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Mettez vos culottes/grève étudiante

Sans être politologue, spécialiste de haut vol, grand clerc, permettez-moi, comme simple citoyen, de m’interroger. La grève actuelle est-elle une affaire d’une gang d’hystériques ou des illuminati? Les protagonistes « accepteraient-ils enfin » de jouer franc jeu pour trouver une issue acceptable au conflit? Car il ne s’agit plus de savoir qui a tort ou qui a raison, mais, mesdames et messieurs, le temps presse. Le compte à rebours a commencé.
 
Je peux me tromper, mais humblement, je pense que cette grève vise à nous « retourner Â» de bord, à sortir du vieil homme qui sommeille en nous, pour nous transformer. Autrement dit, cette grève engage chacun sur la route d’une nouvelle vision du devenir individuel et collectif de notre société. Car, qu’importe le bout de la lorgnette par lequel on prend cette grève, elle sonne le tocsin de l’attitude passive de la vie. Ces jeunes, métaphores de la société québécoise, vont-ils continuer à être spectateurs de leur propre vie? Vont-ils survivre à leur grève? Seront-ils désormais des héros et des super-héros?
 
À mon sens, quoi qu’il advienne, ces jeunes ont le mérite d’avoir mis leurs culottes, d’avoir pris leurs responsabilités. Le 02/04/1987, Jean-Paul II s’adressait aux jeunes Chiliens : « L’avenir dépend de vous, de vous dépendent l’achèvement de ce millénaire et le commencement du nouveau. Ne soyez donc pas passifs, assumez vos responsabilités dans tous les domaines qui s’ouvrent à vous… Prenez vos responsabilités! Soyez prêts. »
 
Est-il exagéré de faire ce constat : certains Québécois ont trop souvent mené une vie « plate Â», « horizontale Â», se mariant, faisant des enfants, buvant, mangeant et fumant, se réjouissant et pleurant aussi de joie et de peine? Ils se sont centrés sur mille petites choses personnelles, mais pas sur le Québec! Quelle vie plate! Trop résignés, meurtris pas la peur, mus par nos intérêts égoïstes; le Québec est devenu la chasse gardée d’une poignée d’individus! Cela ne pouvait continuer, il a fallu mettre ses culottes, dire non, de manière élégante et courtoise à ces situations dissonantes qui minent notre vivre en commun. Porter ses culottes, c’est canaliser le mécontentement des étudiants vers de nouvelles pistes, actions, espérances et non des discours!
 
Les nuages qui s’amoncellent à l’horizon obligent enfin à la verticalité. Enfin, c’est-à-dire se mettre debout en nous transformant en acteurs et artisans du changement! Non. L’espoir n’est pas mort dans nos mains. Adossés sur nos valeurs, nous devons nous préoccuper de notre avenir individuel et collectif. L’avenir du Québec ne doit et ne se fera plus sans nous, disent les grévistes. Cette grève est une invite à la verticalité de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. La verticalité nous « oblige Â» d’abord à faire nos devoirs, ensuite à refuser le statu quo, les fausses solutions, les images décalées et rancies d’hier. La verticalité dont il est question nous ramène à l’essentiel, à notre raison d’être : le Québec, c’est-à-dire à nous tourner et à nous centrer vers les autres, à les accepter tels qu’ils sont, à les comprendre dans leurs limites, mais à corriger ce qui, jusqu’à aujourd’hui, a moins bien fonctionné dans la société.

En somme, la verticalité t’exhorte, toi ma sœur, toi mon frère, à être prêt, à faire aujourd’hui tes devoirs de citoyenne et de citoyen pour que demain, nous ne loupions plus cet autre virage de notre devenir individuel et commun. Quelle aubaine de faire aujourd’hui ses devoirs pour demain! Arrêtons la procrastination!

Comment faire ses devoirs lorsque les horizons sont bouchés? Que faire donc? Rester les bras croisés? Demander la charité et l’aumône? Non. Mais quoi alors? Apprendre désormais à faire autrement les choses. Se préparer en posant de petits actes, car ce sont les eaux de petits ruisseaux qui font de grands fleuves.

L’actuelle grève étudiante, comme d’autres actes de la vie, par leurs vérités, leurs profondeurs, ces faits souvent « inattendus Â», nous font soudainement prendre conscience au point de revoir les choses sous un regard neuf. Ils nous offrent un éclairage intérieur différent. Sans être tout à fait d’accord et sans toutefois renier certaines idées développées lors de cette grève étudiante, je peux dire qu’il faut être partisan ou de mauvaise foi pour dire que ces étudiantes et ces étudiants sont une gang de fous. La prise de parole de ces jeunes ne peut laisser indifférents les citoyennes et les citoyens qui, au quotidien, se dépêtrent avec la vie, les gens ordinaires, les pauvres, les riches, encore moins les détenteurs du pouvoir.

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