mesure que nous nous approchons de la fin. Romain Renard a ce rare don de nous faire ressentir toutes les sensations et les états d’âme par lesquels passe son personnage principal. C’est comme si, à un certain moment, nous ne formions plus qu’un avec Samuel Beauclair.
Une application fascinante
Pour profiter au maximum de Melvile, je vous recommande de vous procurer l’application. C’est entre autres grâce à celle-ci que vous aurez un sentiment d’immersion aussi fort. La fonction la plus intéressante est sans doute la BD augmentée qui propose une foule de bonus sur l’album comme des vidéos, des secrets de fabrication ou des crayonnés en mode Rayon X. Tout ce qu’il faut faire, c’est scanner certaines pages avec la caméra de son iPad.
Et comme si ce n’était pas assez, l’application inclut une bande sonore originale. Chaque piste accompagne un chapitre, un peu comme dans un film. Inspirée des polars et autres longs métrages semblables, cette musique, tantôt douce, tantôt rythmée, permet de nous immerger encore plus dans l’univers de Melvile.
L’application n’est pas indispensable à la bonne compréhension de l'histoire, mais vous manquerez assurément quelque chose de gros si vous passez à côté. Bien plus qu’un simple outil marketing, elle améliore sensiblement notre expérience de lecture. C’est comme si on avait fusionné le 9e art avec le cinéma et les jeux vidéo.
Verdict
Avec Melvile : L'histoire de Samuel Beauclair, Romain Renard innove. Grâce à sa merveilleuse application et à ses talents de narrateur, il nous fait entrer dans une autre dimension, dans un monde qui nous fermait ses portes jusqu’à tout récemment.
Melvile : L'histoire de Samuel Beauclair
Cote : 4,5 étoiles sur 5