Un instrument de la justice
Le métier de bourreau existe probablement depuis la nuit des temps. Au Moyen Âge, le métier de bourreau est lié à l’application de la justice et on parle alors de l’exécuteur des basses et hautes œuvres quand on fait référence au bourreau. Qu’est-ce qu’une basse et une haute œuvre? Est considérée basse œuvre toute tâche confiée au bourreau telles que l’équarrissage des charognes (dépecer et disposer des cadavres d’animaux morts impropres à la consommation), le nettoyage des égouts, le curetage des latrines et l’abattage des chiens errants.
Comme si ce n’était pas assez, le bourreau a aussi pour tâches les hautes œuvres. Elles comprennent, à titre d’exécuteur de haute justice, le bannissement, les châtiments corporels, la torture et les mises à mort. Ainsi, si un juge ordonne qu’un condamné soit fouetté, mis au carcan publiquement ou pendu, ce n’est pas le juge qui applique la sentence mais bien le bourreau.
Pas facile la vie de bourreau!
D’abord, ils sont peu nombreux ceux qui ont choisi de devenir bourreaux de profession. Bien souvent, ce sont des condamnés à mort qui voient leur peine échangée contre le poste de bourreau. Par contre, certains l’ont fait de leur propre chef et on parle même de bourreaux de père en fils. Cependant, être bourreau n’avait rien de drôle; les tâches que j’ai énumérées précédemment nous aident à comprendre pourquoi. En plus d’exécuter des tâches que personne ne voulait faire (qui voudrait besogner dans la charogne et les déjections humaines?), souvent il était demandé, dans les cas de mise à mort, d’étirer la chose en torturant préalablement le condamné. Comme les exécutions se faisaient publiquement, c’était un spectacle des plus courus!
La fonction de bourreau était acceptée, mais le personnage et sa famille devaient vivre en dehors des villes, en marge de la société, pour des raisons évidentes. Ses enfants ne pouvaient pas fréquenter les mêmes écoles que les autres (ton père, y fait quoi dans la vie? Bourreau…!!!). Par contre, afin de survivre (même les marchands ne voulaient pas commercer avec un bourreau), ce dernier disposait du droit de havage, c’est-à -dire d’un droit de prendre gratuitement chez les marchands tout ce que ses mains peuvent contenir de grains, de viande, de légumes, etc. Il n’avait qu’à étendre la main au-dessus des denrées qu’il souhaitait se procurer et un valet marquait d’un trait de craie le dos du marchand qui devait fournir ladite quantité. Ce n’était toutefois qu’un avantage de subsistance. Rien de bien glorieux…
Les bourreaux au Canada
Chez nous aussi nous avons eu des bourreaux. Le premier bourreau officiel en Nouvelle-France aurait été un tambour qui, en 1648, aurait été reconnu de « crime contre nature » (on parle ici de sodomie) et que le gouverneur de Montréal, le sieur de Maisonneuve, condamna à mort. Les Jésuites, en échange de sa vie, proposèrent au gouverneur de le faire bourreau, chose qui fut faite. L’histoire n’a pas retenu son nom… Au Canada, les bourreaux ne torturaient en principe pas les condamnés et ont toujours eu recours à la pendaison « jusqu’à ce que mort s’en suive ». La dernière pendaison par un bourreau au Québec eut lieu le 11 mars 1960 et, au Canada, le 11 décembre 1962. Ce fut la toute dernière au pays et la peine de mort fut abolie en 1976.
Par contre, peu de gens savent qu’en réalité, il faudra attendre le 10 décembre 1998 pour que la peine de mort soit effectivement abolie au Canada avec le projet de loi C-25. En effet, un soldat reconnu coupable de crime grave (comme la haute trahison ou l’espionnage) pouvait être exécuté en vertu de la loi martiale en vigueur au pays. C’était il y a à peine 15 ans!
Liens :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourreau