Mais à qui la faute? À l’artiste qui n’a pas su refuser un tel défi ou à l’équipe de production de l’émission qui n’a pas su arrêter ce train fou avant qu’il ne déraille? Le plus ironique dans cette performance ratée est la dernière phrase chantée… I’m going off the rail on a crazy train. Michèle Richard, quoi qu’elle en pense, n’a jamais été une grande chanteuse. Au mieux, elle a été une interprète potable qui s’est habilement servie tout au long de sa carrière de tous ses autres talents pour dissimuler ses lacunes vocales. On pourra bien lui lancer la pierre, mais avouons qu’avec un talent limité, elle a réussi là où bien d’autres ont échoué avant elle. Pourquoi? Parce qu’elle a un front de bœuf! Rien ne lui faire peur. Et c’est justement cette audace qui l’a menée là où elle est aujourd’hui. N’allez pas voir dans mes propos que je suis un fan de la chanteuse. En fait, je ne le suis vraiment pas, mais cela ne m’empêche pas de constater qu’elle est dotée d’une capacité hors du commun pour rebondir après chacune de ses frasques ou chacun de ses échecs.
Amenez-en des scandales
En fait, et c’est peut-être son plus grand talent, bien avant le phénomène de la médiatisation des scandales, Michèle Richard était une experte dans ce domaine. Que ce soit en dérobant une robe dans un grand magasin dans les années 60, en faisant une crise s’autoproclamant la reine de TQS, en échouant à un alcotest ou en souillant le tapis d’un hôtel, personne en 50 ans de showbiz n’a été aussi efficace et rusé à exploiter ses malheurs et déboires pour mousser son attrait médiatique. On pourra lui lancer toutes les pierres, elles ne lui serviront qu’à s’en faire un promontoire. Orgueilleuse comme elle l’est, elle n’avouera jamais que cela était un mauvais choix de chanson. Elle n’avouera pas non plus qu’à ce moment-ci de sa vie sa carrière est loin d’être reluisante. Lorsqu’on t’offre un bon cachet pour aller chanter à la télé autre chose que tes vieilles tounes, il est bien possible que l’appât du gain monétaire et médiatique soit trop alléchant pour refuser; en tout cas, ç'a été son cas. A-t-elle mal chanté? Ça oui! Elle a faussé du début à la fin, mais jamais elle n’a baissé les bras, ni la tête, devant le défi insurmontable de rendre justice à une telle pièce d’anthologie du rock.
Parlez-en en bien ou en mal, mais parlez-en
D’ailleurs, si vous regardez attentivement sa prestation, vous vous apercevrez qu’il y avait, durant l’exécution, deux mondes parallèles : celui des musiciens qui se payaient la traite à la jouer et l’artiste qui, tant bien que mal, essayait de suivre le train. N’avaient-ils pas vu en répétition que c’était une très mauvaise idée de lui faire chanter Crazy Train? Elle n’avait ni la prononciation, ni le souffle, ni la voix pour la chanter. Un bon producteur au contenu aurait dû dès lors s’apercevoir que c’était une fausse bonne idée. À moins que la chanteuse ait profité de la pause entre la répétition et la diffusion pour aller prendre un repas trop copieux ou trop arrosé? Peu importe la réponse, la vérité, c’est qu’en critiquant la chanteuse, vous alimentez son besoin démesuré d’attention, et au passage, l'émission Belle et Bum n’aura jamais fait tant parler d’elle. Et comme dirait Michèle Richard : « Qu’on en parle en bien ou en mal, l’important c’est qu’on en parle! »